Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Jean Remy Yama, président de Dynamique unitaire, plus grand syndicat des fonctionnaires gabonais, sorti jeudi de prison après 3 mois d’incarcération persiste et signe : « le combat continu », a-t-il déclaré dans un entretien exclusif à Gabonactu.com
« Je suis revenu 10 fois plus fort qu’avant », a-t-il déclaré la voix encore faible mais le moral très haut. « Le combat pour la démocratie et la liberté continu », a-t-il insisté.
Le syndicaliste a effectué sa première sortie publique au siège de Dynamique unitaire à Awendje dans le 3ème arrondissement. Toujours immense, Jean Remy Yama porte une barbe dense, des cheveux enroulés, le teint noir… signe que durant sa longue détention qui a durée 89 jours, le syndicaliste ne s’est pas rasé tout comme utilisé des produits d’entretien du corps.
« Mes conditions de détention étaient acceptables », admet-il avant de dénoncer avec véhémence son chef d’inculpation. « Je n’ai jamais lancé des cailloux contre des policiers. Il n’y a aucune preuve. Aucune preuve n’existe. Aucune preuve ne m’a été présentée même durant l’instruction », a-t-il réfuté.
« Si des telles preuves existaient, elles auraient été diffusées en boucle sur certaines chaînes de télévision de la place », a supposé le syndicat précisant que « lancer des cailloux contre des policiers ne fait pas partie de nos méthodes ».
Jean Remy Yama demande avec insistance de passer devant la barre pour que toute la vérité soit dite et les responsabilités établies pour ses 89 jours de détention. « Il faut que cette affaire soit jugée au fonds », urge-t-il.
Le leader dit ne pas être fier d’être sorti de prison sans ses deux autres collègues syndicalistes. « Ils ont été arrêté simplement parce qu’ils sont syndicalistes. Je m’associe à tous les camarades pour exiger leur libération sans condition », a-t-il dit.
« Ce 9 juillet, nous étions 24 personnes interpellées. 11 ont été libérées. 13 restent en prison. Elles doivent tous être libérées », cogne celui qui s’est toujours considéré comme un prisonnier politique. « On m’a coffré à cause de mes idées », ajoute-t-il.
Peu avant son incarcération, M. Yama a créé un mouvement citoyen qu’il avait baptisé « Les témoins actifs ». Le mouvement souhaitait former 9 000 observateurs pour veiller à la transparence de l’élection présidentielle du 27 aout dernier. « Cela a profondément dérangé le pouvoir », a-t-il supposé.
En définitive, Jean Remy Yama s’inscrit dans la logique de ses camarades qui exigent la libération de tous les syndicalistes avant la rentrée scolaire. En plus de cette revendication, ils ajoutent le paiement de diverses primes et avantages.
Si ces conditions ne sont pas satisfaites, les syndicalistes promettent faire ça dur au pouvoir.
Martin Safou