C’est à Franceville, capitale provinciale du Haut-Ogooué (sud-est), à 647 km de Libreville que s’est achevée la caravane touristique du Transgabonais (26 – 30 novembre 2025), après les précédentes étapes de La Lopé, Lastoursville et Moanda. Le voyage a révélé une réalité implacable : le Transgabonais n’est pas qu’un moyen de transport, il est devenu un moteur socio-économique majeur, structurant les territoires et soutenant des secteurs aussi divers que variés tels que le bois, le manganèse, l’éducation, agriculture ou encore la santé. Dans ce cadre, le Gabon bénéficie d’un financement combiné, une subvention de 30 millions d’euros de l’Union européenne (UE) et un prêt de 173 millions d’euros accordé par l’AFD pour le Programme de modernisation et de sécurisation du transgabonais (PMS), premier projet “Global Gateway” du pays.
Dernière étape, Franceville, véritable pôle économique, social et sanitaire. Autour de la gare, les infrastructures modernisées témoignent du rôle structurant du rail : logements pour les agents, extension du centre de formation des cheminots, soutien aux coopératives agricoles. « Chaque année, des milliers d’étudiants empruntent le Transgabonais.
C’est un lien vital entre les régions et une garantie d’accès à la formation supérieure pour plus de 5 000 apprenants », explique Bill Raphaël Bikanga, Recteur de l’Université des sciences et techniques de Masuku (USTM). Sur le plan sanitaire, le CHU Amissa Bongo rénové avec l’appui de l’AFD, dessert désormais plus de 251 000 habitants.
Nouveaux équipements biomédicaux, formations spécialisées et bientôt l’arrivée d’un wagon médicalisé renforceront davantage l’accès aux soins. « Le rail est un vecteur de santé publique. Il nous permettra de rapprocher les soins des populations isolées et d’améliorer la prise en charge régionale », résume le Colonel Mpouho, Directeur du Centre hospitalier Amissa Bongo.
Franceville, c’est aussi un important site de production de manganèse, notamment via la société Nouvelle Gabon Mining (NGM). Le manganèse, considéré comme l’une des matières premières critiques, en raison de sa grande importance économique et du risque élevé de pénurie.
La haute teneur du manganèse de Moanda en fait même un minerai stratégique, du fait de son utilisation dans les technologies stratégiques qui sous-tendent les transitions écologique et numérique.
Moanda, capitale mondiale du manganèse et poumon minier du pays
L’étape de Moanda, a véritablement mis en lumière toute la dimension économique du manganèse comme pilier de développement du Gabon. La ville concentre un quart des réserves mondiales de manganèse à haute teneur et encore près de 50 ans d’exploitation. Le Transgabonais assure le transport vital de ce minerai stratégique pour la sidérurgie et les batteries, et donc pour la transition énergétique mondiale.
En 2023, 6,6 millions des 9,3 millions de tonnes transportées par rail provenaient de Moanda. « Moanda est au cœur des enjeux stratégiques mondiaux. Le rail permet d’accompagner sa transformation, sécuriser les flux et préparer l’avenir industriel du pays », a souligné L’Ambassadrice de l’Union européenne au Gabon, Cécile Abadie, qui a insisté sur l’importance du site.
La modernisation de la gare vise à renforcer sécurité et efficacité pour soutenir les deux complexes industriels : CIM (Complexe Industriel de Moanda), C2M (Complexe Métallurgique de Moanda) qui transforment le minerai brut en produits à haute valeur ajoutée comme le silicomanganèse ou le dioxyde de manganèse.
Lastoursville, le hub forestier qui booste l’économie locale
Au cœur de l’Ogooué-Lolo, Lastoursville s’impose comme un carrefour forestier stratégique. Porté par les entreprises forestières de la région, le port logistique local permet de centraliser le bois avant son acheminement vers le Terminal d’Owéndo.
Selon Vianney Mihindou, Commandant des Eaux et Forêts, la dynamique est claire : « Le Transgabonais a transformé Lastoursville en un véritable hub forestier. Il permet une meilleure traçabilité, une logistique plus sûre et une exploitation durable de nos ressources » explique-t-il.
La gare, modernisée et élargie, s’impose désormais comme un pivot pour les concessions forestières. Autour d’elle, les investissements se multiplient : nouveaux logements, passerelle, marché communautaire, dons de médicaments, kits scolaires et formations aux activités génératrices de revenus.
« Le rail réduit l’empreinte carbone, fluidifie les flux et soutient la transformation locale du bois. C’est un outil économique mais aussi environnemental », déclare Mike Mvoundzu, Responsable du hub AGL à la gare de Lastoursville, qui a insisté sur l’impact logistique.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le Transgabonais optimise l’acheminement du bois, réduit le transport routier et favorise l’essor des zones industrielles près des gares.
A tout prendre, la Caravane du Transgabonais, illustre à merveille la coopération entre l’Union européenne (UE), l’Agence française de développement (AFD), et le gouvernement gabonais -à travers la Cellule de coordination de la coopération Gabon-UE du ministère en charge de l’Economie- et la SETRAG ; tous unis pour soutenir la modernisation des infrastructures du pays, la valorisation durable de ses ressources et l’amélioration des conditions de vie des populations.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie d’investissement ‘’Global Gateway’’ de l’Union européenne (UE) qui vise à soutenir le développement d’investissements durables et à accompagner la transformation de l’économie dans plusieurs pays partenaires, dont le Gabon.
D’un site à l’autre, la caravane touristique a révélé une évidence : le Transgabonais n’est plus seulement le rail et un train, c’est une infrastructure vitale, qui structure le territoire, dynamise les économies locales, réduit les inégalités et accompagne les transitions écologique, industrielle et sociale du Gabon.
Elliott Ana Merveille et Nkili Akieme
