Dans une communication officielle mercredi, le ministre de la Justice, garde des sceaux, chargé des droits humains, Séraphin Akure Davin, a finalement levé un coin de voile sur l’objet des poursuites qui pourraient éventuellement être ouvertes, aussi bien à l’encontre de Maître Gisèle Eyué Békalé, qu’à l’endroit de la juge d’instruction, dans le cadre de l’affaire des fuites des vidéos qui ébranlent la toile et le monde judiciaire gabonais dans la perspective du procès annoncé de Sylvia et Nourredin Bongo. Pour autant, la sortie de la tutelle, sans le dire clairement, révèle de façon sibylline, les vices de procédures dans la tentative de perquisition et la convocation précipitamment engagées contre l’avocate.
Pour la tutelle, la vidéo en question présenterait un juge d’instruction spécialisé dans le cadre de son instruction en train d’échanger avec un inculpé et son avocat en toute familiarité et sans aucune réserve due à leur statut respectif, constituerait si de tels faits sont avérés, « un manquement grave aux obligations professionnelles du juge et de l’avocat », lit-on.
En considération de la gravité de la situation, « le ministre de la Justice, garde des sceaux a décidé de saisir Madame le Secrétaire permanent du Conseil supérieur de la magistrature et Monsieur le Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Gabon au fin d’engager des enquêtes administratives et déontologiques », conclut la communication de la tutelle

L’initiative du ministre de tutelle de saisir le Conseil supérieur de la magistrature et le Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Gabon sonne comme un désaveu face aux actions menées ces derniers jours contre l’Avocat de Sylvia et Nourredin Bongo, aux yeux de Joëlle Edédéghé Ndong, Journaliste, auteure d’un post abondamment partagé sur les réseaux sociaux.
« Nous saluons le fait que ce communiqué reconnaisse enfin que cette affaire aurait dû relever d’abord d’enquêtes administratives et déontologiques, menées par les institutions compétentes : le Conseil supérieur de la magistrature et le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Gabon », a-t-elle écrit.
« Le communiqué du ministère tente aujourd’hui de reprendre le contrôle narratif, en évoquant la nécessité d’enquêtes professionnelles. Mais nous posons une question simple : Pourquoi avoir commencé par la convocation brutale et la stigmatisation publique, si le cœur du problème est de nature professionnelle et déontologique ? », s’est interrogée la Journaliste, ajoutant que « la procédure lancée contre Maître Gisèle Eyué Békalé est déséquilibrée et illégale dans sa forme. Il serait donc normal que cette procédure soit immédiatement suspendue, dans la logique même du communiqué publié par le ministre », a-t-elle suggéré.
Libérés le 12 mai dernier, selon les termes de la communication officielle du Parquet, l’ancienne première dame et l’aîné du couple présidentiel déchu sont poursuivis depuis septembre 2023 pour une série de chefs d’accusation, dont détournement de deniers publics, faux et usage de faux, corruption active, blanchiment de capitaux, usurpation de titres, recel et association de malfaiteurs.
Leur procès est prévu pour se tenir entre les 10 et 14 novembre 2025 à Libreville.
Elliott Ana Merveille
