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Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Philippe Mory, le père du cinéma gabonais, réalisateur et l’un sinon le meilleur acteur du cinéma au Gabon s’est suicidé mardi soir dans sa résidence de Nzeng Ayong dans le 6ème arrondissement de Libreville où il a passé ses dernières années, rapporte le site d’information Gabonreview.com
« Selon les premiers témoignages, ses voisins ont entendu, du studio qu’il occupait à Nzeng-Ayong dans le 6e de Libreville, une détonation d’arme à feu puis le bruit sourd d’une masse tombée. Ayant accouru, ils ont découvert que le réalisateur de « Les tamtams se sont tus », s’est tiré une balle de fusil à pompe dans la bouche », écrit le confrère.
Le cinéaste le plus célèbre et talentueux du Gabon ne présentait pourtant pas de signes particulières de détresse.
Selon un proche, il devait se rendre à Bongolo, célèbre hôpital de campagne situé à plus de 500 km au sud de Libreville, pour se faire opérer d’une cataracte.
L’homme qui a vécu sa vie comme dans un film a donc mis fin à son existence par une mise en scène qu’aucun autre réalisateur ne pouvait imaginer.
Né en 1935, Philippe Mory démarre sa carrière cinématographique en France. Comédien de théâtre et de cinéma, l’homme participe d’abord en tant que comédien au tout premier court métrage qui marque le début de la cinématographie officielle d’Afrique noire : Afrique sur Seine, de Paulin Soumanou Vieyra. (1954). Il est de nouveau acteur dans L’enfant au fennec de Jacques Dupont (1958)
Repéré par le cinéaste Michel Drach, Philippe Mory devient le premier comédien d’origine africaine, à tenir un rôle principal dans un film français, On n’enterre pas le dimanche (prix Louis Delluc 1959).
En 1962, il écrit le scénario de La cage réalisé par Robert Darène, avec Marina Vlady et Jean Servais dans lequel il joue. C’est le premier long métrage tourné au Gabon voire même en Afrique noire indépendante. Il joue ensuite adns Les filles sèment le vent de Louis Soulannes (1960).
En 1964 il participe à un coup d’Etat qui visait à renverser Léon Mba, le premier président gabonais. Il est vingt-quatre heures ministre de la Culture. Le temps pour la France de faire intervenir ses « marines », le 6ème BIMA. Ses trois années de prison n’ont nullement entamé son engagement et il n’a pas cessé d’apporter son énergie au développement du cinéma au Gabon et en Afrique.
En 1971, il réalise son premier et unique film Les tam-tams se sont tus. Il crée en 1975 avec d’autres pairs cinéastes africains la Fédération Panafricaine des Cinéastes (FEPACI), et la même année le Centre National du Cinéma gabonais (CENACI).
Il reprend sa carrière d’acteur avec Le grand blanc de Lambaréné de Bassek Ba Kobhio (1994), Orèga de Marcel Sandja (1997), Go zamb’olowi (Au bout du fleuve) de Imunga Ivanga (1999), Dolè de Imunga Ivanga (2000), Les couilles de l’éléphant de H-J Koumba Bididi (2000) et L’ombre de Liberty de Imunga Ivanga (2006).
Martin Safou, Gabonreview et www.cineclubdecaen.com