Dans une note abondamment partagée sur les médias sociaux, prétendument signée par Ali Bongo Ondimba, statutairement Distingué Camarade Président du Parti démocratique gabonais (PDG), l’ancien ministre Ali Akbar Onanga Y’Obégué est officiellement fait Secrétaire général de l’ancien parti au pouvoir, fondé en 1968 par feu Président Omar Bongo Ondimba.
Dans cette note au ton impératif, l’ancien président déchu demande à Luc Oyoubi, statutairement Secrétaire général adjoint 1 et Secrétaire général par intérim à ses yeux, de procéder sans délai à la passation des charges et attributions à Ali Akbar Onanga Y’Obégué, nommé Secrétaire général du Parti démocratique gabonais, en remplacement de Steeve Nzégho Diéko démissionnaire, lit-on.
« En cas d’indisponibilité du Camarade Luc OYOUBI pour quelque raison que ce soit, le Camarade Secrétaire général Ali Akbar Onanga Y’Obégué est autorisé à prendre, sans autres formalités, ses fonctions ainsi que la possession immédiate de tous les bureaux, locaux et moyens de fonctionnement du Secrétaire Général, sis au siège du Parti au quartier Louis, dans la Commune de Libreville », instruit Ali Bongo Ondimba

Le ‘’Distingué Camarade’’ Président du PDG, demande par conséquent à son ‘’Camarade’’ Secrétaire général désigné, Ali Akbar Onanga Y’Obégué de prendre ‘’instamment’’ possession de plein droit de l’ensemble des installations, équipements, archives et moyens de fonctionnement du Parti et de manière générale, de l’ensemble du patrimoine du Parti sur toute l’étendue du territoire, conformément aux prérogatives attachées à sa fonction.
Dans la foulée, Ali Bongo Ondimba, exige que toute personne détenant des biens, documents ou moyens appartenant au Parti démocratique gabonais de les restituer sans délai au Secrétaire général nommé par ses soins, ou à ses représentants dûment mandatés, sous peine de poursuites judiciaires conformément à la loi.
De fait, l’ancien ministre Ali Akbar Onanga Y’Obégué est le chef de file d’une des deux tendances de l’ancien parti au pouvoir, contestataire de la frange PDG dirigée par le tandem Blaise Louémbé (Président) et Angélique Ngoma (Secrétaire générale).
Ils avaient été désignés à ces fonctions au terme d’un congrès extraordinaire tenue en février 2025, aussitôt désapprouvés par l’aile dite ‘’Loyaliste et légaliste’’, menée par Ali Akbar Onanga Y’Obégué.
Marge de manœuvre d’Ali Bongo Ondimba
Aux termes des statuts du Parti démocratique gabonais (PDG), issus du congrès de 2022, le Président du parti pourvoie au sein de toutes les instances dirigeantes dans l’intervalle de deux congrès. Il est le candidat ‘’naturel’’ du parti à l’élection présidentielle. Lors de la présidentielle du 12 avril 2025, la faction ‘’légaliste et loyaliste’’, cornaquée par Ali Akbar Onanga Y’Obégué n’avait soutenu aucun candidat, alors que l’aile du tandem ‘’Louémbé-Ngoma’’ s’était rangée derrière ‘’l’homme fort’’ de Libreville, Brice Clotaire Oligui Nguéma.
Cette sortie d’Ali Bongo Ondimba signe à l’évidence son retour sur la scène politique alors que dans une précédente correspondance, adressée à ses compatriotes en septembre 2024, il avait indiqué qu’il se retirait définitivement de la vie politique gabonaise. « Jusqu’où peut aller l’ancien chef de l’Etat ? », s’interrogent de nombreux éditorialistes, après cette sortie, décidemment ‘’fracassante’’ de celui que ses supporters appelaient ABO.
Cette sortie interroge aussi sur le timing et le momentum choisis par Ali Bongo, dans un contexte de fièvre électorale relative aux législatives et locales prévues entre septembre et octobre prochain.
Président de la république gabonaise, 14 ans durant (2009 – 2023), à la suite de feu son Père, Omar Bongo Ondimba (42 ans président), Ali Bongo Ondimba avait été déposé le 30 août 2023 par un coup d’état qui a consacré l’arrivée au pouvoir de Brice Clotaire Oligui Nguéma, élu chef de l’Etat en avril 2025, après avoir assuré une transition de 19 mois à la tête du Gabon.
Ainsi, Ali Bongo Ondimba reprend la main la haute sur le Parti démocratique gabonais depuis son exil londonien, après sa sortie du pays en mai dernier, en compagnie de son épouse Sylvia et son fils Nourredin, incarcérés 20 mois durant à la prison centrale de Libreville pour divers chefs d’accusation, dont le procès aura lieu du 10 au 14 novembre procès à Libreville, fort probablement en l’absence des accusés.
M.-O. Mignonne
