Les députés « sommés » de voter la loi qui prive les journalistes de leur droit d’élire 2 des 9 membres de la HAC

La rumeur devient une vérité. La ministre chargée des relations entre les institutions et le parlement, Denise Mekamne, s’est rendue jeudi devant la Commission communication de l’Assemblée nationale pour demander aux députés de voter urgemment le projet de loi qui privera les journalistes de leur droit d’élire 2 des 9 membres de la Haute autorité de la communication (HAC) comme en mai 2018.

Denise Mekamne défend notamment le projet de loi portant réorganisation et fonctionnement de la HAC. L’article 5 modifie le mode de désignation des membres de la HAC. Désormais, seuls le Président de la République, le Président du Sénat et le président de l’Assemblée nationale sont habilités à désigner les 9 membres de la HAC. Soit 3 à chacun d’eux. C’est ce qui se faisait avant le dialogue politique d’Angondjè de 2017. Au cours de ce dialogue, les journalistes avaient arraché une victoire de la classe politique d’élire 2 de leurs représentants pour siéger à la HAC.

Les journalistes avaient désormais le droit d’élire 2 de leurs collègues pour siéger à la HAC. C’était acté. Le président de la République (3), 2 pour le président du Sénat et 2 autres pour son collègue de l’Assemblée nationale.

Les deux journalistes qui ont bénéficié de cette disposition sont Timothée Boussiengui (Memey) et Abel Mimongo élus en mai 2018 lors d’un scrutin âprement discuté organisé dans les locaux de la Maison de la Radio.

Malgré leur extrême minorité, ces deux journalistes indépendants auraient, lors des délibérations, donné du fil à retordre à leurs 7 autres collègues nommés par le pouvoir.

Timothée Memy et Abel Mimongo / Gabonactu.com
Timothée Memy (costume) et Abel Mimongo © Gabonactu.com

Estimant que l’institution n’était plus devenue lice et manipulation à souhait, le gouvernement a rapidement imaginé cette loi qui doit s’appliquer dès le mois de mai ou juin dans le cadre du renouvellement des mandats actuels qui tirent vers la fin.

Beaucoup de journalistes dénoncent un recule démocratique et un mauvais saucissonnage des accords d’Angondjè.

La révision intervient quasiment au lendemain de la publication par l’ONG Reporters sans frontières (RSF) du classement mondial de la liberté de la presse. En 2023, le Gabon a gagné 11 places devenant ainsi 94ème contre le 105ème rang mondial en 2022.

Le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) étant majoritaire dans les deux chambres du parlement, la loi ne risque pas d’être retoquée ni rejetée.

Antoine Relaxe

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