Jean Rémy Yama au Rond-point Démocratie@Gabonactu.com
Libreville, 28 aout (Gabonactu.com) – Les forces de police nationale ont arrêté plus d’une dizaine de fonctionnaires qui ont tenté, ce mardi, de faire la « marche noire » pour protester contre l’application par le gouvernement, des mesures dites d’austérité, a constaté un reporter de Gabonactu.com
Le président de Dynamique unitaire, Jean Rémy Yama qui est arrivé quelques instants après, a dénoncé ces arrestations et appelé à leur libération immédiate.
La veille, le ministre de l’Intérieur, Noël Lambert Matha a, dans une brève apparition, annoncé que la marche noire n’aura pas lieu.
« La marche projetée par la Confédération Syndicale Dynamique Unitaire et compagnie pour se tenir le mardi 28 août 2018, n’a pas reçu l’autorisation des services compétents en la matière. Par conséquent, cette marche n’aura pas lieu », avait-il annoncé.
Le 13 août dernier, les organisateurs avaient prévu qu’ils marcheront « avec ou sans autorisation » du gouvernement. Jean Remy Yama, leader de ce mouvement avait averti que les fonctionnaires sont prêts à engager un bras de fer avec le pouvoir.
Le ministre de l’Intérieur avait refusé d’autoriser la même marche qui aurait eu lieu le 13 août dernier. Il avait expliqué que les demandeurs devaient attendre les conclusions de la Cour constitutionnelle saisie par eux pour obtenir l’annulation des mesures d’austérité à l’origine de la colère des syndicats.
Ces derniers ont appelé les fonctionnaires gabonais à marcher ce mardi avec un bandeau noir et un pain à la main du Rond-point de la démocratie jusqu’à la primature. La marche est dite noire parce qu’elle symbolise la misère dans laquelle le gouvernement veut plonger les fonctionnaires, selon les organisateurs.
Les syndicats protestent aussi contre la suspension des recrutements durant 3 ans, la suspension des avancements et des reclassements durant 3 ans, la suspension des concours professionnels durant 3 ans et l’augmentation de certaines taxes qui fragilisent le panier de la ménagère.
L’Etat gabonais, qui compte plus de 105 000 fonctionnaires, veut faire passer la masse salariale du public à 400 milliards de FCFA dans 3 ans contre 720 milliards de FCFA actuellement.
Outre les mesures qui touchent directement les travailleurs, le gouvernement s’est aussi auto-imposé, une véritable cure d’amaigrissement. La présidence de la République a limogé 40% des agents du cabinet présidentiel. Tous les ministères ont fait au tant. Les voyages en classe affaire sont interdits, sauf pour les ministres. L’achat de véhicules de grand luxe aussi.
Cependant, de nombreux acteurs publics estiment que cette cure d’amaigrissement n’aurait véritablement de sens que si le gouvernement avait été « immédiatement » réduit de moitié tel qu’annoncé par le conseil des ministres du 21 juin, si le nombre de députés avait été réduit à la baisse, si les nombreuses agences budgétivores avaient été fermées, si le Sénat, la vice-présidence avaient été supprimés, si le nombre de mairies et de conseils départementaux avaient été revu à la baisse et si les hommes en armes qui font la moitié de l’effectif des fonctionnaires avaient été concernés par ces mesures qualifiées de liberticide.
Il est inconcevable, disent-ils enfin, que l’effort national de redressement ne puisse concerner que les plus faibles, mais pas les plus forts.
« Comment comprendre que plusieurs milliards de FCFA ont été dépensé pour offrir des spectacles de danses sur toute l’étendue du territoire alors que de nombreux compatriotes attendent plusieurs mois de salaires impayés ou la liquidation de leurs droits après des licenciements abusifs ? », s’est interrogé avec dépit l’un de ces acteurs publics.
Précieux Koumba