Dans une communication faite dans les locaux de PosteBank, les agents de la Poste S.A. ont dénoncé l’enlisement de la crise sociale au sein de l’entreprise publique. Par la voix du Secrétaire général du Syndicat national de la Poste (Synaposte), Davy Mamboundou, les agents ont pointé une atmosphère empreinte d’exaspération et de profonde inquiétude. Quatre mois après une première alerte, lancée le 22 août 2025, les estiment que rien n’a changé. Depuis juin 2025, les agents de la Poste S.A. n’ont plus perçu leur salaire de façon régulière. Sur cinq mois de salaire impayé, seuls deux mois ont été payés au mois d’octobre », ont-ils fulminé. Ils estiment que la côte d’alerte est atteinte et plaident pour une intervention urgente du président de la République.

Malgré l’absence de rémunération régulière, les postiers continuent d’assurer le service public postal avec un professionnalisme salué par leurs responsables syndicaux. Mais le désarroi est grand : trois mois de salaires restent impayés, et le nouveau mois entamé ne laisse présager aucune amélioration.
Les agents dénoncent un mutisme « incompréhensible et méprisant » de la tutelle, qu’ils estiment irrespectueux de leur dignité et de leurs efforts quotidiens. Dans leur déclaration, les syndicalistes ont dressé un tableau extrêmement critique de la gouvernance de l’institution par la Direction générale.

Ils dénoncent pêle-mêle de gestion erratique, décisions improvisées, absence de cap stratégique, conflits internes paralysant les initiatives, climat d’autoritarisme, de défiance et de rupture totale de confiance avec les équipes intermédiaires. Privés de ressources pendant plusieurs mois, les agents affirment ne plus pouvoir assumer leurs besoins essentiels : loyer, alimentation, scolarité des enfants, soins médicaux, etc.
Selon le Syndicat national de la Poste, cette gouvernance a plongé l’entreprise dans une instabilité chronique, affaiblissant ses capacités opérationnelles et détruisant la cohésion interne. La suspension récente de l’assurance maladie vient aggraver une situation déjà explosive, a-t-on appris.
Pour eux, laisser la Poste S.A. s’enfoncer dans cette spirale revient à fragiliser la souveraineté logistique de l’État et à bafouer la dignité de centaines de travailleurs gabonais. « La laisser s’effondrer, c’est porter atteinte à la souveraineté logistique de l’État, à la dignité de plusieurs centaines de travailleurs gabonais » a-t-il déploré.

Le Syndicat a également rappelé avoir tenu plusieurs rencontres avec le ministre de la Communication et des médias, Paul-Marie Gondjout, dont la dernière a eu lieu le 5 novembre 2025, sans suite probante ; quoiqu’il salue son implication et ses efforts de médiation. Il estime donc que seule une intervention au plus haut niveau permettra de débloquer la situation. « Excellence, Monsieur le président de la République, il est temps d’agir », a conclu Davy Mamboundou, SG du Syndicat national de la Poste.
M.-O. Mignonne et Tryphène Lembah
