Gabon :  un plan national d’adaptation en gestation pour endiguer l’érosion côtière

Alors que Port-Gentil continue de subir la montée du niveau de la mer, l’érosion du littoral, la recrudescence des inondations et les actes inciviques, la ville entre dans une nouvelle phase d’élaboration de son plan d’adaptation aux changements climatiques. Cette démarche s’inscrit dans la préparation du deuxième Plan National d’Adaptation (NAP-II) du Gabon, avec pour ambition de traduire localement les orientations nationales en matière de résilience côtière.

Depuis plusieurs études, la capitale économique est identifiée comme l’une des zones les plus vulnérables du pays. Une grande partie de son territoire est régulièrement exposée aux inondations, tandis que la morphologie de l’île Mandji évolue sous la pression des phénomènes marins. Ces constats nourrissent déjà plusieurs stratégies nationales d’adaptation du littoral et des diagnostics sectoriels recommandant des protections physiques associées à un réaménagement urbain.

C’est dans ce contexte qu’une importante délégation du ministère de l’Environnement, de l’Écologie et du Climat, conduite par le Secrétaire général adjoint Jean Félix Mabiala, accompagnée membres du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), a séjourné à Port-Gentil pour échanger avec les acteurs locaux du secteur.

« La phase II du NAP vise à proposer des mesures d’adaptation techniquement robustes, financièrement viables et alignées sur les priorités nationales du plan durable. La lutte contre les changements climatiques ne peut réussir sans la participation active des populations », a rappelé Jean Félix Mabiala.

Placés sous le thème : « quelles actions pour notre adaptation face aux effets des changements climatiques ? », les échanges ont porté sur l’analyse des vulnérabilités et l’identification des actions prioritaires à mener au niveau territorial. Bien que le Gabon soit couvert à plus de 80 % de forêts et considéré comme un acteur majeur dans la lutte climatique mondiale, le pays subit des impacts sévères : inondations récurrentes, érosion côtière, perturbation des saisons agricoles, pression accrue sur les écosystèmes, fragilisation du patrimoine hydrique national. Ces phénomènes affectent les cultures, la pêche, les infrastructures et menacent aujourd’hui directement les communautés locales.

Pour Jean Félix Mabiala,  « il y a des initiatives développées autour des questions climatiques, notamment : le renforcement du cadre juridique par la loi sur les changements climatiques, celle sur les plastiques à usage unique, la mise en œuvre du Plan climat, les politiques durables des forêts, la valorisation des services écosystémiques, ainsi que la sensibilisation et l’implication des communautés locales ».

Le futur plan d’adaptation repose sur plusieurs axes : cartographie des zones à risque, modélisation des impacts climatiques (élévation du niveau de la mer, pluies extrêmes), restauration des mangroves en tant que barrières naturelles, renforcement des digues, réhabilitation des réseaux de drainage urbain.

« La phase II vise à affiner l’analyse des risques climatiques à l’échelle nationale et à identifier les secteurs vulnérables. Chers partenaires, votre participation est décisive », a insisté M. Mabiala.

L’urbanisme occupe également une place centrale : il s’agit d’actualiser les schémas d’occupation des sols, de relocaliser les zones à risque et d’intégrer des normes de construction résilientes. Des projets pilotes de requalification urbaine, déjà expérimentés ailleurs au Gabon, pourraient servir de modèle à Port-Gentil, comme l’a souligné Henry Michel Auguste, président de l’ONG H²O Gabon.

« Il faut attendre que les autorités prennent de bonnes décisions, en espérant que ce ne sera pas trop tard. Je ne souhaite pas que notre belle ville soit rayée de la carte. On a des zones basses déjà bien attaquées par les eaux, et les zones hautes suivront. On peut freiner mais ce n’est pas ce qui va régler le problème. Les deux solutions viables seraient soit de déplacer la ville sur l’eau, soit de déplacer Port-Gentil vers Lambaréné pour qu’elle soit plus au sec », a-t-il proposé.

Toutes les parties prenantes ont pu discuter sur l’appui technique, aux études et à la mobilisation des financements nécessaires. Cette mission de consultation vise à assurer une véritable appropriation du plan par les populations.

« Il faut situer la question des changements climatiques par rapport à notre pays. Et pour cela, il faut disposer d’instruments capables de renseigner sur les conditions du temps, ce qui n’est pas encore le cas. D’où l’importance d’orienter cette démarche vers les risques liés à l’évolution du climat », a expliqué Désiré Mounganga, chercheur au Centre national de la recherche scientifique et consultant principal du NAP II.

Pour Port-Gentil, l’enjeu est crucial : protéger les infrastructures économiques stratégique, tout en garantissant la sécurité et les moyens de subsistance des populations des quartiers côtiers. Les autorités alertent sur la nécessité d’une action rapide pour éviter que les phénomènes déjà observés ne s’aggravent au point de menacer de vastes zones de la ville. 

       Jean-Jacques Rovaria Djodji

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