La situation que vivent les personnels de la société Satram, spécialisée dans la logistique maritime, est innommable et indescriptible. Essayons : un seul mois de salaire perçu depuis le début de l’année en cours (celui de janvier 2025). Cinq (05) ans d’arriérés de salaire cumulés, depuis huit (08) ans que dure la galère de ces masses laborieuses, suite aux difficultés supposées ou réelles décidemment insolubles qui accablent l’entreprise. Voilà pour le résumé.
Le masque des mauvais jours, mines patibulaires, regards hagards et dans le vide, une trentaine d’agents visiblement déprimés et épuisés sont sur le ‘’pied de guerre’’ cette fin de matinée, au nouveau port de Port-gentil, sur le quai de Satram.
Ils ont installé à cet endroit leur piquet de grève où ils se relaient depuis deux (02) semaines sans relâche, de jour comme de nuit, pour manifester leur dépit, leur ras-le-bol.


Les maladies et décès sont régulièrement déclarés dans les foyers de ces pères et mères de familles, qui n’arrivent plus à honorer leurs engagements parentaux, notamment faire face à la scolarité de leurs progénitures.
Pour beaucoup, ils ont regagné le domicile familial, avec conjoints, enfants et bagages; quand d’autres ne sont pas allés squatter chez des âmes de bonne volonté, parce que régulièrement vidés par les logeurs pour insolvabilité.
Ils manifestent certes, mais contre mauvaise bon cœur, ils n’ont pas arrêté de travailler. L’entreprise fonctionne donc régulièrement et est censée faire du chiffre. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, les charges sociales ne sont pas assurées, sans qu’aucune explication concrète ne soit donnée par la Direction générale de l’entreprise.
La hiérarchie de Satram à qui l’Etat, le gouvernement, ne demande non plus aucune explication sur cette situation qui ne fait que trop durer, face à des gabonais précarisés, humiliés jusqu’à la moëlle épinière, se lamentent les agents précarisés.
« Nous avons plusieurs fois interpellé les autorités, mais jusqu’aujourd’hui nous n’avons pas de suite favorable. La situation est vraiment terrible et chaotique à Satram. Nous avons récemment eu une séance de travail avec l’Inspecteur du travail arrivé de Libreville. Nous nous sommes séparés en queue de poisson parce que les propos de notre Directeur général était tout simplement déplacés et dénigrants à notre égard. Nous en appelons à la responsabilité des plus hautes autorités du pays, le président de la République, le ministre des Transports, pour que la situation de Satram soit définitivement prise en main. Satram, ça ne va pas et ça devient intenable », a fulminé Gaëlle Maroga, Déléguée du personnel à Satram.
Les personnels de Satram sont particulièrement remontés et exaspérés devant ‘’l’arrogance’’ et ‘’l’indifférence’’ de la Direction générale de l’entreprise face à leur ‘’misère’’, incapable de respecter l’échéance qu’elle s’est fixée elle-même, soit tous les 45 jours, pour verser les salaires, ont-ils affirmé.
La Direction générale serait même allée récemment, si ce n’était l’opposition des autorités judiciaires locales, jusqu’à requérir l’intervention des forces de l’ordre pour ‘’mâter’’ les manifestations en cours, pourtant pacifiques, a-t-on appris.
Mais au-delà des salaires, diverses autres charges sociales ne sont pas non plus assurées : cotisations CNSS, congés non payés voire pas du tout accordés, contrat d’assurance maladie annulé, etc., déplorent les concernés.
Dans le même temps, les personnels de Satram au bord des nerfs, au bord de la rupture, disent pourtant constater des recrutements, promotions et avantages grossiers accordés au sommet de l’entreprise ; au moment où la situation financière de l’entreprise est présentée comme délabrée.
Certains sur le quai, en sont arrivés à accuser le gouvernement et la société gabonaise toute entière de ‘’non-assistance à personnes en danger’’. « Monsieur le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguéma, il est temps d’agir. Trop c’est trop », a conclu la Déléguée du personnel.
Elliott Ana Merveille
