Ecoles privées : L’Etat n’a encore rien payé, les parents ne seront pas remboursés

Selon des sources généralement bien renseignées, aussi bien au ministère de l’Education nationale que dans les services compétents du Trésor public, aucun paiement récent ne justifierait le remboursement à leurs parents, des frais d’écolage des élèves orientés par l’Etat dans les écoles privées confessionnelles et laïques, au titre de l’année scolaire 2024-2025 en cours. Dès lors, la note ministérielle du 10 avril dernier, appelant au remboursement des parents desdits élèves, est considérée comme « une plaisanterie de mauvais goût » aux yeux des promoteurs et responsables des écoles concernées. Il apparait désormais comme une nécessité pour l’ensemble des partenaires du système éducatif de s’asseoir autour d’une table pour aplanir les divergences et régler définitivement une « affaire » qui commence à faire grand bruit.

Si l’on en croit les mêmes sources, le dernier paiement effectué par l’Etat, au bénéfice des écoles privées confessionnelles et laïques, remonte à décembre 2024 et concerne l’avance, à hauteur de 70% de l’enveloppe globale, sur les arriérés de paiement au titre de l’année scolaire 2023-2024 écoulée

Une des écoles privées partenaires de l’Etat © Gabonactu.com

Depuis cette date, aucun autre versement n’a été fait, ni les 30% restants sur la dette 2023-2024, encore moins un début de paiement de l’enveloppe globale de l’année scolaire en cours, qui tire du reste à sa fin ; et qui justifierait un quelconque remboursement des frais d’écolage aux parents d’élèves ; désormais contraints de préfinancer la scolarité de leurs enfants orientés dans les écoles privées confessionnelles et laïques par l’Etat.

Comment en est-on arrivé là ?

Confronté à un « manque de table bancs » dans « ses écoles », les écoles publiques (collèges et lycées) sursaturées, l’Etat, via le ministère de l’Education nationale, alors sous le magistère de Michel Menga, sollicite en 2007, les écoles privées confessionnelles et laïques, afin d’accueillir une bonne partie du trop plein d’élèves admis en 6ème, qui ne trouveraient pas de places dans les écoles publiques.

Le « deal » passé repose sur l’engagement pris par la puissance publique de reverser aux écoles concernées, en contrepartie des prestations sollicitées, les frais d’écolage à hauteur de 200 000 Francs CFA par élève et par an ; 3 à 4 fois moins que ce que coûterait à l’année, la formation d’un élève dans une école publique, selon une étude établie et convenue.

Vue d’une autre école privée qui accueille les élèves orientés par l’Etat © Gabonactu.com

Si le « deal » a plus ou moins bien fonctionné lors des 10, voire les 13 premières années, c’est la croix et la bannière depuis ces dernières années pour les écoles d’accueil, désormais à la « diète », payées au petit bonheur de la chance ; alors même que asphyxiées, elles doivent continuer à faire face aux charges de plus en plus croissantes, en termes de fonctionnement et d’entretien des personnels enseignants et administratifs, parmi lesquels très peu de fonctionnaires et agents de l’Etat.

D’où, l’exigence faite désormais aux parents des élèves inscrits dans ces écoles, privées faut-il le rappeler, de s’acquitter en début d’année des frais d’écolage de leurs progénitures, en attendant éventuellement d’être remboursés chaque fois que l’Etat honore ses engagements. On en est là pour l’année scolaire 2024-2025 notamment.

Ne pas à confondre frais d’écolage avec subvention de l’Etat

Avant même que ne soient institués les frais d’écolage en 2007, l’Etat gabonais avait dans ses missions régaliennes, depuis 1984 sur la base d’une loi (21/84), consenti à reverser une subvention aux écoles privées de tous ordres, reconnues d’utilité publique notamment, au titre d’aide et de contribution à leur fonctionnement.

Cette subvention l’est en reconnaissance de la mission du service public que ces écoles remplissent, en matière de formation et d’encadrement des jeunes gabonais scolarisés ; tout comme l’Etat le ferait aujourd’hui au bénéfice des clubs de football par exemple, ou de toutes les autres fédérations et associations sportives qui s’investissent dans la formation et l’encadrement de la jeunesse et de l’élite sportive nationale.

Gabonactu.com

Selon des sources dignes de foi, cette subvention n’est d’ailleurs plus reversée aux bénéficiaires depuis une décennie et devrait, ne serait-ce que de ce point de vue, rester sans préjudice aucun sur les frais d’écolage annuels exigés fort logiquement à un élève inscrit dans un établissement scolaire privé.

Bon à savoir, l’Etat scolarise à ce jour près de soixante mille (60 000) élèves sur l’ensemble du territoire nationale, orientés dans les écoles relevant des ordres confessionnels (catholique, protestant, alliance chrétienne et musulman), ainsi que dans celles relevant des partenariats publics privés et autres reconnues d’utilité publique.  

M.-O. Mignonne

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