Nkembo (nom attribué), homme d’affaires gabonais plutôt prospère dans le bâtiment vit actuellement une situation à la fois drôle et terrifiante. Comme par miracle, Fotso (nom attribué) un médecin camerounais l’approche et lui propose de racheter une clinique à Port-Gentil spécialisée dans l’imagerie médicale. La clinique appartient à un autre camerounais que nous appelons Ekéké. Le business serait alléchant et Nkembo s’engage.
Les trois parties engagent des négociations. Ekéké affirme qu’il veut vendre son fonds de commerce pour développer d’autres affaires. La clinique et tous ses équipements sont estimés à 300 millions de FCFA.
Fotso propose au gabonais Nkembo de s’associer à lui pour racheter la clinique d’Ekéké. Le camerounais exige 60% des parts contre 40% pour le gabonais soit 120 millions de FCFA. Les camerounais se hâtent de rédiger les termes de l’accord. Le gabonais doit payer dès la signature 50% des 120 millions de FCFA. Nkembo sort le chéquier. Il verse 60 millions de FCFA.
Après ce premier versement, Nkembo est régulièrement sollicité pour renforcer les capacités techniques de la clinique. Un mini laboratoire est ajouté avec de nouveaux appareils. L’investissement du gabonais avoisine déjà les 90 millions de FCFA.
Quelques mois après la vente, une équipe de l’inspection générale du ministère de la Santé débarque dans la clinique pour un contrôle. Le verdict est sévère : le business évolue dans le faux. Aucune autorisation, les médecins n’ont aucune qualification pour cette pratique, contrat de bail inexistant. La clinique est scellée. Nkembo est appelé d’urgence à Port-Gentil par ses « associés ». En bon gabonais, il négocie et obtient les faveurs des enquêteurs.
Pire, Nkembo découvre dans les documents de douane que les machines sont la propriété d’une autre clinique de Port-Gentil qui n’a pas été partie du contrat de vente et que les factures du matériel portent le nom d’une société camerounaise qu’il ne connait pas comme si la vente avait eu lieu au Cameroun et pas au Gabon.
Fonds de commerce sans existence juridique
Cet épisode sonne comme une alerte dans son subconscient. Nkémbo sort de son profond sommeil et cherche à voir clair. Ayant compris qu’Ekeke lui a vendu du vent notamment des machines en fin de cycle, Nkembo attaque Ekeke et son frère Fotso en justice. Les deux camerounais sont brièvement interpelés mais relâchés quelques heures plus tard. Ekeke sent venir le feu. Il rentre au Cameroun.
Nkembo exige une expertise judiciaire pour évaluer la valeur du fonds de commerce. Le tribunal de Port-Gentil commet un expert. Résultat : 75 millions de FCFA, c’est la valeur réelle de tout le fond de commerce. Nkembo a déjà investi plus.
Fotso qui détient une clinique personnelle dans la ville du sable tente de clamer le gabonais en lui proposant de fusionner les deux cliniques. Nkembo rejette l’offre. Il s’active à créer juridiquement la clinque, signe un nouveau contrat de bail. Bref, il assaini la situation juridique du fond de commerce et commence à travailler.
Fotso saisi à son tour le tribunal de 1ère instance de Port-Gentil qui ordonne de sceller la clinique de Nkembo. Les malades sont chassés manu militari par un huissier de justice. Fotso qui n’a rien apporter dans le rachat du fonds de commerce exige que Nkembo verse les 60 millions de FCFA restant. Nkembo qui a compris qu’il a affaire à des escrocs exige à son tour le remboursement intégral de son argent investi ainsi que les dommages et intérêts, la vente s’étant déroulée sur la base de mensonges et duperies.
Ekeké et Fotso qui bénéficieraient des longs bras dans l’appareil judiciaire ont accentué la pression sur le gabonais. L’étau semble cependant se desserrer au profit du Gabonais depuis le coup de la libération opéré par le général Oligui Nguéma le 30 août dernier. Les poteaux des deux camerounais seraient tombés. Nkembo attend sereinement que justice soit rendue !
Daniel Etienne