Les responsables de l’ONG Agir pour le Gabon ont célébré, ce jeudi, la 27ᵉ édition de la « Journée nationale sans alcool et sans tabac », une journée durant laquelle les fumeurs et consommateurs des boissons alcoolisées sont invités à observer une pause de 24h.
Fondateur de l’ONG, le Dr. Alphonse Louma président a étalé, à l’occasion, un chapelet de proposition en vue de freiner l’alcoolisation et le tabagisme au Gabon. Il a suggéré de réguler les débits de boisson qui « fleurissent comme des champignons » ; d’augmenter le prix des boissons alcoolisées pour en limiter l’accès ; d’interdire la vente d’alcool et de tabac aux mineurs et contrôler cette interdiction ; d’installer des alcootests sur les axes routiers pour prévenir les accidents liés à l’ivresse ; de faire appliquer la loi anti-tabac, notamment l’interdiction de la vente de cigarettes à l’unité ; de renforcer les messages sanitaires sur les publicités d’alcool.
« Quand on vend une bière moins chère que l’eau, on pousse à la consommation », a dénoncé le docteur Alphonse Louma. « L’alcool et le tabac sont des drogues, au même titre que la cocaïne ou le cannabis. L’État doit cesser d’ignorer cette réalité », a-t-il soutenu.

« Cet événement se déroule depuis 27 ans dans l’indifférence totale des autorités et même de la population. Mais nous, on fait notre part. Si une seule personne peut être sauvée grâce à nos actions, c’est déjà une grande victoire », a pour sa part déclaré Michel Ongoundou Loundah, Secrétaire général d’Agir pour la Gabon.
Créée il y a trois décennies par le docteur Alphonse Louma Eyougha, Agir pour le Gabon s’est donné pour mission de sensibiliser, informer et interpeller sur les ravages de l’alcoolisme, du tabagisme et de la toxicomanie. Une mission que ses membres mènent “sans moyens, sans aide mais uniquement sur la base de leurs propres contributions”.
Cette année, la journée a mis l’accent sur un phénomène préoccupant : la violence en milieu scolaire, que l’ONG associe directement aux effets de l’alcool et du tabac.
« Combien de nos enfants vont à l’école après avoir consommé de l’alcool ? Nos établissements sont toujours entourés de débits de boissons, malgré les décisions ministérielles. Et on s’étonne que les violences s’aggravent », a déploré Michel Ongoundou Loundah.
Pour lui, le drame de ce jeune élève tabassé par ses camarades illustre « le laxisme et la démission des pouvoirs publics ».
Financement
« Après plus de 30 ans d’existence, Agir pour le Gabon n’est toujours pas reconnue d’utilité publique. C’est un scandale absolu », a déploré Michel Ongoundou Loundah qui a interpelé le gouvernement face à cette situation. « Certaines ONG, créées il y a à peine deux ans, ont obtenu ce statut. Pourquoi pas nous ? Nous ne demandons pas une faveur, mais la reconnaissance d’un travail au service de la jeunesse gabonaise », a-t-il regretté.
Cette reconnaissance permettrait, selon lui, à l’organisation de bénéficier de moyens suffisants pour renforcer la lutte contre les addictions et soutenir la prise en charge médicale des personnes dépendantes.

Malgré toute ces observations, les responsables restent déterminés à poursuivre leurs missions sur le terrain.
« Nous refusons de nous laisser gagner par le découragement. Tant qu’il y aura une seule personne à sauver, nous serons là, à faire de la sensibilisation et de l’interpellation », a martelé le vice-président de l’ONG.
Betines Makosso