Marcel Libama retourne-t-il au « ministère des grèves » ?

Ancien député de la Transition et figure emblématique du syndicalisme gabonais, Marcel Libama a fait ses adieux la semaine dernière à l’Assemblée nationale de la Transition qui cède ses attributs dès ce lundi à la 1ère législature de la 5ème République. Simple question : où va-t-il sinon que fera-t-il les prochaines années après 2 années passées dans le luxe et le confort du palais Léon Mba ?

Avant son entrée au Parlement, Marcel Libama s’était imposé comme l’un des leaders les plus audibles du secteur éducation. Porte-voix des revendications des enseignants, parfois jusqu’à la rupture avec les autorités, il avait gagné le surnom de « ministre des grèves » ou « général des grèves« , tant son influence sur les mouvements sociaux était forte.

Son statut de député avait momentanément apaisé cette image. Mais pas vraiment car Libama était au sein de l’hémicycle l’un des frondeurs qui a donné l’insomnie aux militaires qui l’avaient nommé député de la transition.

« Nous avons défendu les sans-voix, nous avons interpellé sur les problématiques des injustices de toute nature, proposé des alternatives pertinentes, soutenu des réformes audacieuses, et parfois refusé de nous taire quand nous percevions la manifestation de l’arbitraire », a-t-il déclaré dans son discours d’adieu.

« Nous étions convaincus de ce que notre présence en ce lieu n’était pas une faveur, mais la reconnaissance de nos capacités à assumer des responsabilités historiques : Celles de contribuer à refonder notre République sur des bases solides, inclusives et justes en vue de défendre et de promouvoir la dignité de nos compatriotes », a-t-il ajouté.

Une parole retrouvée… et assumée

L’ancien député ne semble pas chercher à se réinventer. Au contraire, il revendique son ancrage social, son droit à dénoncer ce qu’il considère comme des dérives, et sa mission d’alerter sur les difficultés quotidiennes des travailleurs.

« Nous avons pu (…) inscrire dans la Constitution le nouveau format de notre Démocratie qui se veut désormais pluraliste pour les acteurs politiques et participative pour les acteurs de la Société Civile. Une nouvelle démocratie affirmée à l’article 7 de la nouvelle Constitution qui consacre dans le marbre de son esprit que les acteurs de la société civile participent à l’expression démocratique, non pas en qualité d’acteurs politiques, mais en qualité d’acteurs civiques », a dit avec fierté l’ancien député. Un message qui sonne comme une alerte sur ses actions futures dans la société civile.

Battu aux urnes, Libama qui rêvait de devenir l’un des premiers députés de la 5ème République est désormais sans emploi.

La rue et les grèves pourraient redevenir son véritable champ de bataille pour exister. Le syndicaliste est sur le point de faire sa propre transition entre l’institutionnel et la contestation.

Son adhésion comme membre du parti Union nationale (UN), un des partis de la galaxie présidentielle peut cependant devenir un obstacle majeur pour sa liberté d’action.  

Carl Nsitou

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