Pourquoi les vols intérieurs au Gabon coûtent si cher ?

Ce qui est qualifié d’explosion des tarifs aériens au Gabon s’explique moins par le coût du kérosène que par une kyrielle de taxes, dont on trouve à peine les traces justificatives sur les titres de transport émis. Entre redevances gouvernementales, sécurité, navigation et marges de profit des compagnies aériennes, le fardeau fiscal alourdit sérieusement le coût du transport aérien domestique. Prendre un avion au Gabon demeure un luxe pour le citoyen lambda, voire même un fonctionnaire moyen de l’administration gabonaise.

aéroport Léon Mba de Libreville / Gabonactu.com
aéroport Léon Mba de Libreville / Gabonactu.com

Selon les sources généralement bien renseignées, la flambée des prix des billets d’avion au Gabon n’est pas un simple effet d’inflation : elle est largement portée par des révisions fiscales significatives. Depuis le 1er juin 2025, la redevance de sûreté aérienne sur les vols domestiques a plus que doublé, passant de 3 000 à 7 000 Francs CFA par passager. 

Pour les vols régionaux, cette taxe grimpe de 7 000 à 18 000 FCFA, soit +157 %.  Ces recettes sont censées financer des dispositifs renforcés de sûreté dans les aéroports, mais leur impact sur le prix final du billet est immédiat. En plus, d’autres redevances (navigation aérienne, redevances d’aérodrome) imposées par l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA) alourdissent la facture.

De leur côté, les compagnies aériennes locales comme Afrijet / Fly Gabon ou Africa United subissent la pression : elles doivent jongler entre rendre les vols accessibles et absorber les hausses de taxes.  Afrijet a parfois proposé des billets très abordables, comme un aller simple Libreville–Port-Gentil à 49 900 Francs CFA. 

Mais ces offres bon marché sont contingentes : des taxes élevées, des promotions ponctuelles et une gamme tarifaire qui monte à 100 000 Francs CFA et plus sur d’autres créneaux selon la demande.  L’entreprise a récemment dénoncé la part grandissante des taxes dans le prix total du billet, la qualifiant de « inédite au Gabon ».

Au Gabon, le véritable coût des voyages aériens ne se lit toujours pas clairement sur le billet. Il est caché derrière un empilement de taxes que chaque passager finit par payer. Plutôt que de pointer uniquement du doigt les transporteurs, il faut questionner la politique fiscale du secteur : peut-on concilier sécurité, développement du transport aérien et accessibilité des prix ?

Sans un équilibre plus juste, les hausses de redevances risquent de creuser une fracture économique entre les territoires, alors même que l’avion reste un des seuls moyens de mobilité rapide dans le pays.

Selon les statistiques officielles, en raison des taxes aéroportuaires élevées, le Gabon est souvent cité comme l’un des pays les plus chers en 2025. D’autres pays comme la Sierra Léone et le Nigéria apparaissent également sur les listes de destinations avec des taxes de départ intercontinentaux élevées.

Alph ’-Whilem Eslie et Nkili Akieme

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