Violence numérique : Trop de victimes au Gabon et c’est inquiétant ! (Tribune libre par Daniel Etienne)

La violence numérique s’impose désormais comme un des fléaux les plus insidieux de notre société. La liste des victimes s’allonge chaque jour. Au Gabon, les principales cibles sont les acteurs publics et les jeunes femmes. Les auteurs de cette violence se « masturbent » sans se soucier des dégâts causés à la réputation, à l’équilibre psychologique et à la vie sociale de nombreux Gabonais.

Dans une récente vidéo devenue virale, la Première dame du Gabon, Zita Oligui Nguema, a tiré la sonnette d’alarme en appelant à une réponse nationale face à ce fléau. Elle y évoque sans détour les conséquences dramatiques de la violence numérique sur les victimes et sur la cohésion sociale. Pourtant, cette prise de conscience au plus haut niveau de l’État a, paradoxalement, déclenché une vague d’attaques numériques dirigées contre elle-même. Une réaction révélatrice du degré de déliquescence morale auquel nous sommes confrontés et de l’urgence d’une mobilisation collective.

Un mort connu

Le Gabon n’en est malheureusement pas à son premier drame lié aux dérives des réseaux sociaux. Il y a quelques années, notre compatriote Gervais Patrick Obame Eyeghe avait trouvé la mort à la suite d’un lynchage populaire, nourri par une psychose entretenue sur la base de fausses informations massivement relayées en ligne au sujet des « gros bonnets » adeptes d’enlèvement d’enfants.

Injustement pointé du doigt comme un kidnappeur d’enfants à la sortie de l’école, Gervais Patrick Obame Eyeghe avait été sauvagement assassiné. Ce tragique épisode avait profondément choqué la nation et aurait dû servir de leçon sur les dangers d’une utilisation irresponsable du numérique.

Zita Oligui Nguema & Tanguy Gahouma

Plus récemment, et encore aujourd’hui, un autre compatriote, Tanguy Gahouma, Directeur général de l’Environnement, est la cible d’un cyberharcèlement intense fondé sur des rumeurs. L’objectif est clair : salir une réputation construite sur de longues années, fragiliser un homme et, au-delà, dissuader toute réussite ou ascension jugée dérangeante. Cette violence est une gangrène qui ronge notre société et menace le vivre-ensemble.

Avant Tanguy Gahouma, c’est Zita Oligui Nguema qui a été mitraillée des propos irrévérencieux et désobligeants sur les réseaux sociaux pour avoir publié une courte vidéo condamnant ces violences devenues un sport national.

Via l’intelligence artificielle, son image a été tronquée au détriment de sa personnalité et surtout de la dignité humaine.

La liste des victimes n’est pas exhaustive. Alain Claude Bilie By Nze, leader politique et même des journalistes sont les proies faciles de ces monstres froids.

Ce qui choque le plus, c’est la facilité avec laquelle des cyberharceleurs s’attaquent à d’honnêtes citoyens, pourrissent leur quotidien, détruisent leur image publique, sans craindre la moindre conséquence. Cette impression d’impunité alimente la récidive et banalise des actes pourtant lourds de conséquences humaines, parfois irréversibles.

Face à ce fléau, la réponse doit d’abord passer par une prise de conscience généralisée. Chaque Gabonais doit comprendre que partager une rumeur, relayer une accusation non vérifiée ou participer à un lynchage numérique fait de lui un acteur de la violence. Il est essentiel d’apprendre à vérifier l’information, de respecter la vie privée et de mesurer l’impact de ses actes en ligne. Les victimes doivent être mieux informées et accompagnées sur les moyens de se défendre et avoir un accès facilité à l’assistance juridique et psychologique. Ce travail qui peut être fait par des associations et ONG dont l’expertise est avérée sur ce sujet.  

Enfin, la fermeté de la justice gabonaise est attendue. Le cadre légal existe, mais il doit être appliqué avec rigueur afin que les auteurs de cyberharcèlement répondent effectivement de leurs actes.

Daniel Etienne, Penseur libre

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