Port-Gentil :  pour faciliter leur réinsertion sociale, des détenus se forment dans les petits métiers

Dans un contexte où la réinsertion des jeunes en conflit avec la loi constitue l’un des principaux défis du système pénitentiaire, une initiative innovante retient particulièrement l’attention : plusieurs mineurs incarcérés bénéficient désormais d’une formation aux petits métiers tels que la coiffure, la couture ou encore la manucure. Cette démarche vise à leur offrir de véritables perspectives d’autonomie dès leur sortie.

Au sein du centre de détention de Port-Gentil, l’atmosphère contraste nettement avec les représentations habituellement associées au milieu carcéral. Dans une salle aménagée en atelier, ces jeunes acquièrent des compétences professionnelles spécifiques : manipulation des ciseaux, maîtrise de la tondeuse, réalisation d’ourlets ou application soignée de vernis. Ces formations sont dispensées par des encadrants spécialisés ainsi que par des bénévoles issus du secteur artisanal et s’inscrivent dans le cadre d’un programme global de réhabilitation.

« Leur fournir une qualification professionnelle revient à leur redonner la capacité de se projeter dans l’avenir, de restaurer la confiance en pour qu’ils s’intègrent dans une activité économique dès leur sortie », souligne un responsable du service social.

Selon l’administration pénitentiaire, l’objectif principal consiste à permettre à ces jeunes de sortir de détention avec des compétences immédiatement applicables. La discipline, la créativité, la rigueur et le sens du service constituent autant de valeurs transmises à ces apprenants durant leur période de privation de liberté. Pour nombre d’entre eux, cette expérience représente également une opportunité de restaurer une estime de soi souvent fragilisée par leur parcours personnel.

Des professions accessibles constituant une porte d’entrée vers l’autonomisation

La coiffure, la couture et la manucure ont été sélectionnées en raison de leur accessibilité ainsi que de leur potentiel économique. Ces activités requièrent un investissement initial limité, pouvant être exercées à domicile ou sous le statut d’auto-entrepreneur, et répondent à une demande croissante dans les quartiers défavorisés.

 « Lorsque je sortirai, je souhaite ouvrir un petit salon de coiffure dans mon quartier », confie un jeune détenu. Pour certains, la couture représente une manière différente d’envisager l’avenir : création de vêtements, retouches ou confection artisanale. Quant à la manucure, elle séduit particulièrement les jeunes filles incarcérées qui y perçoivent une opportunité de constituer leur propre clientèle dès leur remise en liberté.

Au-delà du simple apprentissage technique, ce programme vise un objectif essentiel : réduire les risques de récidive. En dotant les détenus mineurs d’une qualification professionnelle, l’administration ambitionne de leur offrir un ancrage économique et social susceptible de prévenir tout retour aux conditions ayant conduit à leur incarcération.

Des perspectives encourageantes se dessinent, bien qu’un soutien accru demeure nécessaire. 

Plusieurs organisations non gouvernementales et associations locales militent en faveur du renforcement de ces initiatives, qu’elles considèrent comme des outils fondamentaux pour la prévention et la réinsertion sociale. Elles insistent également sur l’importance d’un accompagnement post-sortie afin de garantir un suivi psychosocial et professionnel pérenne.

Malgré des résultats prometteurs, les encadreurs mettent en lumière le déficit en matériel ainsi qu’en financements stables, indispensables à la consolidation des formations. En attendant une amélioration de ces conditions, chaque coupe réalisée, vêtement cousu ou manucure effectuée représente pour ces adolescents en quête d’une seconde chance bien plus qu’une simple activité : c’est un moyen de reprendre le contrôle de leur avenir.

         Jean-Jacques Rovaria Djodji

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error

Vous aimez l'article? Merci de le partager.