Le Collectif des Féministes du Gabon porte plainte contre l’artiste Eboloko pour banalisation des violences faites aux femmes

Le Collectif des Féministes du Gabon a annoncé avoir déposé une plainte officielle contre l’artiste Eboloko auprès du Procureur de la République. Cette démarche fait suite à une mise en scène publique jugée dégradante pour les femmes et exploitant les violences conjugales à des fins promotionnelles dans un clip musical.

Tout est parti d’une publication Facebook de la compagne de l’artiste, connue sous le prénom de Frédalie Merkelle alias « Cuisinor », dans laquelle elle évoquait des violences conjugales supposément subies de la part d’Eboloko. Cette révélation a rapidement enflammé la toile, suscitant une vague d’indignation et de débats sur les réseaux sociaux. Quelques jours plus tard, il s’est avéré que cette mise en scène faisait partie d’une stratégie de communication autour de la sortie d’un clip musical, ce que de nombreux internautes ont perçu comme une instrumentalisation de la souffrance des victimes de violences.

Dans son communiqué officiel, le Collectif des Féministes du Gabon dénonce une « fausse dénonciation de violences conjugales comme stratégie de communication », estimant qu’il s’agit d’une violation flagrante de l’article 23 de la loi n°006/2021 du 6 septembre 2021, portant élimination des violences faites aux femmes. Cette loi interdit toute représentation « dévalorisante, dégradante ou banalisant la violence à l’encontre des femmes », rappelle le collectif. « Dans un pays où 89,9 % des femmes déclarent avoir subi des violences, nous refusons que la souffrance soit transformée en divertissement, en buzz ou en outil commercial », peut-on lire dans le communiqué.

Le collectif affirme avoir saisi le Ministère de la Femme afin que l’État garantisse la protection des victimes et régule les contenus jugés attentatoires à leur dignité.Les militantes demandent également à la justice d’appliquer les sanctions prévues par la loi et souhaitent que cette affaire débouche sur des excuses publiques claires de la part de l’artiste ; la mise en place d’un programme de sensibilisation des artistes et créateurs de contenus sur la question des violences basées sur le genre. Dans un ton ferme, la note dudit collectif conclut « La violence n’est pas du marketing. La parole des victimes n’est pas un spectacle. Nous ne nous tairons plus».

Message de la petite amie d’Eboloko qui a fait débats

Cette déclaration, reprise massivement sur les réseaux sociaux, traduit la détermination des militantes à faire respecter la dignité des femmes dans l’espace public et médiatique.Le communiqué est cosigné par plusieurs figures féministes dont Esdras Edou-Eyene, représentante du REJEFEMAC au Gabon ; Malvyna Leslie Nyanze, blogueuse connue sous le nom La P’tite Dame ; Thérésia Alida Eya, ingénieure financier ; Claude Darlène Medzo, survivante ; Hilda Marion Mbira-Nze Sena, médecin ; ainsi que la Ligue gabonaise féministe (LIGAF).

Adoptée en 2021, la loi sur l’élimination des violences faites aux femmes marque une avancée majeure dans la lutte pour les droits féminins au Gabon. Cependant, plusieurs ONG et collectifs estiment que sa mise en application reste insuffisante, notamment face à la montée des violences domestiques et à leur banalisation sur les réseaux sociaux.

Tryphene Lembah

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