Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Jean Ping, ancien enfant gâté de la République a passé une demi-journée dans les locaux de la Police judiciaire (PJ) où il a été très longuement entendu dans l’affaire de l’attaque de son domicile par des loubars le 12 janvier dernier.
Costume et cravate impeccablement ajustés, Jean Ping s’est présenté devant le siège de la PJ en compagnie de plusieurs leaders du Front de l’opposition pour l’alternance dont Zacharie Myboto, Jean Eyeghe Ndong, Casimir Oyé Mba, Jean Ntoutoume Ngoua, Philibert Andjembe, Fulbert Mayombo… et une très bonne brochette de militants et surtout des membres de la communauté Omyéné dont il est l’un des cadres.
Le cortège a été stoppé à l’entrée de la PJ. Les agents de sécurité ont laissé entrer Ping avec Jean De Dieu Moukagni Iwangou, magistrat passé à l’opposition et son aide de camp. Il est alors 14 heures. Avant d’entrer, Ping confie à la presse qu’il n’a pas peur.
Quand le portail se referme, il est à peine 14 heures. Une très longue attente commence. Tous les cadres du Front de l’opposition patientent debout mais au bout d’une heure, le poids de l’âge aidant, chacun cherche à s’accrocher quelque part. Le soleil ardent suscite aussi l’envie de manger et boire.
Les mythiques leaders du Front achètent des petits sachets de cacahouètes qu’ils se partagent. Des petits paquets de biscuit de 300 FCFA aussi. Ils cassent la croute et coupent la faim en public. L’ambiance est bon enfant.
A mesure que le soleil décline, l’inquiétude commence à grandir. Ping ne vient pas. Les militants et les autres cadres du parti n’ont aucune nouvelle. Dans la foule, il y a un enfant de Jean Ping. Il ne se mêle pas vraiment aux autres, sauf à ses amis à lui. Il semble un peu éloigné, effacé dans ce milieu brouillon qui n’est certainement pas le sien. L’adolescent a passé la journée avec une grande bouteille d’eau minérale qui a vraiment été utile pour cette dure épreuve de nerfs.
A 18 heures dans la cour de la PJ, les SRS s’équipent, resserrent les rangers et les boucliers. Tout le monde pense que Ping est sur le point de sortir mais rien. Un sentiment de peur gagne ses partisans qui ne croient plus à une sortie rapide de leur champion. A cet instant, que quelques fanatiques laissent croire que Ping sera inculpé et incarcéré.
Quelques militants craquent. Ils sont suivis par un, deux, trois ou quatre autres. Ils chargent de quolibets les jeunes policiers qui montent la garde. Ces sont imperturbables. Leur sans froids décourage les jeunes en colère qui se fatiguent d’eux mêmes.
C’est finalement à 19 h 40 que Ping apparait libre sur une fenêtre du 2ème étage du siège de la PJ. C’est la clameur. Il sort libre, en compagnie de son avocat Me Jean Paul Moumbembé.
En ce moment, Ping est le héro. Tout le monde veut le toucher mais surtout l’entendre. Lui par contre ne veut pas parler. « Pas maintenant », hurle-t-il au grand désarroi des journalistes qui ont attendu une demi-journée sous la chaleur sans manger.
La foule se sépare sans savoir ce qui s’est dit et ce qui s’est passé dans les locaux de la PJ.
Martin Safou