Didjob Divungi Di Ndinge fermant la page de la majorité présidentielle@gabonactu.com
Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Didjob Divungui Di Ndinge, ancien vice-président de la présidence de la République a, dans une longue déclaration samedi à Libreville qu’il intègre « Le Front de l’opposition pour l’alternance » qui ne pourrait pas, jamais trahir ses ambitions pour un Gabon meilleur.
Voici l’intégralité de la déclaration historique :
Après la disparition le 08 juin 2009, du Président Omar BONGO ONDIMBA, qui a présidé aux destinées de notre pays pendant 42 ans, et après le deuil national que tout le peuple gabonais a vécu avec une réelle tristesse et une vive émotion, le souvenir de nombreuses années d’une franche collaboration, le respect de sa mémoire et la décence, m’ont personnellement commandé d’observer un certain repli.
Un repli que beaucoup de compatriotes ont noté depuis cinq ans et qui suscite de nombreuses interrogations.
Un repli que l’on pouvait déjà subodorer dès le 21 juillet 2009, lorsque j’avais pris la décision de ne pas me présenter à l’élection présidentielle anticipée du 30 août de la même année.
Cette décision, dictée certes par des facteurs objectifs susceptibles à l’évidence, de pénaliser ma candidature, privilégiait aussi et surtout, l’intérêt supérieur de notre pays, à un moment crucial de son histoire.
En effet, et comme je l’avais dit à cette occasion:
« J’entendais ainsi contribuer à ma manière, à préserver la clarté du jeu politique, alors que s’exacerbaient déjà les tensions induites essentiellement par les délais trop courts d’organisation de cette élection anticipée, la pléthore de candidatures, les intrigues politiciennes et les alliances interlopes sur fond de replis identitaires ou de sauvegarde d’intérêts singuliers ».
Un repli justifié par l’exigence de sagesse, qui m’invitait à accorder, comme beaucoup de nos compatriotes, une période d’observation assortie du bénéfice du doute à
Monsieur Ali Bongo Ondimba qui, à la suite d’une élection dont les résultats sont toujours contestés à ce jour, assume depuis le 16 Octobre 2009, la lourde charge de Président de la République.
Un repli que justifie aussi la même exigence de sagesse, qui me commandait d’observer la nouvelle opposition gabonaise quant à son ambition et à ses motivations et d’observer également, l’évolution de notre société, ses nouvelles aspirations et sa détermination à prendre en main son destin.
Un repli qui s’explique enfin par l’exigence que m’imposaient mes responsabilités de Président de mon parti, l’Alliance Démocratique et Républicaine ( ADERE )jusqu’en 2012, et notamment d’apporter à celui-ci, dans la sérénité, une solution à la crise qu’il traverse depuis 2009.
J’ai pris du temps, certainement trop de temps. En sollicitant l’indulgence de ceux des compatriotes qui me le reprocheraient, je voudrais simplement dire ici, que je tire un grand profit de ce repli.
Le constat que j’ai été ainsi amené à faire, de l’état de la Nation, fonde plus que jamais mes convictions de toujours et à partir de ce jour, le sens de mon nouveau combat pourle Gabon.4
Chers compatriotes,
À ce stade de mon propos, il m’importe de rappeler, qu’à divers titres et fonctions, j’ai eu à assumer jusqu’en 2009, des responsabilités professionnelles et politiques pendant plusieurs années, au service de mon pays. Je pense l’avoir servi avec loyauté.
Et l’honnêteté intellectuelle me condamne aujourd’hui encore, à assumer également, la part de responsabilité qui m’incombe jusqu’en 2009, dans ce que nous avons ensemble, fait de notre pays durant m a vie active.
Une part de responsabilité que toutes celles et tous ceux des compatriotes qui ont, peu ou prou, suivi mon modeste parcours, sauront pondérer objectivement, je l’espère.
Ce que je souhaite donc vous partager à cet instant ne constitue nullement, un procès à charge que j’intenterais à l’endroit de quiconque pourrait se sentir visé, encore moins un procès post mortem, à l’endroit de ceux qui nous ont quittés.
Chers Compatriotes,
À sa mort en 2009, le Président Omar BONGO ONDIMBA nous laisse un pays stable et en paix; une stabilité et une paix acquises à la faveur d’une pratique constante du dialogue, de la tolérance, du pardon et d’une indéniable ouverture d’esprit.
Mais ce legs, aussi important soit-il, masquait des réalités contrastées.
AU PLAN POLITIQUE
Le pays s’est doté certes, d’une architecture institutionnelle moderne en théorie, même si elle reste mimétique.
Mais la pratique héritée de la période du parti unique, parti- État, nourrie essentiellement depuis 1990 par l’obsession de la conservation du pouvoir, révèle en réalité un système de pouvoir héliocentrique, prébendier et féodal, qui repose fondamentalement sur deux piliers.
Le premier, qui a régulièrement emporté l’adhésion du corps social comme mode de fonctionnement vertueux, puisque facteur de stabilité, a consisté à assurer le partage des responsabilités politiques et administratives moyennant une sélection clientéliste des élites.
Cependant ce mécanisme, profondément contraire aux valeurs républicaines a toujours comporté les germes d’une ségrégation communautaire, porteuse d’exclusion, d’inefficacité, d’irresponsabilité, d’injustice et de frustration.
Le second pilier était fondé sur un système, réputé également vertueux, de prédation et de redistribution de la « manne » financière par le canal politico-ethno-tribal, sensé « corriger » les inégalités multiformes résultant des dysfonctionnements institutionnels.
Ainsi, les ressources captées par les ressortissants d’une province dans l’exercice de leurs charges politiques ou administratives devaient être « investies » ou redistribuées principalement dans leur province d’origine, dans l’illusion de faire reculer la pauvreté.
Les résultats de cette pratique ont manifestement démontré l’inanité de cette approche.
Chers Compatriotes,
Le 21 Juillet 2009, dans ma déclaration rappelée au début de mon propos, je m’étais permis d’esquisser à grands traits, le profil du Président de la République que nous devions élire le 30 Août de la même année, ainsi qu’un aperçu des attentes de nos compatriotes à l’époque, je cite : « La charge présidentielle, au niveau d’un État est perçue par tous et méconnue de tous. Nous devons nous garder d’en réduire les exigences aux apparences. La fonction suprême à la tête de l’Etat est contraignante. Elle exige pour première qualité l’Amour de la patrie. Servie par une volonté ferme, elle postule la vision de réaliser le bien-être au profit de tous. L’exercice du pouvoir suprême impose: humilité, écoute de tous, discernement, tolérance, patience et sagesse; vertus que seuls le temps et la connaissance intime de son pays et de ses concitoyens, permettent d’acquérir. C’est pourquoi les hommes d’Etat sont ce qu’ils sont, si peu semblables aux communs des citoyens.
Et j’ajoutais : Aujourd’hui plus que jamais, notre peuple exige la démocratie certes, mais aussi et surtout la paix, l’unité, la justice sociale, un mieux-vivre et la sécurité pour tous. C’est l’Etat impartial et au service de tous que notre peuple attend. Il rejette désormais l’Etat aveugle et autiste.7 Il récuse une administration arrogante et peu soucieuse du véritable service public: une administration qui foule au pied l’intérêt général, une administration qui emprunte régulièrement les chemins tortueux du tribalisme, une administration qui nie les droits de certains et les promesses de la République.
Nos compatriotes nourrissent une nouvelle espérance, l’espérance d’une vie meilleure, dans un Gabon nouveau où chacun trouvera sa place et la réalisation de ses légitimes aspirations ». Fin de citation.
Chers compatriotes,
En 2009, lorsque Monsieur Ali Bongo Ondimba accède à la magistrature suprême, nous étions en droit de nourrir l’espoir d’un véritable changement, au niveau de la gouvernance du pays.
Je suis malheureusement convaincu aujourd’hui, comme beaucoup de compatriotes:
– qu’aussi bien dans l’idée qu’il se fait de sa charge, qu’au niveau de l’exercice de celle-ci, Monsieur Ali BongoOndimba, a résolument décidé de prendre le contre-pied du profil, pourtant sommaire, que je venais de rappeler ;
– que les deux piliers évoqués précédemment, même s’il s’ingénie à les maquiller par la magie du verbe, de l’image et de la communication, constituent pourl’essentiel, le seul héritage dont il a manifestement du mal à se défaire dans sa pratique politique, depuis cinq ans.
En effet, l’exercice empreint de népotisme et passablement monocratique, autoritaire et arrogant du pouvoir par l’institution Président de la République, confirme son caractère héliocentrique.
Le choix des hommes n’obéit toujours pas au souci de garantir l’intérêt général. Malgré les intentions affichées, la sélection clientéliste des élites a survécu et s’est même enrichie d’une sélection générationnelle orientée, pour assurer le renouvellement d’une classe dirigeante, toujours issue depuis vingt quatre ans, du même Parti, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) et occasionnellement, de la même majorité.
La dissolution de l’Union Nationale, principal parti de l’opposition, l’exclusion de la vie publique de nombreux citoyens, jouissant de tous leurs droits et pour certains d’entre eux, la suppression de leurs salaires, constituent des violations flagrantes de notre Constitution et des dispositions pertinentes de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance ainsi que de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
L’indépendance des pouvoirs Exécutif, Législatif et Judiciaire est devenue quasiment virtuelle.9
Les Agences et les sociétés étatiques ou para-étatiques qui ont été créées, au lieu d’être les organes d’exécution des politiques sectorielles du Gouvernement, relèvent de la Présidence de la République, qui s’implique ainsi directement, dans la conduite de la politique de la Nation, au lieu qu’elle en assure l’arbitrage dans le cadre du fonctionnement régulier des pouvoirs publics, conformément à la Constitution.
Et dans ces conditions, les Ministres, comme disait le Général De Gaulle, n’assurent plus que « la figuration exécutive du moment ».
Des élections moins libres, moins transparentes et moins crédibles, encadrées désormais par des textes législatifs et réglementaires particulièrement restrictifs et des institutions qualifiées, aux ordres, ont vidé les deux chambres du Parlement de toute représentation significative de l’opposition et donc de tous débats démocratiques, les confinant quasiment au rôle d’officines d’enregistrement.
C’est ainsi par exemple que depuis 2010, les Lois de finances sont votées alors que les Lois de règlement des exercices antérieurs ne sont pas préalablement sanctionnées par un vote de la Représentation nationale.
De même les comptes publics de l’Etat ne sont pas validés par la Cour des comptes depuis quatre ans.
Les mécanismes fondamentaux du jeu parlementaire que sont, les motions de censure, le droit d’amendement, les commissions d’enquête, les commissions de contrôle ne sont que formels, voire mimétiques.
La politisation et la corruption plus accentuées de la Justice, le manque de liberté et de moyens des juridictions, ne permettent toujours pas au Pouvoir judiciaire, de remplir sa mission en toute indépendance.
L’insécurité des personnes et des biens, la criminalité multiforme, la dépravation tolérée, voire entretenue des mœurs, l’application discriminée de la loi, achèvent de donner à notre pays, quasiment l’image d’un pays mafieux.
Plus que par le passé, les procédures judiciaires et les conditions de contrôle et d’interpellation des citoyens n’observent toujours pas l’exigence de courtoisie ou l’interdiction d’humilier, de maltraiter, ou de torturer.
On relève régulièrement, plus que par le passé :
– de graves atteintes à la liberté de la presse, à la liberté d’opinion, aux libertés d’association, de réunion ou de circulation ;
– des interdictions ou des obstructions de plus en plus flagrantes à l’endroit des partis politiques de l’opposition, d’aller à la rencontre des populations ou de tenir leurs meetings dans les lieux publics ;
– La pratique d’investigations inopinées, d’écoutes téléphoniques et d’interceptions de messageries électroniques, opérées en l’absence d’un cadre législatif et réglementaire approprié.
Toutes ces pratiques, aux antipodes de celles d’un État de droit, font aujourd’hui du Gabon, l’un des pays les plus policiers du Continent et où le règne de l’arbitraire est quasiment institutionnalisé.
Les recrutements de mercenaires ou de nervis dans des sociétés de gardiennage aux ordres, voire dans les forces de sécurité et de défense, exacerbent les inquiétudes de nos concitoyens et font redouter un embrasement, à l’image des affres que vivent d’autres pays du continent et au-delà.
Ainsi, le non respect de plus en plus avéré des valeurs républicaines ruinent, chaque jour davantage, la crédibilité de l’Etat et l’efficacité de l’action publique.
AU PLAN ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
Jusqu’en 2009 : Les progrès enregistrés par notre pays étaient incontestables. Les investissements ont cru, le pays a connu un accroissement réel et substantiel de son produit intérieur brut (PIB).
Cependant une véritable économie de marché reposant sur un modèle de croissance auto entretenue n’avait toujours pas vu le jour.
La confusion du monde politico-administratif avec le monde des affaires limitait encore l’attrait des capitaux et le jeu concurrentiel, comme elle entravait la liberté d’entreprise et inhibait les aptitudes du marché à produire des biens et services de qualité, pouvant soutenir la concurrence sur les marchés.
La question du capital investi dans l’économie demeurait centrale. Le capital étant pour l’essentiel de source étrangère, la répartition des fruits de la croissance entre le capital, le travail et la collectivité demeurait problématique ; la part la plus significative de la richesse créée n’étant pas réinvestie dans le développement du pays, mais rapatriée vers divers horizons.
Par ailleurs et malgré les nombreux atouts naturels et multiformes dont il a toujours disposés, notre pays présentait encore de lourdes pesanteurs pour devenir une véritable terre d’accueil des investissements directs étrangers.
De surcroît, les entraves administratives et notamment le non-respect de la réglementation du travail et l’application laxiste du droit des affaires, tout comme, le coût des facteurs, l’étroitesse du marché intérieur, les difficultés d’accès aux crédits, leur inadaptation structurelle aux spécificités des différents secteurs économiques, le développement de l’économie informelle et la corruption, constituaient encore jusqu’en 2009, des obstacles à l’émergence d’une économie moderne susceptible de soutenir le développement du pays.
L’offre rudimentaire en infrastructures de qualité, tous secteurs confondus, tant en milieu urbain qu’en zone rurale, donnait encore à cette date, la mesure du sous développement collectif du pays, même si son potentiel le situait naturellement, sur le chemin d’un développement harmonieux, durable et équitable.
Sur le front social jusqu’en 2009, le tableau était encore plus révélateur du modèle de développement de notre pays.
L’exceptionnel potentiel économique ainsi que la très faible démographie contrastaient visiblement avec la situation socio-économique.
L’indice de développement humain situait en effet le Gabon au 103eme rang mondial, alors que les questions épineuses du chômage, de l’accès aux soins les plus élémentaires de santé, de l’accès à l’éducation, à la formation, au logement, à la propriété foncière, à la culture, demeuraient encore sans réponses durables et satisfaisantes.
Le modèle empirique choisi n’avait manifestement pas su apporter les réponses appropriées, à l’offre politique tout aussi empirique qui lui avait donné naissance et n’était pas parvenu à créer, les conditions d’une prospérité partagée, conformément à l’engagement fondamental du contrat social.
Chers Compatriotes,
Dès 2009 avec Monsieur Ali Bongo Ondimba, nous pouvions légitimement nous attendre à une nouvelle vision du développement économique du pays, ainsi qu’à une nouvelle approche et une nouvelle ambition du mieux-vivre pour le peuple gabonais.
Il est vrai que les promesses claironnées pendant la campagne de 2009, sur la base de son projet « L’Avenir en confiance » ont été enrichies par » le Plan Stratégique Gabon Émergent » et de nombreuses initiatives ostensiblement coûteuses.
Je voudrais simplement me permettre de faire quelques observations, à propos du Plan, ce plan qui a été commandé par Monsieur Ali Bongo Ondimba à un Cabinet Conseil.
D’abord au plan conceptuel, ce Plan se caractérise par deux faiblesses: d’une part, il ne constitue qu’une compilation de politiques sectorielles quasi standardisées, qui n’intègre pas de manière explicite les spécificités de notre pays et d’autre part, il ressemble ainsi à s’y méprendre, à des plans similaires proposés par le même Cabinet, à d’autres pays de la sous-région.
Il pêche ainsi par une absence d’originalité et d’adaptation contextuelle aux réalités locales et il semble par ailleurs occulter la nécessaire synergie avec les préconisations stratégiques de la Commission Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC).
Les actions envisagées dans ce Plan sont formulées de manière très générale et chaque action renvoie de ce fait à l’élaboration d’un projet avec pour corollaire, des coûts additionnels
Au demeurant, ce Plan pose apparemment un problème de cohérence. En effet sa conception ainsi que sa réalisation ne tiennent pas compte des actions programmées en parallèle, par d’autres entités institutionnelles émanant de l’Etat. Nous en voulons pour preuve, celles prévues par exemple par l’Agence Nationale des Grands Travaux dans le Schéma Directeur National des Infrastructures.
En outre, les programmes d’actions, ne comportent, même de manière sommaire, aucune définition de priorités, aucun calendrier d’exécution, aucune évaluation financière, aucune orientation en matière de financement, susceptibles de rendre ce Plan quelque peu crédible auprès des bailleurs de fonds et autres partenaires privés ou institutionnels qui auraient pu s’y intéresser.
Il n’est donc pas étonnant que des projets, comme tirés à la loterie, soient lancés sans prendre en compte les attentes prioritaires des gabonais.
Le projet de la Marina, tout comme celui envisagé dans l’enceinte de la Cité de la Démocratie, sont à ce titre, suffisamment éloquents.
Comme l’est du reste le Forum organisé récemment aux fins d’élaborer une Stratégie pour l’industrialisation du Gabon, sans qu’ait été, à tout le moins, intégrée, la problématique de la fourniture de l’électricité et de l’eau, aux potentielles industries.
Au final, beaucoup d’études ont été faites ou sont en cours, alors même que les priorités n’ont toujours pas été définies et que d’importantes sommes d’argent sont dépensées chaque année, à cet effet.
Même si l’honnêteté intellectuelle nous commande de noter dans le cadre strict de cette nouvelle vision, le saupoudrage, ici et là, de quelques réalisations symboliques: tronçons de route, École Militaire, pont…, cette vision ne sert, pour l’essentiel, que de substrat à l’imagination féconde et aux discours fumeux des thuriféraires chargés « d’envouter » le peuple gabonais d’une sublime illusion, à l’image des maquettes en 3D qui ornent désormais Libreville et d’autres localités du pays.
Il est manifestement clair, à propos de ce Plan, qu’une démarche plus rationnelle, s’inscrivant nécessairement dans un cadre de concertation approprié, avec tous les acteurs qualifiés, dans une vision moins chimérique du développement du pays et avec le souci d’une plus grande efficacité de la dépense, aurait permis de réaliser certains projets structurants et prioritaires, et de répondre progressivement, aux attentes existentielles des gabonais.
Il est donc naturellement illusoire de penser que dans cet esprit, des réponses concrètes, en lieu et place des promesses sans lendemain, puissent être apportées, à ces attentes, d’ici 2016. Des promesses, sans lendemain, insidieusement assorties des « dons rituels » de la
« République des dons » qu’ont repris à » égrener » à la faveur de tournées provinciales « préélectorales », les « Chargés de missions » aux ordres.
Chers Compatriotes,
Pendant que le peuple gabonais est ainsi victime, depuis cinq ans, d’une véritable supercherie, ces errements et ces dérives ont atteint leur paroxysme en matière notamment de gestion des Finances publiques.
Ainsi, les textes qui encadrent l’élaboration et l’exécution du Budget ne sont pas respectés. A titre d’exemple, en 2014, il a été décidé, sur la base du Rapport Mc Kinsey, l’élaboration d’une Loi de Finances rectificative avant même que la Loi de Finances initiale n’ait connu un début d’exécution. La suite, nous la connaissons…
Les budgets, régulièrement élaborés avec des hypothèses artificielles et hasardeuses, souvent surévalués pour répondre à des besoins d’image et de communication, conduisent indéniablement à des Lois de finances rectificatives devenues systématiques. Et celles-ci se traduisent invariablement par des crédits à la baisse en cours d’année.
Ces errements entraînent bien évidemment, des difficultés de fonctionnement pour nos administrations. Comme ils induisent de nombreux désagréments à l’endroit des institutions financières, avec le non respect des engagements.
Au niveau des opérateurs économiques, le non paiement des prestations, les difficultés de trésorerie, les arrêts ou l’hibernation des chantiers, aussi bien d’infrastructures, d’équipements sociaux et même d’équipements de prestige ont pour corollaires, les faillites et le chômage regrettable de nombreux compatriotes.
De même, l’insécurité juridique, due au non respect des contrats signés ou à leur modification unilatérale, sans compensation, a conduit nombre d’opérateurs économiques au départ, en bradant parfois leurs actifs.
Le Gabon est ainsi devenu, le pays le plus mauvais payeur de la zone CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale). Il recourt, de plus en plus à des emprunts dont les affectations et les utilisations réelles sont sujettes à caution.
Et cette gabegie généralisée dissuade les opérateurs économiques et augmente le risque pays.
En l’absence notoire de données budgétaires fiables, de procédures transparentes, d’instruments budgétaires éprouvés, le contrôle budgétaire n’est que formel.
La falsification des statistiques et des données économiques ainsi que la légèreté de la politique et de la pratique budgétaires ont une incidence désastreuse non seulement au regard de la crédibilité et de l’efficacité de l’action publique, mais également au niveau de l’économie et de la croissance de notre pays.
Au surplus, le secteur privé continue à faire face à des procédures complexes d’octroi de licences, d’autorisations d’agréments ainsi qu’à des procédures de contrôles souvent inopportunes et pour le moins douteuses qui cachent mal le développement d’une corruption généralisée.
Le secteur informel continue à se développer sans qu’il ne soit envisagé à ce jour, la mise en place de réglementations et de mécanismes à même de réduire progressivement la part relative de ce secteur dans l’économie du pays.
La politique d’autosuffisance alimentaire, véritable « clé de voûte » de tout développement d’un pays, est devenue une arlésienne et ne sert qu’à alimenter les thèmes des discours destinés à abuser de nos compatriotes, pour mieux masquer la collusion frauduleuse avec les importateurs en tous genres et de toutes origines, qui nourrissent près de 90% de la population de notre pays, moyennant d’exorbitantes sorties de devises.
La croissance actuelle, qui se situe en moyenne entre 5 et 6% de 2010 à 2013,et qui est régulièrement présentée comme l’une des performances phares du pouvoir, n’est tirée en réalité, que par les cours des matières premières qu’exporte le pays.
Le pétrole, le manganèse et le bois représentent encore, à eux seuls, en 2014, 97% de nos exportations. Mais la production pétrolière qui est passée de 12,100 millions tonnes en 2011, à 11,300 millions tonnes en 2013, devrait chuter de moitié dans dix ans. Associée aux fluctuations des cours, la chute de la production pétrolière entraînera inéluctablement à court terme, et probablement à moyen et long termes, une baisse significative des recettes budgétaires correspondantes, s’il n’y a aucune découverte majeure d’ici là.
Et depuis cinq ans, malgré quelques initiatives, qui par leur évidente impréparation et les résultats enregistrés à ce jour, donnent la nette impression de leur improvisation, les prémices rassurants de la nécessaire diversification de notre économie, seule à même de créer plus de richesses et d’emplois à long terme, ne sont toujours pas visibles.
Au plan social depuis 2009, le tableau est chaque jour plus sombre.
Les hôpitaux manquent de tout: personnels, médicaments, lits, eau potable…Les femmes à terme se libèrent à même le sol des couloirs des rares maternités encore fréquentables ou simplement des centres hospitaliers ou autres dispensaires. Les personnels sont au bord du désespoir, un désespoir qui n’a d’exutoire que les grèves à répétition.21
Alors que pendant le même temps, les gouvernements qui se relaient, continuent à construire des hôpitaux ou des centres hospitaliers universitaires (CHU) modernes, sans chercher à résoudre au préalable ou concomitamment, la problématique du personnel qualifié et des moyens nécessaires à un fonctionnement efficient de ces structures; sans envisager de remettre à niveau et d’améliorer le fonctionnement des hôpitaux de référence qui existent dans chaque province et qui avaient vocation à rapprocher des populations, l’offre de soins, à l’intérieur du pays.
Dès lors, on ne peut être surpris de constater que ces hôpitaux, régulièrement désertés par les malades, soient devenus de véritables mouroirs.
L’insalubrité structurelle , l’assainissement rudimentaire des espaces de vie, les fournitures d’eau potable et d’électricité, devenues séquentielles, l’habitat resté très sommaire pour la majorité des compatriotes, en raison du déficit toujours croissant en logements sociaux, aggravé depuis 2009 par les promesses non tenues de construction de 5000 logements par an, constituent à travers le territoire national, des terreaux particulièrement propices au développement des maladies endémiques, à l’instar du paludisme, qui continue à décimer nombre de nos enfants.
Le système scolaire de notre pays est paralysé: 30% des élèves sortent du système sans qualification réelle, tandis que 60% échouent durant leur premier cycle universitaire.
L’école publique, autrefois berceau d’un enseignement de qualité et moyen le plus noble d’accéder par le mérite à la réussite sociale n’est plus que l’ombre d’elle même.
Les Actes de nombreux États Généraux de l’Education croupissent dans les placards des bureaux. Les réformes deviennent la marque de fabrique de nombre de ceux qui ont eu à diriger le département ministériel en charge de l’éducation. Les conditions de travail laissent à désirer. Les salles de classes sont surchargées. Les vocations d’enseignant deviennent exceptionnelles.
Pour tenter de masquer l’insuffisance chronique des salles de classes et des établissements, face à l’augmentation, des effectifs, les différents Gouvernements, en dépit de nombreuses promesses, n’ont recours qu’à l’idée « géniale » de transformer certains établissements initialement affectés au cycle primaire, en collèges ou lycées, aggravant ainsi la problématique de la scolarisation des enfants dans les établissements publics.
En pleine année scolaire ou universitaire, il ne se passe pas un trimestre sans que les enseignants ne manifestent contre leur gré, pour réclamer des salaires décents ou des moyens qui leur permettent d’exercer dignement leurs métiers.
À Libreville, comme à l’intérieur du pays, les apprenants passent plus de temps dans la rue que dans des salles de cours, lorsqu’ils ne sont pas embastillés sans jugement ou interpellés par des forces de l’ordre qui s’affranchissent allègrement et régulièrement des franchises universitaires pour « élire domicile » dans les campus.
Ainsi, et malgré des performances souvent aléatoires et des frais de scolarité hors de portée pour de nombreuses familles aux revenus modestes, l’école privée, dont nombre de promoteurs sont de surcroît, souvent des hauts cadres de la Nation, est devenue plus que jamais, d’année en année pour les parents, et ce au prix de sacrifices suicidaires, la seule voie de salut, souvent illusoire, pour leurs enfants.
Malgré les promesses réitérées de résorption progressive, le chômage, qui touche près de 30% de la population active, voire 40% des jeunes en âge de travailler, condamne ces jeunes à l’oisiveté, mère de tous les vices, et particulièrement les jeunes filles, à la prostitution à peine déguisée.
Le travail ne séduit plus. L’argent facile et la rente fascinent.
La culture du mérite ne fait plus recette. L’enrichissement immédiat et à tout prix, accroît la propension à la corruption et à toutes les dérives. Comble de l’abomination, le commerce manifestement lucratif des organes humains à des fins mystiques, prospère comme jamais auparavant. Et les crimes crapuleux qui l’accompagnent, plongent de nombreuses familles dans l’exaspération.
Les procédures judiciaires initiées essentiellement par ces familles et rarement par la puissance publique, n’établissent quasiment jamais, la matrice des responsabilités et ne servent que d’exutoire à une impunité « institutionnalisée » et pour cause…
L’endoctrinement éhonté et généralisé de la jeunesse et des élites du pays, moyennant l’appât de l’argent facile, le mirage des nominations fantaisistes dans l’administration et l’enrôlement dans des sectes de tous genres, ne sert souvent qu’à les embrigader pour la défense aveugle d’intérêts partisans, si ce n’est à couvrir des pratiques d’un autre âge et des déviances morales dégradantes.
On peut alors légitimement s’interroger sur la pertinence des conclusions de nombreux rapports et études réalisés par différents organismes ou institutions qui, depuis 2012, ne cessent de créditer le Gabon d’être sur le chemin de la bonne gouvernance.
Alors qu’en matière de développement humain, notre pays progresse en réalité, moins vite que d’autres, qui ont moins d’atouts. Car malgré l’évolution de son indice qui est passé de 0,662 en 2010 à 0,674 en 2014, le pays régresse dans la même période, du 93eme au 112eme rang mondial.
Alors que, certains de nos indicateurs sociaux nous alignent au rang des pays les moins avancés (PMA), bien que paradoxalement, le produit intérieur brut ( PIB ) par habitant, reste relativement élevé (~8 800 $ US ) et nous situe dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire (PRI).
Alors que l’Audit du Trésor public gabonais, réalisé à partir de Février 2014 a dévoilé un vaste système de détournements dont se seraient rendus coupables, depuis des années, de hauts cadres de la République et des Chefs d’entreprises.
Dans ce climat, la paix et la stabilité apparentes qu’on observe ne sont que la résultante d’une réserve encore contenue, trait culturel d’un peuple foncièrement pacifique, qui donne l’impression d’être « ivre d’un envoûtement collectif » mais qui, poussé dans ses derniers retranchements, n’hésitera pas à affronter la violence aveugle d’un appareil répressif, déjà programmé et aux ordres.
Chers Compatriotes,
Comme beaucoup de compatriotes, j’ai désormais pour ma part, l’intime conviction qu’en cinq ans, Monsieur Ali Bongo Ondimba a déjà ruiné toutes les chances d’une véritable transition.
Celle-là même qui aurait dû mettre un terme à un système archaïque et ouvrir la voie à la restauration des valeurs républicaines, à l’avènement d’une véritable démocratie représentative, à l’émergence d’un véritable État de droit, à l’exigence de la bonne gouvernance et à l’organisation d’un modèle structurant de développement économique, adapté aux spécificités de notre pays.
Comme beaucoup de compatriotes, j’observe pour ma part, que Monsieur Ali Bongo Ondimba a résolument emprunté la voie de la succession clanique et de la gouvernance oligarchique, qui amplifient pour le perpétuer, ce qu’avant lui, mais avec lui, l’ordre ancien avait malheureusement de
vil, en termes d’ostracismes, d’injustices, de discriminations multiformes, de brimades, de vexations, d’intrigues, d’intimidations ou de violences.
Comme beaucoup de compatriotes, je constate pour ma part, que la volonté de rupture affichée par Monsieur Ali Bongo Ondimba ne se traduit concrètement que par une détermination incompréhensible à faire table rase d’un passé dont il est pourtant solidairement comptable, y compris en s’attaquant honteusement au patrimoine historique de la Nation, à l’image de la destruction de la Cité de la Démocratie ou de l’hôpital Jeanne Ebori…
Comme beaucoup de compatriotes, je suis convaincu pour ma part, que la volonté affichée d’organiser une nouvelle administration du pays, visant les standards internationaux, ne se manifeste à l’évidence, qu’à travers la création de multiples Agences et sociétés étatiques ou para-étatiques.
Lesquelles Agences ou sociétés n’ont pour réelle vocation, que de mieux agencer la canalisation des ressources générées dans différents secteurs régaliens de l’Etat, afin d’en garantir l’appropriation et une gestion patrimoniale plus discrète.
Comme beaucoup de compatriotes, je me rends compte, que l’Etat est désormais obstinément autiste et incapable de discernement pour répondre aux attentes réelles et prioritaires des gabonais; qu’une partie de l’administration aux ordres est devenue arrogante, peu soucieuse du service public; que la trahison permanente du peuple et l’achat des consciences sont devenus les vertus les mieux partagées au sein de la classe dirigeante de notre pays.
Comme beaucoup de compatriotes, je note pour ma part, que le pays est visiblement pris en otage par de néogabonais qui ne le sont devenus, que pour se servir impunément et non pour servir le Gabon, notre pays.
Comme beaucoup de compatriotes, j’observe pour le déplorer, que seuls, l’ascension sociale sans paliers, la cupidité et l’enrichissement à tout prix, peuvent expliquer l’adhésion aveugle à l’occultisme, l’instrumentalisation à tout vent, la versatilité et la vocation politiques d’une certaine frange de nos concitoyens.
Comme pour beaucoup de compatriotes, il est désormais évident pour ma part, que le Pouvoir en place a délibérément, renié les valeurs supérieures qui sanctifient la dignité et la justice, subliment le travail et l’équité, prônent la solidarité et le partage réels, valeurs qui fondent, entre autres, la paix et la stabilité dans un pays.
Comme beaucoup de compatriotes, je relève que le développement du pays se réduit au développement du pouvoir de l’Etat, avec le renforcement de son emprise territoriale, dans l’optique inavouée de sa pérennisation.
Comme beaucoup de compatriotes, j’observe que le pouvoir politique ne communie désormais avec le peuple gabonais qu’à travers les symboliques du drapeau, de l’hymne national, de la carte du territoire; qu’à travers des éléments de représentation du pouvoir ou des grands événements sportifs ou festifs. Hormis ces éléments iconographiques, aucun projet fédérateur, aujourd’hui, n’unit les gabonais dans leur vie de tous les jours.28
Comme beaucoup de compatriotes, je constate que le Gabon, notre pays, est subitement et tristement devenu une curieuse plateforme du superfétatoire, de l’ostentatoire et des effets d’annonce : Gabon, pays émergent en 2025,
Marina, Carnaval, Super Coupe de France, Terrain de golf de luxe, New York Forum Africa, Courses nautiques, Marathons, Séminaires, Soirées ou journées récréatives…
Tout est fait pour qu’à la limite, les gabonais ivres de distractions, finissent par « normaliser » leur misère endémique. A l’image de malades auxquels ont été inoculés des tranquillisants, qui finissent par perdre toute sensation de douleur et cessent de s’inquiéter de leurs maladies.
Chers Compatriotes,
Notre pays est manifestement atteint d’un profond malaise :
– un malaise face aux questionnements sans réponses sur la légitimité, la légalité et la fiabilité de nos institutions, sur le fonctionnement défectueux de l’Etat, sur la fragilité de notre économie, sur les fractures sociales, sur l’archaïsme et le conservatisme de la gouvernance ;
– un malaise face à l’intolérance, à la provocation, à l’arrogance, au mépris qualifié envers les citoyens et à la confiscation des libertés les plus élémentaires, reconnues par notre Constitution ;
– un malaise face au déni de l’histoire, à la forfaiture, à l’immoralité, à l’imposture et au parjure ;
– un malaise face à l’impossibilité pour tout citoyen d’exprimer sa différence dans les médias publics, face au climat de désenchantement prononcé et de crispation profonde de toute la société ;
– un malaise face aux contre-valeurs, aux contre-vérités, à la négation même de notre dignité, la dignité de toute une nation par ceux-là mêmes qui devraient l’incarner.
Le constat que je fais avec vous depuis cinq ans et qui, je le crois, est à certains égards, tristement étayé par les révélations et les événements de ces derniers jours, n’est certes pas exhaustif. Il est néanmoins suffisant, pour m’interdire de continuer à me taire.
J’AI DONC DÉCIDÉ, ICI ET MAINTENANT, DE FAIRE
MIEN :
Le combat des gabonaises et des gabonais qui aiment ce pays, notre pays, et qui rêvent :30
– d’un Gabon de tous les Gabonais, quelles que soient leurs origines, leurs religions, leurs sensibilités politiques ;
– d’une Société démocratique fondée sur une organisation pluraliste du pouvoir qui se traduit par l’ordre dans la liberté, la responsabilité et la sécurité; par l’ordre dans le respect des droits de l’homme et des valeurs républicaines ;
– d’un État démocratique dont les gouvernants exercent leurs pouvoirs à l’issue d’élections libres, transparentes et crédibles ;
– d’une gouvernance politique qui promeut l’alternance comme principe fondamental et qui favorise et garantit l’existence d’une opposition librement constituée, s’exprimant sans contraintes, pouvant solliciter le suffrage populaire sans compromission et à égalité de droits avec le pouvoir qui gouverne, tout en respectant la loi commune et les institutions régulièrement investies ;
Le combat des gabonaises et des gabonais qui rêvent :
– d’un pouvoir démocratique qui fonctionne avec une opposition et dont la critique qu’elle exerce et l’alternative qu’elle représente, donnent à la souveraineté du citoyen, un pouvoir concret.
– de la restauration de nos valeurs sociétales premières, enrichies des apports valorisants d’autres civilisations et qui favorise , grâce à une éducation et une formation fécondantes, l’épanouissement d’une jeunesse responsable, capable d’assurer une vraie relève générationnelle porteuse d’avenir;
– d’une implication moins servile, plus engagée, plus valorisante de la femme dans le processus du développement de notre pays ;
Le combat des gabonaises et des gabonaises qui rêvent :
– d’un développement harmonieux et équilibré du territoire ;
– d’un développement organisé sur la base d’une
ÉCONOMIE DIVERSIFIÉE, qui valorise nos ressources naturelles, crée la croissance, la richesse et les emplois :
– d’une DÉCENTRALISATION et d’une
DÉCONCENTRATION effectives, comme moyens d’aménagement du territoire, de revitalisation du monde rural, de réduction de la pauvreté et de bonne gouvernance ;
-32
– d’une justice et d’une cohésion sociale, qui imposent une répartition plus équitable des fruits de la croissance, notamment en faveur des compatriotes les plus vulnérables, de façon à réduire progressivement et de manière significative : la fracture sociale, les privilèges, les rentes, les inégalités, la misère et la pauvreté, afin de mieux consolider le vouloir-vivre ensemble, la paix et l’unité nationale ;
– d’un Gabon réconcilié avec son destin, le destin d’un pays de paix, digne et prospère.
Chers Compatriotes,
Pour moi, l’engagement politique n’a de sens que s’il se réfère à certains principes et à certaines valeurs auxquels je suis profondément attaché et qui sont pour l’essentiel :
– la liberté et la dignité;
– la primauté de l’intérêt général sur les intérêts singuliers;
– la soumission de la puissance publique à un État de droit;
– l’égalité de tous devant la loi;
– le patriotisme et le civisme ;
– la tolérance et l’inclusion;
– l’abnégation et la solidarité au service de l’intérêt supérieur de la Nation ;
– le respect de la diversité et du pluralisme ;
– l’excellence fondée sur le mérite et le travail.33
En considérant ses fondements, sur la base notamment de la Déclaration en date du 19 Juillet 2014, au regard de son engagement et des actes qu’il pose, je crois pour ma part, que le Front de l’Opposition pour l’Alternance incarne ces principes et ces valeurs.
CONVAINCU DONC A CE JOUR, QUE CES PRINCIPES
ET CES VALEURS, ENTRE AUTRES, NE SERONT
JAMAIS TRAHIS PAR LE FRONT,
J’AI, ICI ET MAINTENANT, DÉCIDÉ, SUR L’HONNEUR,
DEVANT DIEU, DEVANT LA NATION ET DEVANT
L’HISTOIRE D’INSCRIRE MON COMBAT, A COMPTER DE
CE JOUR, DANS LE CADRE DU FRONT DE
L’OPPOSITION POUR L’ALTERNANCE
Ce combat s’inscrit plus que jamais:
– dans l’exigence d’unir nos intelligences et nos forces dans la confiance, la cohésion et la sincérité ;
– dans l’exigence de définir ensemble, les voies et moyens qui permettront de libérer notre pays, de bâtir ensemble un Gabon doté d’institutions modernes et démocratiques au service de notre peuple ;
– et DANS L’EXIGENCE, DE NE PRÉSENTER ET DE NE SOUTENIR QU’UN SEUL CANDIDAT À LA PROCHAINE
ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE.
Chers Compatriotes et Amis du Front,
Je souhaiterais qu’ensemble nous méditions continuellement cette citation apocryphe :
« Lorsque le pouvoir de l’amour pour notre nation sera plus fort que l’amour du pouvoir, alors le Gabon, notre pays, connaîtra enfin l’alternance, la démocratie, la bonne gouvernance, la paix et la prospérité. »
Gabonaises, Gabonais,
Chers Compatriotes,
Malgré la confiscation de nos libertés les plus élémentaires, malgré le dévoiement de nos Institutions, au profit d’un clan ou d’une oligarchie, nous pouvons encore et ensemble bâtir un véritable État de droit et une véritable République.
Malgré une société dont l’apathie apparente due à un manque de repères et d’épanouissement, donne l’impression d’une paralysie quasi généralisée de nos intelligences et de nos forces, le Gabon dispose toujours, au regard notamment de la jeunesse de sa population, d’un riche potentiel humain, capable qualitativement et quantitativement, de promouvoir le développement du pays.
Malgré l’exploitation anarchique et le pillage de ses richesses naturelles, le Gabon regorge encore d’immenses potentialités au niveau, de ses forêts, de sa biodiversité, de son sol, de son sous-sol, de ses fleuves, de ses lacs, de ses lagunes, de ses plaines, de ses plateaux, de sa zone économique exclusive le long de sa frontière maritime; des potentialités qui fondent l’espoir d’une exploitation plus rationnelle et d’une répartition plus juste du fruit de la richesse nationale, par et pour les générations futures.
Malgré une pauvreté endémique, entretenue, parce que vouée à assujettir les gabonaises et les gabonais en vue de mieux les instrumentaliser notamment lors des « rituels » électoraux ou à l’occasion des marches pour causes perdues, nous pouvons encore nous « affranchir » et recouvrer un minimum de dignité à l’instar de nos aïeux, voire de nos parents qui ont toujours su dire NON, lorsque leur dignité était atteinte et ce malgré leurs statuts sociaux de l’époque.
Malgré les brassages imposés par le fait de la mondialisation, malgré les déviances favorisées par les complexes d’infériorité de nos cultures, leur diversité et leur originalité nous permettront encore de sauvegarder l’authenticité de notre culture nationale.
Chers Compatriotes,
La situation que le Gabon vit aujourd’hui, que nous vivons tous, ne témoigne certes pas d’un présent radieux, et présage encore moins, d’un futur serein et paisible. Mais elle ne saurait être une fatalité.
Au risque d’enfoncer une porte ouverte, je considère pour ma part, que le problème fondamental pour notre pays depuis son émancipation, est avant tout celui de la reconnaissance, par les urnes, de la souveraineté du peuple.
Cette reconnaissance ne procédera jamais d’une génération spontanée. Elle ne nous sera jamais octroyée, comme le fût l’accession du Gabon à la souveraineté. Ensemble, nous devons la conquérir et la préserver à jamais. C’est elle qui nous ouvrira inéluctablement les portes de l’alternance, ce postulat, incontournable pour toute démocratie digne de ce nom.
Aujourd’hui, plus que jamais, l’alternance est pour notre pays et pour notre peuple, une exigence de survie.
Le combat pour l’alternance doit être désormais le combat de toutes les gabonaises et de tous les gabonais.
Aux élèves, aux étudiants, à tous nos enfants, à tous les jeunes souvent sans emplois, désœuvrés et victimes des injustices ou de la vacuité de notre système éducatif et plus généralement des errements systémiques de la gouvernance de notre pays, je voudrais vous dire aujourd’hui que le traitement ou le sort qui vous a été réservé depuis de très nombreuses années, justifie, plus que pour d’autres couches de nos populations, le combat politique que nous avons décidé d’engager avec vous.
Vous êtes le Gabon d’aujourd’hui et de demain. Je vous invite donc à vous joindre à nous, en toute responsabilité, pour libérer notre pays.
Aux organisations syndicales des secteurs public et privé, je me permets de vous dire ici, que votre légitime combat ne doit plus être , aujourd’hui, celui des revendications qui n’ont jamais abouti à des solutions durables.
Il ne doit plus être, celui de la quête permanente d’un dialogue sans interlocuteurs, qui n’a conduit, à ce jour, qu’à des propositions incantatoires et purement démagogiques.
Votre combat doit être désormais celui de l’Alternance, une alternance qui posera les bases d’une gouvernance plus soucieuse de l’Homme, une gouvernance qui établira avec tous les partenaires sociaux, un dialogue franc, constructif et responsable, en vue de l’élaboration d’un véritable contrat social.
A ceux de nos compatriotes, femmes et hommes qui incarnent encore la sagesse dans nos quartiers, nos villes, nos villages, nos campagnes, nos départements, nos provinces, je vous demande très humblement de nous rejoindre, de rejoindre, PARTOUT, toutes celles et tous ceux de nos compatriotes qui ont décidé de mener sans répit, le combat pour libérer notre pays, le Gabon.
Aux Femmes, nos mères, nos épouses, nos sœurs, nos filles, gardiennes intrépides et avisées de nos foyers, je veux ici, vous partager ma conviction : VOTRE
IMPLICATION SERA DÉTERMINANTE.
Chers Compatriotes,
Le temps n’est plus aux atermoiements, aux attentes, aux excuses faciles. Le temps n’est plus au crédit que certains compatriotes continuent à accorder aux allégations mensongères et aux jugements portés sur les leaders de l’opposition, qui s’opposent au pouvoir en place et dont les actes témoignent suffisamment de leur engagement.38
Le temps est aux sacrifices, tous les sacrifices, pour libérer le Gabon, notre pays.
J’entends souvent dire ici et là, à travers tout le territoire : » mais on va encore faire comment ? Il n’y a que Dieu « .
Certes, la grâce de Dieu a toujours surabondé dans notre pays. Elle sera toujours son partage, notre partage.
Mais il importe que nous fassions aussi notre part, celle qui nous incombe. NOUS DEVONS TOUS REJOINDRE LE
FRONT. La victoire est à ce prix.
DIEU DONNE TOUJOURS LA VICTOIRE A LA VÉRITÉ ET
A LA JUSTICE.
Chers Compatriotes,
En sollicitant votre indulgence, je voudrais maintenant dire quelques mots aux militantes, militants et sympathisants de mon Parti, l’Alliance Démocratique et Républicaine
(ADERE).
Chers Patriotes, Chers Amis,
Dans peu de temps, doit se tenir le 4ème Congrès Ordinaire de l’ADERE. En mon humble qualité de militant, au regard de l’état actuel du parti et des défis auxquels notre pays doit faire face, à court, moyen et long termes, au regard des événements de ces derniers jours, j’estime pour ma part, que ce Congrès s’impose d’être le Congrès de la refondation du Parti.39
Il doit en effet, apporter à nos concitoyens, des réponses claires quant à son ambition, à son offre politique et à son positionnement, pour les rassurer quant au sens réel de notre engagement politique.
Et il doit par ailleurs résoudre impérativement, la crise que traverse le Parti depuis 2009 et qui est née à la suite de l’une des résolutions adoptées par le Congrès Extraordinaire du Parti, qui s’était réuni la même année, peu avant l’élection présidentielle anticipée.
Une résolution qui est devenue, une véritable écharde, une véritable pierre d’achoppement.
Pour mémoire, cette résolution, statuant sur la participation de l’ADERE à ladite élection et adoptée par l’ensemble des congressistes, invitait chaque militant à voter, en son âme et conscience, le candidat de son choix.
Pour des desseins inavoués à l’époque, mais que l’on imagine aisément aujourd’hui, certains militants parmi ceux qui avaient pourtant amplement inspiré et porté cette résolution, en sont devenus, par le fait d’une instrumentalisation consentie, les impénitents pourfendeurs, contribuant ainsi à créer et à amplifier depuis plusieurs années, le climat délétère qui règne au sein du Parti.
Il est vrai qu’à la suite de ce positionnement et en toute logique, je m’étais opposé à la majorité des cadres dirigeants du Parti, quant à notre adhésion sans condition, à la nouvelle Majorité Républicaine pour l’Emergence.
Cette adhésion me paraissait en effet, anachronique et incongrue. Et c’est uniquement pour ne pas prêter le flan à ceux qui, de l’extérieur et avec la complicité de certains cadres, travaillaient à diviser, voir à liquider le Parti et pour préserver son unité, que je me suis résigné à signer cette charte.
Sur ce point, comme sur beaucoup de mes appréhensions, le temps a fini par me donner raison.
En vous faisant donc part des orientations que j’entends désormais donner à mon engagement politique, j’ai également voulu ouvrir, au sein du Parti, un débat sur des questions cruciales qui ne peuvent être, plus longtemps éludées et qui doivent plus que jamais, interpeller les militantes et les militants de notre Parti.
La réponse à cette exigence de clarification déterminera, j’en suis convaincu, l’avenir du Parti en même temps qu’elle édifiera davantage le peuple gabonais sur les réelles motivations de notre combat politique.
Gabonaises, Gabonais, Chers Compatriotes,
Je voudrais, pour terminer, vous partager cette pensée de Mirabeau, homme politique français. Je cite : » Celui qui a la conscience d’avoir mérité de son pays et surtout de lui être encore utile, celui que ne rassasie pas une vaine célébrité…., celui qui veut dire la vérité, qui veut faire le bien public indépendamment des mobiles mouvants de l’opinion populaire, cet homme porte en lui, la récompense de ses services, le charme de ses peines et le prix de ses dangers ; il ne doit attendre sa moisson, la destinée de son nom, que du temps, ce juge incorruptible qui fait justice à tous « .
VIVE LE GABON !
VIVE LA PATRIE !
Je vous remercie pour votre aimable attention
Monsieur Didjob DIVUNGI DI NDINGE
Ancien Directeur Général de la Société d’Energie et d’Eau
du Gabon ( S E E G )
Ancien Ministre de l’Energie et des Ressources
Hydrauliques
Ancien Vice-Président de la République
Ancien Président de l’Alliance Démocratique et
Républicaine (ADERE )
06 Décembre 2014