Jean Fidèle Otandault et l’art de la transmission politique dans un contexte de recomposition partisane

Dans une scène politique gabonaise souvent marquée par les antagonismes partisans et les stratégies électorales de conquête du pouvoir, l’initiative de Jean Fidèle Otandault, député sortant du 2ᵉ arrondissement de Port-Gentil, apparaît comme un geste atypique. En recevant, au-delà des clivages, les candidats issus du Parti démocratique gabonais (PDG), de l’Alliance patriotique, ainsi que des rangs indépendants, l’ancien ministre du Budget a posé un acte qui conjugue reconnaissance, pédagogie politique et affirmation d’une éthique de la transmission.

L’échange entre Otandault et ses anciens compagnons met en lumière une conviction forte : la politique ne saurait se réduire aux mandats et aux calculs électoraux. Elle repose également sur la durabilité des relations humaines et sur la capacité à préserver des liens sociaux, considérés comme gages de stabilité communautaire.

En rappelant que « les mandats passent, mais les relations humaines demeurent », l’homme politique inscrit son action dans une tradition qui valorise la fidélité, la loyauté et le respect intergénérationnel, autant de valeurs souvent fragilisées dans le jeu compétitif des démocraties en transition. L’accueil réservé à Paul Ervyn Mapangou, candidat de l’Alliance patriotique et ancien collaborateur de « JFO », illustre cette volonté de transmission.

En s’inscrivant dans la continuité du développement communautaire entamé par son prédécesseur, Mapangou reconnaît en Otandault non seulement un mentor politique, mais aussi une référence morale, « un père et un sage » dont les conseils viennent renforcer sa propre légitimité. Ce rapport intergénérationnel incarne une forme de « capital politique » transmis, non par la simple appartenance partisane, mais par la reconnaissance des expériences passées et la valorisation de la mémoire collective locale.

Le geste de Jean Fidèle Otandault prend un relief particulier dans un contexte gabonais où la compétition électorale est fréquemment perçue comme un champ de rivalités exacerbées. En choisissant de ne pas se représenter, et en offrant à la nouvelle génération la possibilité de faire valoir ses ambitions, l’ancien député opère un choix à contre-courant des logiques de captation et de maintien du pouvoir. Cette décision, saluée notamment par la tête de liste PDG, Brigitte Moundanga, confère à son retrait une valeur pédagogique : il s’agit d’un acte de responsabilité politique et d’une invitation à « jouer collectif », selon les termes mêmes de la candidate.

Au-delà des acteurs directement concernés, cette rencontre véhicule un message plus large pour la culture politique gabonaise : l’importance de replacer l’humain, la solidarité et la reconnaissance au centre du débat démocratique. La politique y apparaît non pas uniquement comme un champ de compétition partisane, mais comme un espace de construction sociale et de mémoire commune. Dans un pays où les transitions politiques sont souvent sources de tensions, de méfiances et de fractures, l’exemple d’Otandault propose une voie alternative, celle d’une réconciliation entre le politique et le social, entre la quête du pouvoir et l’impératif de transmission.

Jean Fidèle Otandault s’inscrit donc dans une posture de médiateur et de passeur de temoin, rappelant que l’avenir démocratique du Gabon ne dépend pas seulement des institutions, mais aussi de la qualité des relations humaines et de la capacité des acteurs politiques du cru  à transcender les divisions.

       Jean-Jacques Rovaria Djodji 

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