A l’instar de la communauté internationale, le Gabon célèbre ce 25 novembre, la Journée dédiée à l’élimination des violences à l’égard des femmes. Un rendez-vous majeur pour rappeler l’urgence de protéger les femmes et les filles. La présente édition se déroule sous le thème mondial « Tous unis pour mettre fin à la violence numérique contre les femmes et les filles », décliné sur le plan local sous le thème : « Tous unis contre les violences faites aux femmes pour un Gabon plus juste et égalitaire ». À l’occasion de cette journée, le ministère de la Femme, de la famille et de la protection de l’enfance, Elodie Diane Fouéfoué Sandjoh, a lancé officiellement la campagne nationale des 16 jours d’activisme, du 25 novembre au 10 décembre 2025.
Plusieurs activités sont prévues, notamment une campagne de sensibilisation dans le Grand Libreville, des visites des centres de prise en charge des femmes victimes de violences, des projections de films éducatifs, un atelier de formation sous l’égide de ONU Femmes, la validation du 8ᵉ rapport PI-CDEF, ainsi que l’actualisation du circuit national de prise en charge des victimes.
Une caravane de communication pour le changement social et comportemental et un atelier réunissant les organisations féminines de la société civile complètent le programme.
La ministre de la Femme, de la famille et de la protection de l’enfance, Elodie Diane Fouéfoué Sandjoh a l’opportunité et la solennité de l’événement pour dénoncer l’ampleur des violences que subissent quotidiennement de nombreuses femmes et filles dans le pays. Elle a rappelé les cas de féminicides enregistrés ces dernières années et l’impunité qui accompagne encore trop souvent ces crimes.
Le membre du gouvernement a indiqué qu’en ratifiant plusieurs conventions internationales, dont la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes (CEDEF), le Gabon s’est résolument engagé à lutter contre toutes les formes de discriminations et de violences à l’égard des femmes.
Côte d’alerte – Responsabilités partagées
Les statistiques disponibles confirment l’urgence de la situation. Selon le rapport annuel 2024 du Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA), 45 % des femmes gabonaises ont été victimes de violences physiques au moins une fois dans leur vie.
Parmi elles, seules 43 % ont pu solliciter de l’aide. Le même rapport indique que dans 45 % des cas, l’auteur est le conjoint actuel, soulignant la prévalence des violences domestiques. Ce qui met en évidence l’ampleur du silence et des obstacles existants.
Les analyses pointent également un manque de moyens dédiés aux structures d’accueil, une application inégale des lois et une coordination institutionnelle encore insuffisante. La ministre a longuement insisté sur l’importance du thème choisi cette année, centré sur la violence numérique.
Avec l’évolution rapide des technologies, de nouvelles formes de violences se multiplient harcèlement en ligne, menaces virtuelles, cyberintimidation et diffusion non consentie de contenus privés. Elle a appelé à renforcer les mécanismes de prévention et de protection, rappelant que les espaces numériques doivent devenir des lieux sûrs, responsables et respectueux des droits humains.
La ministre a rappelé que la lutte contre les violences faites aux femmes ne saurait être menée par un seul ministère, ni se limiter à une seule journée de commémoration. Elle a insisté sur la responsabilité partagée des familles, des établissements scolaires, des leaders religieux, des médias, des opérateurs télécom, des forces de défense, de la justice, des jeunes et des adultes.
Par conséquent, elle a lancé un appel à la mobilisation générale, déclarant que le pays doit adopter une tolérance zéro face aux violences numériques et à toutes les autres formes de violences faites aux femmes et aux filles, partout en République gabonaise
M.-O. Mignonne et Tryphène Lembah
