Dans un centre de vote à Libreville @ DR
Libreville, 6 octobre (Gabonactu.com)- Le vote pour les législatives et locales 2018 a démarré ce samedi sur l’ensemble du territoire sous le signe d’une dynamique de victoire pour la mouvance présidentielle, contrairement au camp de l’opposition qui affronte ces joutes électorales en rangs dispersés.
La défaite pour les élections couplées des législatives et locales 2018 semble être évidente du côté de l’opposition. Une opposition disloquée et en perte de vitesse. Son leader Jean Ping qui pouvait galvaniser les potentiels électeurs est resté aphone tout au long de la campagne. Son mot d’ordre de boycott n’a fait que renforcer les dissensions internes au sein de cette opposition plurielle.
A y regarder de plus près, la coalition de l’opposition dite « radicale », finalement n’en est pas une. Il y a plutôt des oppositions dans l’opposition. Pour preuve, depuis 2016, le rassemblement de l’opposition qui avait soutenu la candidature de Jean Ping s’est délité. Certains se sont même rapprochés du pouvoir et ont glané des postes ministériels ou à responsabilité.
Législatives et locales 2018 perdues d’avance pour l’opposition?
De 1990 à 2011, nous notons que le PDG sort toujours vainqueur des élections. A contrario, l’opposition gabonaise caracole de façon continue pour obtenir en 2011 1,6% de sièges à l’assemblée nationale. L’opposition souffrirait d’une impopularité dûe à ses divisions qui lui ferait perdre à chaque fois de manière croissante les voix et donc les sièges. Qu’en est-il dans les faits ?
La faible efficacité de l’opposition et son « futur » faible score aux élections législatives s’expliquerait par son inorganisation. A cela s’ajouteraient les carences inhérentes aux nouveaux partis politiques « des oppositions » depuis 2009.
« Ces nouveaux partis politiques ou les hommes qui les incarnent, souffrent d’une absence de démocratie interne, nombre des partis sont dirigés par des responsables autoproclamés dont l’autorité n’est fondée sur aucune base électorale. De même, il y a une absence de base sociologique significative car, la majorité desdits partis politiques de l’opposition ne peut pas justifier d’une adhésion significative des militants ou des sympathisants. Parce que, le plus souvent, on est en présence de partis fictifs dont l’existence se limite soit à leur nomination et enregistrement au ministère de l’intérieur ; soit à quelques membres de la direction nationale, etc. », analyse le politologue Bertin Ndong.
.
Jean Ping coupable de la débâcle post-élection présidentielle ?
Pour bons nombres d’observateurs de la vie politique au Gabon, le « refus » du candidat malheureux à la dernière élection présidentielle à « encourager et soutenir » ces alliés d’Août 2016 à prendre part à ces élections législatives, « est une manière indirecte de favoriser leur échec ».
« Jean Ping aurait soutenu ces alliés de l’élection présidentielle comme eux l’ont soutenus au lieu de continuer à jouer à la victime deux ans après la présidentielle. Et je peux vous dire que, s’il avait donné le mot d’ordre aux gabonais qu’il dit l’avoir « élu » de voter pour ses amis, l’opposition aurait eu une chance de l’emporter. Mais là, clairement on va vers une confirmation de la majorité du PDG et ses alliés », estime Fred Mbangou, un jeune de l’Union Nationale.
Les signes d’une division qui présage de « mauvais résultats »
Alors même que la date des élections législatives, plusieurs fois reportées, n’était toujours pas connue, le ministre de l’Intérieur avait demandé à l’opposition et à la majorité de désigner leurs membres. Si pour la majorité, ce n’était pas un problème, du côté de l’opposition, la situation était plus compliquée.
Les opposants « radicaux et modérés » étaient quasiment à « couteaux tirés ». A seulement quelques mois après l’élection présidentielle, il y avait déjà des « oppositions dans l’opposition ». Après cet épisode, vint celle de la participation ou non à ces élections législatives et locales. Symbole emblématique de cette division de l’opposition gabonaise : Jean Ping.
Leader de l’opposition au lendemain de la présidentielle, Ping est « défavorable à la participation de l’opposition à ces élections». « Ce qui va vraisemblablement nuire à ces soutiens », pense l’analyste politique, John Mbadibouk.
Premier fait suivant ce positionnement, Zacharie Myboto, le président de l’Union Nationale (UN) sera agressé en France par des personnes se réclamant de la diaspora gabonaise et qui soutiennent Ping.
Autrement dit, pour certains Jean Ping a divisé la coalition. Parce que certains groupements en son sein ont décidé de prendre part aux élections législatives. L’ancien président de la commission de l’Union Africaine « favorise » ainsi la contre « remontada » face au parti démocratique gabonais d’Ali Bongo Ondimba qui semble se réjouir de cette dichotomie.
Antoine Relaxe