À l’occasion d’une rencontre de sensibilisation qui s’est déroulée le week-end écoulé à Port-Gentil, le délégué provincial du Conseil national de la société civile (CONASC), Patrick Barbera, a, présenté son plaidoyer afin d’apporter des pistes de solutions en ce qui concernent les questions liées au chômage et à l’entrepreneuriat.
La problématique du chômage est universelle et n’est pas propre au Gabon et à Port-Gentil en particulier, selon le leader des jeunes. En effet, cette ville a été frappée de plein fouet par deux crises sans précédent. Si entre 2010 et 2014 la stabilité économique du pays affichait un taux de croissance de 5%, c’est malheureusement en 2015 qu’elle a connu une chute des prix des matières premières. Ce qui a bouleversé la situation financière de certaines entreprises.
« C’est chaque pays avec son écosystème qui doit retrouver des solutions ; tout ce cycle de crise a perturbé l’emploi, et ça plongé Port-Gentil dans un marasme économique », a indiqué M. Barbera.
Vu les facteurs macroéconomiques internationaux qui s’imposaient, cette situation a mis en difficulté les entreprises qui étaient très vulnérables. Ne sachant pas si l’activité allait reprendre, les sociétés offraient cependant, des contrats de 1 à 5 ans d’où les fameuses lettres d’intention.
Dans son plaidoyer, Patrick Barbera est revenu sur l’instabilité fiscale des entreprises notamment, celle liée à l’augmentation du prix du carburant qui a connu une baisse de 10 FCFA pour le réseau, et une augmentation pour les industriels hors réseaux de plus de 30%.
« Les gros consommateurs de carburant qui sont transporteurs fluviaux, maritimes, les logisticiens et les pêcheurs vont répercuter ça sur les prix et ça va impacter le pouvoir d’achat des populations », a-t-il estimé.
Reconnaissant tout de même sur la dynamique actuelle de l’État qui vise à améliorer les performances, en apurant la dette vis-à-vis des engagements internationaux, le délégué provincial du Conseil national de la société civile, propose cependant pour éviter les effets inflationnistes, la mise en place des prix spéciaux pour les gros consommateurs ayant un impact social mais également, l’implication de ces derniers dans la décision de fixation des prix des produits pétroliers.
Sur la question des travailleurs de Port-Gentil dont certains subissent des injustices au travers des contrats précaires (CDD, contrats de durée de mission, contrat de durée de chantier, contrat de mis à disposition etc), et sur les mécanismes de prévoyance sociale dont l’applicabilité tarde à prendre effet dans certaines structures, il a fait un bref aperçu sur la nécessité de préserver les emplois et sur l’essence du Code du travail.
« Depuis des années il y’a un recul et les entreprises ont régressé le personnel organique, pour le remplacer par la mise à disposition ; on revient à la situation qu’on a connu dans les années 2007 ; le Code du travail est inachevé, il renvoie à des textes d’application mais qui n’ont jamais été développés », a-t-il ajouté.
Selon le représentant du Conseil national de la société civile, le problème du chômage à Port-Gentil, réside du fait que toute la couche sociale aspire à évoluer professionnellement dans le secteur pétrolier. Dans ce « syndrome néerlandais » figurent aussi plusieurs causes selon lui, qui seraient à l’origine du chômage au Gabon et à Port-Gentil en particulier notamment : la démographie, le manque d’infrastructures, la lenteur administrative, le manque de financement et la paupérisation de la clientèle. Autant d’aspects qui sont un frein à la création d’emplois selon le délégué du CONASC.
À cet effet, il propose en outre, l’amélioration de l’employabilité par des formations de base, l’auto-investissements des formations, la formation dans les autres secteurs hors-pétrolier, le respect des points de droits par l’inspecteur du travail, la revalorisation du statut de l’inspecteur, la tertiarisation de l’économie et une meilleure soumission d’appel d’offres etc.
Pour lui, « au niveau professionnel, les jeunes doivent accepter d’intégrer la mobilité géographique et professionnelle ; ils sont la première puissance politique du pays et ils ne participent pas aux collectifs d’actions, ils sont trop stéréotypés sur les secteurs traditionnels. Il faut entreprendre dans des secteurs clés ».
Vincent Ranozinault