Place de France au Camp de Gaulle à Libreville © Gabonactu.com
Bruno Fuchs, député MODEM du Haut Rhin a partagé à la rédaction de Gabonactu.com son avis sur la Françafrique suite au vote par la Commission des Affaires Étrangères d’un rapport de mission d’information parlementaire sur les relations entre la France et l’Afrique.
Le député établie les responsabilités, pointe l’attitude paternaliste de la France et fait des propositions pour avancer vers des relations seines entre la France et l’Afrique dans un monde globalisé. Lecteur !
L’état des relations entre la France et l’Afrique fait suite à 30 ans de politique non maîtrisée nous conduisant progressivement à subir les événements, à être « en réaction ».
Depuis 20 ans les Présidents successifs ont annoncé vouloir mettre un terme à la « France-Afrique » sans y parvenir. C’est paradoxalement aujourd’hui alors que nous n’avons jamais été contesté avec autant de véhémence que nous avons le plus de chance d’y arriver.
Mais pour cela il faut complètement changer notre logiciel.
Globalement, les Français sont plutôt aimés en Afrique, et nous aurions tort de penser que les africains ne veulent plus de la France, en revanche, il est évident qu’ils veulent d’une France autrement, qu’ils demandent une autre politique à la France, d’autres attitudes des français.
Et de fait, un fossé semble s’être creusé entre la France et l’Afrique.
D’un côté, nous avons ne nombreux avantages comparatifs et nous apportons bien plus que les Chinois, Russes, ou Américains en matière de santé, de préservation de la biodiversité, de défense de la parité ou de la promotion de l’entrepreneuriat africain. Et depuis 2017, sous l’impulsion du Président Macron, nous avons amorcé un travail sur le passé, doublé le montant de notre aide au développement, entrepris un processus de restitution d’œuvres d’art, ou encore marqué une forte évolution du Franc CFA.
De l’autre côté, tout une série de pratiques n’ont pas évolué et donnent l’impression que la France n’a pas pris la juste mesure d’une très rapide évolution de l’Afrique, ou des Afriques devrions nous dire.
S’il ne faut pas dramatiser et généraliser l’expression du désenchantement, en Afrique non francophone ce sujet n’existe pas et notre image est globalement très bonne, il nous faut agir d’urgence pour éviter un risque de contagion et de perte de confiance vis à vis de l’influence de la France.
Aujourd’hui, 33 ans après le discours de La Baule de François Mitterrand, les Africains ne savent plus ce que fait la France en Afrique, pour quoi elle est là, quels intérêts elle défend.
Il est vrai que dans certaines situations nous donnons l’impression de défendre la démocratie, dans d’autre de défendre nos intérêts, dans d’autres de vouloir sauver le monde.
De poids deux mesures, agenda caché, nos positions sèment le doute et la confusion.
Première priorité, il nous faut redéfinir une offre stratégique qui permette une lecture claire partagée et sans ambiguïté de notre action.
Il nous faudra supprimer tous les « irritants » sans lesquels la relation ne pourra pas retrouver la confiance : politique des visas, attitudes paternalistes, double standard, ou encore solder notre passé si difficile à dépasser d’un côté comme de l’autre.
Enfin il nous faudra transformer notre organisation pour répondre mieux aux besoins.
Voilà l’ambition avec laquelle Bruno Fuchs, Député Modem du Haut-Rhin et Délégué général de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie, a co-rapporté avec Michèle Tabarot, Députée Les Républicains des Alpes Maritimes , cette mission d’information sur les relations entre la France et l’Afrique pour le compte de la Commission des Affaires Étrangères.
PRINCIPALES RECOMMANDATIONS PRÉCONISÉES PAR BRUNO FUCHS
Ces mesures ne sont pas exhaustives et appellent à une mise en œuvre dont le détail est précisé en fin de rapport
A/ Retrouver de la cohérence et de la lisibilité dans notre action
- Proposer une offre stratégique claire et ambitieuse
- Mieux piloter les politiques publiques en créant un grand Ministère des Partenariats et de l’Afrique
- Impliquer les citoyens dans le débat sur l’Afrique et de fait associer étroitement le parlement
B/ La France « autrement » : en finir avec les irritants
- Arrêter le double-standard et clarifier la doctrine de conditionnalité démocratique de la France
- Changer radicalement de politique de délivrance des visas tout en conservant la maitrise des flux et Restaurer la pleine compétence du Ministères des Affaires Étrangères sur cette question
- Achever la réforme du Franc CFA
- Éradiquer les comportements paternalistes et condescendants que nous maintenons exclusivement avec l’Afrique francophone
C) Mieux piloter notre action, la rendre plus efficace
- Faire de l’Aide au développement le ressort de notre stratégie d’influence
· Assumer clairement le pilotage politique de l’AFD, qui passe donc sous tutelle du Ministère des Partenariats et de l’Afrique
· Changer le nom de l’AFD : appelée « France Partenariats »
9) Faire des ambassadeurs de vrais « chefs de file », ayant réelle et totale autorité sur l’ensemble des prérogatives et compétences (Consulat, AFD, DG trésor, BPi France etc) pouvant recruter et composer lui-même ses équipes rapprochées et les évaluant.
10) Nommer plus de diplomates afro-descendants
11) Miser sur le développement économique et sur les investissements
12) Déployer une stratégie performante de communication et de lutte contre la désinformation.
Bruno Fuchs, Député Modem du Haut-Rhin