Disparition d’enfants : le gouvernement menace les journalistes de Gabon Matin

Le ministre de la Communication, Pascal Houagni Ambouroué, dans un point de presse lundi à son cabinet, a adressé une sévère mise en garde contre l’équipe rédactionnelle de l’hebdomadaire gouvernemental « Gabon Matin » pour avoir diffusé un dossier de 4 pages sur les disparitions présumées d’enfants à Libreville dont les annonces largement ventilées sur les réseaux sociaux créent la psychose dans le pays.

« Le gouvernement s’indigne de la Une de l’hebdomadaire Gabon Matin en sa parution du jour titrée : Phénomène des disparitions d’enfants « L’alerte« , souligne la déclaration.

Profondément irrité le gouvernement accuse ce journal d’Etat de créer la psychose auprès des populations.

« Le gouvernement rappelle qu’il n’appartient pas à la presse de créer des psychoses de nature à troubler la quiétude de nos compatriotes même si le gouvernement réaffirme son attachement au principe de prévention », insiste le texte lu par le ministre de la Communication.

 « Ces dérives sont fortement et sévèrement sanctionnées ailleurs et le Gabon ne peut déroger à la règle », a averti le ministre sans dire si les nombreux avis de recherche d’enfants actuellement ventilés sur les réseaux sociaux sont fondés ou fantaisistes.

En page intérieur, Gabon Matin a titré : « le phénomène des « disparitions » refait surface ».

« Le fléau crée la psychose chez les populations. La capitale gabonaise, Libreville fait face ces derniers jours à une recrudescence des avis de recherches indiquant la disparition notamment d’enfants », a décrit l’Hebdomadaire.

« La parole gouvernementale est vivement attendue afin de baisser la psychose », urge la rédaction de ce journal où exercent des agents de la fonction publique.

En page 4, Gabon Matin recommande aux familles de se rendre dans les commissariats de police ou de gendarmerie pour « faire constater la disparition et lancer un avis de recherche ». Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Les avis de recherche pullulent sur les réseaux sociaux (WhatsApp et Facebook notamment). Ces avis sont accompagnés d’une photo, de deux ou 3 numéros de téléphones (souvent injoignables) pour contacter la famille.

Pascal Houagni Ambouroué © Gabonactu.com

La police anti-criminalité n’a pas encore communiqué sur la véracité ou pas de ces avis. Elle n’a pas non plus communiqué sur une vidéo devenue virale sur la blogosphère dans laquelle un groupe d’écoliers apeurés soutiennent avoir échappé à un kidnapping.

A ce jour un cas avéré de disparition d’un élève a été notifié. Anges Jérémie Kakouo Awounga, 12 ans, élève au Lycée national Léon Mba a disparu le 15 avril. Sa dépouille a été retrouvé le 18 avril sur la plage située en face de son lycée. La famille avait lancé un avis de recherche sur les réseaux sociaux puis un communiqué pour annoncé son décès.

Le sujet sur les enlèvements d’enfants est très sensible au Gabon. En janvier 2020, Libreville s’était embrasée. Des rumeurs annonçant l’enlèvement des enfants quasi simultanément dans plusieurs quartiers avaient provoqué des manifestations spontanées ponctuées par des barricades, des incendies des pneus sur la voie publique, la casse de voitures… Deux automobilistes, eux-mêmes pères de famille avaient été lynchés à mort par la foule pour avoir été pointé du doigt comme des kidnappeurs d’enfants.

Le gouvernement avait suspendu les cours pendant plusieurs jours afin ramener le calme.

Camille Boussoughou

3 thoughts on “Disparition d’enfants : le gouvernement menace les journalistes de Gabon Matin

  1. Il est tout de même curieux de voir cette réaction du gouvernement qui s’indigne d’un article de journal qui pointe un problème qui est loin d’être une vue de l’esprit au Gabon. Erreur tactique (comme d’hab, me direz vous), ou avoeu de culpabilité ?

    J’ai peut-être raté un épisode. Mais qui a vu une réaction une réaction d’un ministre gabonais quand le petit surnommé « Le blanc » a disparu ? Qui a vu un début de réaction de ce même gouvernement chaque fois que l’alerte est donnée sur la disparition d’enfants, sur les cadavres mutilés sont retrouvés un peu partout dans le pays ?

    Il y a des gens au Gabon dont les noms reviennent avec récurrence dans des affaires de d’enlèvements, de séquestration, de mutilation, de crimes de sang, de crimes rituels… Aucun d’entre eux n’a jamais été inquiété. Pas même ceux vers qui convergent de d’intenses faisceaux de présomption. Mais dès qu’il y a la moindre démarche visant à faire prendre conscience du danger, le gouvernement se souvient qu’il a un peuple à protéger de la psychose.

    Mais la psychose, c’est eux qui la répandent dans le pays, avec leur imposture, leur impunité, leur cynisme, leurs arrestations, leurs emprisonnements, leur terreur qu’ils font régner sur ceux qui osent dénoncer les nombreux désastres que cause le fait qu’ils confisquent tout, jusqu’à la moindre parcelle des droits des Gabonais de vivre libres sur la terre de leurs ancêtres.

    Ces gens sont parfaitement au courant de ce qui se

  2. Si la population coupait les mains de chaque tueur d’enfants pris en flagrant délit avant d’appeler la police qui ne donne jamais suite aux affaires de crimes rituels, les candidats à cette pratique macabre réfléchiraient à deux fois avant de passer à l’acte.

    Les imposteurs de la République n’apporteront jamais de solutions à ce problème. C’est eux commanditaires.

  3. Le pays ne devrait pas avoir à déplorer la disparition d’un seul enfant.
    Monsieur le Ministre, dites nous, la psychose ce serait à partir de combien d’enfants disparus s’il s’agissait des vôtres ???‽???

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