Déclaration de Libreville sur l’agenda commun des Femmes de la CEEAC pour la Promotion des Droits des Femmes et leur Autonomisation 

Dans une déclaration conjointe, dite déclaration de Libreville, les femmes Ministres en charge du genre et de la promotion des droits des femmes de la CEEAC, ont à l’issue de la conférence de haut niveau organisée du 25 au 27 mai 2023, recommandé plusieurs résolutions. Lecture.

« Nous, Ministres en charge du genre et de la promotion des droits des femmes de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), les experts techniques, les partenaires humanitaires et du développement, les représentant(e)s de la société civile des États membres de la CEEAC, réunis les 25 et  26 mai 2023, à Libreville, à la Conférence de Haut Niveau de la CEEAC sur la Promotion des droits des femmes et de leur  autonomisation, sous le thème : « Bâtir en Afrique Centrale un Agenda Commun pour la Promotion des Droits des Femmes et leur Autonomisation », organisée dans le cadre de la mise en œuvre de la Feuille de route de la mandature de Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA, Président de la République Gabonaise, Président en exercice de la CEEAC, et  sous le haut patronage de la Distinguée Première Dame du Gabon, Madame Sylvia BONGO ONDIMBA.

Pendant deux jours, nous avons, avec succès, fait le point sur la condition de la femme dans la sousregion de la CEEAC, des politiques publiques et des efforts entrepris par les Etats Membres et la Commission pour promouvoir les droits des femmes et des filles, réduire les disparités de genre ainsi que les inégalités entre les sexes au niveau de l’Afrique Centrale. Nous avons également identifié les défis courants, partagé les données et les meilleures pratiques, renouvelé notre engagement mutuel pour la promotion des droits des femmes, de leur autonomisation au travers de cette Déclaration relative à l’Agenda Commun pour la promotion des droits des femmes et leur autonomisation pour la Communauté.

PRÉAMBULE

RECONNAISSANT que l’égalité hommes-femmes est une vision commune de la justice sociale et des droits humains dans notre sous-région et sommes résolus à faire progresser les objectifs d’égalité, de développement et de paix pour toutes les femmes de l’Afrique Centrale.

REMERCIANT le Président en exercice de la Communauté qui a inscrit l’égalité entre les femmes et les hommes comme une priorité spécifique et transversale de sa mandature et a engagé une coopération entre les Etats pour harmoniser leurs efforts dans les domaines du développement de stratégies et de plaidoyers, de promotion de mesures juridiques, du renforcement de l’expertise et de la consolidation de réseaux, ainsi que pour mobiliser des ressources au profit de l’égalité entre les femmes et les hommes.

CONSIDÉRANT le Protocole à la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’égard des femmes (1995), la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux Droits des Femmes en Afrique (2003) (Protocole de Maputo), le Traité révisé de la CEEAC (2020), le Plan stratégique indicatif de la CEEAC (2021 -2025),  qui fournissent un cadre global, régional et sous-régional pour les droits des femmes et des filles et appellent les États Membres de la CEEAC à allouer des ressources budgétaires conséquentes pour la mise en œuvre et le suivi des interventions visant à prévenir et à éradiquer la violence à l’égard des femmes et des filles ;

RECONNAISSANT l’importance de la tenue d’une Conférence de Haut niveau multipartite en vue de bâtir en Afrique Centrale un Agenda Commun pour la promotion des droits des femmes et leur autonomisation ;

PROFONDEMENT PRÉOCCUPÉS par la persistance des inégalités entre les sexes dans notre sous-région en proie à des conflits, à des catastrophes humanitaires et naturelles,  à la pauvreté, au changement climatique, terrorisme, aux violations des droits humains, les violences basées sur le genre, l’exclusion et le manque de prise en compte des problématiques des femmes, des jeunes et des enfants dans les processus de prise de décisions et la différence numérique existant entre les hommes et les femmes.

RECONNAISSANT que les défis et obstacles majeurs pour promouvoir l’autonomisation des femmes nécessitent un leadership politique supplémentaire, renforce et des efforts concertés et collectifs pour accélérer la réalisation de l’Objectif de Développement durable 5 et les Aspirations de l’Agenda 2063 relatifs à l’égalité homme-femme et l’autonomisation des femmes  afin de  parvenir à une croissance et à un développement économiques inclusifs et durables dans la région.

Nous nous engageons sur les 5 axes stratégiques suivants :

  1. Prendre des mesures supplémentaires pour veiller à la participation encore plus visible et active des femmes aux processus de maintien et de consolidation de la paix, de prévention et de règlements des conflits en Afrique Centrale.
  2. Soutenir la mise à jour des cadres juridiques et politiques en faveur de l’égalité des sexes. Cela inclut l’adoption et la mise en œuvre de lois et de politiques qui garantissent les droits des femmes, protègent contre les violences basées sur le genre et favorisent l’égalité des chances dans tous les domaines de la vie.
  3. Investir massivement dans l’autonomisation économique des femmes. Cela sous-entend de faciliter leur accès au crédit, aux ressources financières, à la formation professionnelle et à l’entrepreneuriat, au leadership féminin. Il s’agit de créer un environnement favorable pour les femmes entrepreneures, de favoriser leur participation dans les secteurs économiques clés et d’éliminer les obstacles structurels à leur plein épanouissement économique.
  4. Garantir l’accès universel à l’éducation de qualité pour les filles et les femmes dans la mesure où l’éducation est un levier puissant pour l’autonomisation et le développement des femmes. Il est ainsi impératif de garantir un accès équitable à l’éducation à tous les niveaux, en éliminant les disparités de genre, en offrant des programmes d’éducation adaptés et en luttant contre les pratiques culturelles et traditionnelles qui entravent la scolarisation des filles.
  5. Renforcer les mécanismes de protection des droits des femmes et de lutter contre les violences basées sur le genre, étant entendu que la violence à l’égard des femmes est une violation flagrante de leurs droits fondamentaux et un obstacle majeur à leur autonomisation. Pour ce faire, il convient de renforcer également les institutions chargées de faire respecter les lois, de mettre en place des mécanismes de soutien et de protection des victimes et de sensibiliser l’ensemble de la société pour éradiquer ces pratiques destructrices.

Tenant compte des conclusions de la Conférence de haut niveau de la CEEAC sur  la promotion des droits des femmes, nous formulons les recommandations suivantes :

  1. Travailler ensemble, sans réserve, pour assurer la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité des Etats Membres de la Communauté ;
  2. Accélérer l’opérationnalisation du Réseau des Femmes médiatrices de la CEEAC.
  3. Supporter la participation active et le leadership des femmes et des filles dans toutes les sphères politiques, sociales, culturelles et économiques.
  4. Encourager les différents ministères des Etats Membres à travailler de manière concertées à la prévention, atténuation et réponse aux violences faites aux femmes et aux filles.
  5. Faire un audit des institutions nationales et régionales en charge du Genre.
  6. Mettre en place un Fonds Humanitaire Régional pour l’Afrique Centrale en vue de soutenir une réponse humanitaire cohérente aux urgences sous-régionales.
  7. Accélérer l’opérationnalisation du Fonds pour l’autonomisation et l’accompagnement de l’entreprenariat féminin à travers un partenariat multi-acteurs à un niveau sous-régional, régional et global.
  8. Œuvrer pour la participation active des femmes entrepreneures aux échanges intra-africains à travers une mise en œuvre inclusive de la Zone de libre-échange continentale africaine et son volet sousregionale.
  9. Opérationnaliser dans les plus brefs délais le Réseau des Femmes entrepreneures de la CEEAC pour promouvoir des projets de développement d’entreprenariat dans la région, mettre en relation les femmes entrepreneures de la région et soutenir les femmes dans leur parcours professionnel.
  10. Promulguer des lois prenant en compte des mesures d’actions positives en faveur des femmes entrepreneurs, notamment en s’assurant qu’une part des marches publics leur soit garantie.
  11. Encourager le commerce régional, à travers, l’organisation des foires transfrontalières.
  12. Encourager la recherche et le développement des produits innovants dans le domaine de la microfinance.
  13. Garantir des mesures de réduction des risques de catastrophe, d’adaptation aux changements climatiques, de viabilité environnementale qui prennent en compte la dimension genre et s’engagent à développer la résilience des communautés touchées par les aléas climatiques.
  14. Assurer une meilleure protection des droits humains, avec une attention particulière de ceux des femmes en situation de conflit et de crise humanitaire contre les violences faites aux femmes et aux filles, particulièrement les violences sexuelles liées aux conflits.
  15. Adopter et mettre en œuvre une Convention sur la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles dans la CEEAC qui servira de cadre juridique pour mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles en Afrique Centrale.
  16. Travailler sur la mise en place d’un cadre juridique sous-régional des enfants, particulièrement en situation de conflit.
  17. Mettre en place des programmes impliquant les hommes à s’approprier les valeurs fondamentales qui définissent les expressions positives de la masculinité en Afrique Centrale ;
  18. Encourager le secteur privé à développer et mettre en œuvre des politiques et des programmes en vue de l’inclusion économique et financière des femmes
  19. Développer, financer et soutenir des stratégies individuelles et collectives d’intégration des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) sensibles au genre dans les Etats Membres de la CEEAC.
  20. Institutionnaliser la présente Conférence de Haut niveau qui se tiendra, au siège de la CEEAC, tous les deux ans, et la tenue d’une réunion des experts de manière rotative dans les pays de la CEEAC pour assurer le suivi de la mise en œuvre de nos résolutions, ainsi que la création d’un TABLEAU DE BORD régional
  21. Organiser une concertation avec les partenaires en marge de l’Assemblée Générale des Nations Unies ».

Gabonactu.com

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