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Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Les juristes africains, mandatés par l’Union africaine, auprès de la Cour constitutionnelle gabonaise qui vidait le contentieux électoral né du scrutin présidentiel du 27 août dernier, avaient dans un prérapport cité par Radio France internationale (RFI) émis des doutes sur les procès verbaux venus de la province du Haut Ogooué.
Ce prérapport compte 3 pages à peine. Il n’en est pas moins embarrassant pour le pouvoir. En effet, les procès-verbaux du Haut-Ogooué sont présentés comme « invraisemblables ». Ils sont décrits comme « si bien rédigés, ordonnés », avec une « coïncidence entre le nombre d’inscrits, celui des suffrages exprimés et leur attribution quasi totale à un seul candidat ».
Selon le document, les procès-verbaux sont « clairement établis, conformément aux textes ». Leur « lisibilité est si nette qu’ils ne peuvent que susciter des interrogations ». Bref, les PV du Haut-Ogooué sont tellement parfaits qu’ils en éveillent les soupçons.
Par contre, pour les autres provinces, les observateurs écrivent avoir vu des exemplaires « mal remplis, non signés, incomplets ou encore surchargés ». Des anomalies « qu’on retrouve dans la majorité des pays », dit le document. Le Haut-Ogooué est donc présenté comme une exception douteuse.
« Interrogations » à Libreville
A Libreville aussi, certains PV suscitent « des interrogations », vu « leur rédaction, leur présentation et l’orientation bien particulière des résultats contenus ». Le rapport n’en dit pas plus. En tout cas, les observateurs disent qu’à part les PV visés par des observations pertinentes, ceux qu’ils ont examinés « laissent apparaître une constante avance de Jean Ping sur Ali Bongo ».
En conclusion, ils demandent de différer la proclamation des résultats, « vu les risques d’implosion sociale très élevés », disent les observateurs. Une recommandation qui n’avait pas été suivie.
Réactions dans le pays
Ces révélations suscitent des réactions côté pouvoir et opposition. Pour rappel, il y avait deux types de PV : ceux de la Commission électorale, la Cénap, dont parle le prérapport et ceux de l’opposition qui, d’après elle, donnaient Jean Ping vainqueur. Pour Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, porte-parole de l’opposant, ce prérapport explique pourquoi les juges constitutionnels avaient refusé de comparer les deux groupes de PV. Selon lui, la Cour savait très bien que ceux de la Cénap étaient faux. Il accuse aussi l’Union africaine d’avoir enterré ce document et d’aider au maintien des dictateurs alors que le président de l’UA, le Tchadien Idriss Déby, était venu à Libreville fin octobre pour féliciter Ali Bongo.
Côté pouvoir, on juge ce prérapport non crédible. Pour Francis Nkéa, ministre des Relations avec les institutions constitutionnelles, il s’agit d’un « brouillon sans valeur juridique, et qui peut avoir été fabriqué, manipulé ». Sur le fond, il estime que les juristes de l’UA ne peuvent pas reprocher leur perfection aux PV du Haut-Ogooué. Au contraire, « ils devraient s’en contenter, et même féliciter les scrutateurs ». Il conclut que de toute façon, cette affaire est derrière nous et que la Cour a statué. Actuellement, l’opposition a quand même déposé une requête en révision.
Source : rfi.fr