Chaque rentrée scolaire est un moment à la fois d’excitation et d’appréhension pour les enfants et leurs parents. Excitation, parce qu’elle marque le début d’une nouvelle étape éducative, source de découvertes et de rêves. Appréhension, parce qu’elle met en lumière les inégalités sociales qui traversent la société gabonaise. À Port-Gentil, où le coût de la vie ne cesse d’augmenter, l’achat des fournitures scolaires représente une charge parfois insurmontable pour les foyers modestes.
C’est pour répondre à cette difficulté croissante que l’ONG Aurore a organisé, 15 septembre dernier, une cérémonie de remise de kits scolaires destinés aux enfants issus de familles défavorisées. Près de 100 lots complets, allant de la maternelle au secondaire, ont été distribués. Chaque kit contenait des fournitures essentielles : cahiers, stylos, gommes, ardoises, règles, sacs à dos et autres matériels indispensables. La cérémonie, qui s’est déroulée dans une ambiance conviviale, a rassemblé parents, responsables associatifs, bénévoles et bénéficiaires.
Les enfants, parfois inquiets à l’idée de commencer les cours sans matériel, ont accueilli leurs kits avec un mélange de joie, de soulagement et d’émerveillement. Les sourires éclatants, les chants improvisés et les larmes de bonheur des parents ont marqué cette journée. Pour Ida Flore Maroundou, présidente de l’ONG Aurore, cet acte s’inscrit dans une vision à long terme. Elle a rappelé que cette distribution faisait partie du programme « Un kit scolaire, un avenir », désormais à sa 4ᵉ édition.

« Nous savons que la rentrée est compliquée pour beaucoup de familles, car le chômage est élevé et les fournitures coûtent cher. Ce don vise à accompagner les parents et à donner aux enfants la possibilité d’aller à l’école dans de meilleures conditions», a-t-elle indiqué.
Si cette année, la recherche de donateurs a été particulièrement difficile, l’ONG a néanmoins tenu à maintenir son engagement. Cette persévérance illustre la conviction que l’accès à l’éducation doit être considéré comme une priorité collective, et non comme une charge uniquement familiale. Pour les parents bénéficiaires, ce geste est bien plus qu’une aide matérielle. C’est une véritable respiration dans un contexte économique étouffant. Comme l’a confié Clotilde Mboumba, mère de trois enfants.
Pour elle, « avec l’augmentation des prix, plusieurs de nos enfants risquaient de rester en arrière. Ce geste est un vrai soulagement, il nous redonne de l’espoir ».
Du côté des enfants, la réception d’un kit complet représente souvent une première expérience de dignité et d’égalité avec leurs camarades plus favorisés. Un sac neuf, des cahiers propres, des stylos fonctionnels : autant de symboles qui nourrissent leur confiance et leur motivation. Pour certains, ce geste marque la différence entre l’abandon scolaire et la poursuite des études.
Au-delà de la cérémonie, l’initiative de l’ONG Aurore met en lumière un problème structurel : l’école, bien que gratuite en théorie, demeure coûteuse dans la pratique. Uniformes, fournitures, transport : ces dépenses cumulées constituent des barrières qui accentuent les inégalités sociales. Dans ce contexte, l’action d’Aurore dépasse la simple assistance. Elle devient un plaidoyer silencieux mais puissant pour une meilleure prise en compte des réalités sociales par les politiques publiques.
L’association rappelle ainsi que l’éducation, pour être réellement universelle, nécessite une mobilisation collective. Les pouvoirs publics ont un rôle central à jouer, mais les ONG, les entreprises et les citoyens solidaires doivent également contribuer à bâtir un environnement scolaire inclusif. Chaque kit distribué est plus qu’un don matériel : c’est un investissement social, une brique dans la construction d’une société plus équitable.
En maintenant ce programme malgré les difficultés, l’ONG Aurore envoie un message fort : « il est possible, avec des moyens limités mais une volonté ferme, de changer concrètement la vie des enfants ». L’association, apolitique et indépendante, espère que son exemple inspirera d’autres acteurs à s’engager. Car chaque rentrée scolaire, ce sont des milliers d’enfants qui affrontent le risque de marginalisation faute de moyens. Et chaque geste de solidarité, même modeste, peut contribuer à réduire cette fracture sociale.
En définitive, la cérémonie a montré qu’au-delà des chiffres, des dons et des discours, l’essentiel reste le sourire d’un enfant rassuré et motivé pour affronter son année scolaire. Et c’est là toute la force de l’initiative de l’ONG Aurore : transformer une aide ponctuelle en un véritable moteur d’espoir pour des familles entières.
Jean-Jacques Rovaria Djodji