Récemment, une vingtaine de personnes se sont réunies à proximité des locaux de la station Radio Mandji, situés dans le quartier Sogec du premier arrondissement de Port-Gentil, afin de dénoncer une forme d’escroquerie. Rassemblés au sein des locaux du relais de Radio Gabon, ces personnes apparemment lésées ont manifesté contre les pratiques frauduleuses dont elles ont été victimes de la part d’une entreprise dénommée Safety Breeding. Cette société a mis en place depuis plusieurs années une plateforme numérique d’investissement virtuel.
« Chacun d’entre nous a été victime d’une escroquerie. Safety Breeding a créé une plateforme appelée Potager Virtuel où l’on achète des animaux dans le but de générer un revenu quotidien sur une période déterminée. Certains investisseurs ont engagé des centaines de milliers tandis que d’autres ont investi des millions », a expliqué avec déception Dan Mboumba, l’un des porte-parole des victimes.
Concrètement, pour percevoir un revenu quotidien via Safety Breeding, les adhérents avaient pour tâche virtuelle de nourrir des animaux en investissant financièrement, notamment le pangolin qui constituait l’animal principal commercialisé ces dernières semaines et qui a suscité un intérêt important parmi les Gabonais. Par ailleurs, pour obtenir des récompenses supplémentaires, il leur suffisait simplement de recruter des utilisateurs officiels. Enfin, ils pouvaient percevoir des commissions quotidiennes grâce aux utilisateurs officiels qu’ils avaient fait adhérer à la plateforme.


Une autre victime rapporte que : « j’ai introduit plusieurs personnes qui ont acheté en se fiant à la confiance qu’elles avaient envers moi. Aujourd’hui, je me trouve confronté à des difficultés vis-à-vis de ces personnes que j’ai fait entrer dans le système. Les fonds ne sont pas encore débloqués ; ils restent bloqués dans les agences Airtel et Gabon Télécom ».
Un décès a été enregistré à Port-Gentil. L’investisseuse Carine Nasson souligne que le président devrait prendre en considération l’impact du chômage au Gabon. Selon elle, l’investissement dans de telles structures s’explique par la volonté des Gabonais de s’en sortir face à l’absence d’emplois. Elle déplore que les dossiers déposés ne soient pas retenus, ces opportunités étant réservées à une certaine catégorie de personnes.
Dans le cadre du tableau des prix et revenus des animaux, il est indiqué que l’oie, au prix unique de 10 500 FCFA, permettait à un membre de générer un revenu quotidien de 420 FCFA, soit un total de 153 300 FCFA générés au bout d’un an. Par exemple, pour le mouton vendu à 31 000 FCFA, certains pouvaient percevoir un gain journalier de 1 240 FCFA, conduisant à un revenu final de 452 600 FCFA par an. Concernant le cochon au prix unique de 60 000 FCFA, son alimentation offrait la possibilité d’un revenu quotidien de 2 500 FCFA et d’un revenu total estimé à 912 500 FCFA.
Par ailleurs, une campagne de vente en ligne de pangolins a été organisée afin de faciliter l’échange des points. Plusieurs individus ont acquis ce produit en ligne pour une valeur de 200 000 FCFA ; certains ont même créé deux ou trois comptes. Le porte-parole Dan Mboumba a averti qu’il n’était pas envisageable que Safety Breeding disparaisse ainsi.
D’autres espèces faisaient également partie du programme financier d’alimentation virtuelle proposé par Safety Breeding et auquel plusieurs milliers de Gabonais ont participé avec enthousiasme, notamment l’autruche. Placée sous un investissement virtuel au prix unique de 92 000 FCFA, cette espèce offrait aux investisseurs une récompense journalière de 3 680 FCFA ainsi qu’une commission totale pouvant atteindre 1 343 200 FCFA.
Par ailleurs, le système de récompenses lié au recrutement des utilisateurs officiels était relativement simple. Lorsqu’un membre de l’équipe de niveau 1 procédait à sa première recharge afin d’acquérir un animal, le mentor percevait une commission équivalente à 10 % du montant rechargé par ce membre. Si les membres de l’équipe de niveau 1 poursuivaient leurs investissements dans l’achat d’animaux, le leader de l’équipe recevait alors 5 % du montant des recharges effectuées.

Afin de renforcer la confiance de leurs investisseurs, Safety Breeding a facilité les transactions financières en adoptant les paiements mobiles via Airtel Money et Mobile Cash. Cependant, le lundi 19 mai, les dirigeants de cette entreprise, dont le siège se situait à la descente de Bikélé, ont mystérieusement disparu avec les fonds investis par des Gabonais, estimés à plusieurs centaines de millions de francs CFA. Selon des sources fiables, ce sont plusieurs milliers d’utilisateurs qui ont été victimes de cette escroquerie liée à l’investissement dans le secteur animalier.
Face à cette situation, ces personnes interpellent instamment les plus hautes autorités de la République afin que les responsables de cette structure soient tenus pour responsables devant les instances judiciaires compétentes.
« Il est inconcevable qu’une personne puisse manipuler ainsi la confiance des Gabonais pour ensuite disparaître impunément. Certains ont perdu la vie, d’autres sont hospitalisés ou souffrent d’accidents vasculaires cérébraux parce que Safety leur a dérobé leur argent », déplore Dan Mboumba.
Jean-Jacques Rovaria Djodji
