La campagne est terminée. La victoire dans la poche. Brice Clotaire Oligui Nguema, au sommet de sa gloire, tient plus que jamais le destin du Gabon. Avec qui doit-il transformer les 90,35% des suffrages obtenus en 90,35% de souffrances, détresses, misères… des gabonais à résoudre urgemment ? L’équation semble être plus dure et délicate qu’un casse-tête chinois.
Parmi les hommes du chef, il y a le colonel Ulrich Manfoumbi, son compagnon et homme de main du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), l’organe appelé à disparaitre après avoir dirigé la transition ? A quel poste sera-t-il affecté ? L’horloge tourne…
Sans verser dans la flagornerie, la prochaine destination de ce militaire après la transition mérite d’être scruter.
Le 30 août 2023, aux premières heures d’un coup d’État qui a marqué un tournant dans l’histoire politique du Gabon, un homme jusque-là peu connu du grand public émerge sur le devant de la scène. D’une voix grave, ferme et assurée, entouré de militaires en armes, le colonel Ulrich Manfoumbi lit la déclaration annonçant la fin du régime Bongo. Ce moment devient historique. Et cet officier discret devient, en un instant, l’un des visages de la transition.
Le discret stratège du CTRI
Derrière les projecteurs, Manfoumbi s’impose comme l’un des cerveaux du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). Son influence est profonde mais subtile : il ne parle que lorsqu’il le faut, mais son avis compte toujours. Certains le décrivent comme le « maîtrone » du régime, l’équivalent moderne de ce qu’était Georges Rawiri pour Omar Bongo, ou plus récemment Alain Claude Bilie By Nze pour Ali Bongo.
Mais à la différence de ces derniers, Manfoumbi se distingue par une absence totale de quête de gloire personnelle. Il agit par devoir, et non par ambition.
Loyal, rigoureux, respecté
Dans les cercles du pouvoir, Ulrich Manfoumbi semble être un homme loyal, rigoureux et droit. Peu sensible aux délices du pouvoir, il inspire la confiance par sa droiture et sa constance. Là où d’autres auraient été grisés par les applaudissements et la lumière des caméras, lui reste sobre, ancré dans ses responsabilités.
Le peuple gabonais, dans un contexte de fatigue politique, a trouvé en lui une figure rassurante, un militaire au service de la République plutôt qu’un opportuniste en quête de pouvoir personnel.
Un avenir à la hauteur de son rôle
La question qui brûle toutes les lèvres à l’approche de la fin de la Transition est simple : où le général Oligui Nguema placera-t-il son homme de confiance ?
Certains parlent de Ministère de la Défense ou chef d’Etat major général des forces armées gabonaises, d’autres évoquent une possible fonction de conseiller spécial à la présidence, voire une ambassade de prestige sur la scène diplomatique internationale.
Quelle que soit la décision, Ulrich Manfoumbi fera partie du socle de la 5ème République.
Le pouvoir sans la soif
Dans un pays marqué par des décennies de personnalisation du pouvoir, Ulrich Manfoumbi incarne une nouvelle génération de dirigeants, portés par une vision républicaine, discrète mais ferme. Il représente l’idéal du serviteur d’État, un homme de l’ombre dont la force réside dans l’intégrité, et non dans la recherche de popularité.
Le colonel Manfoumbi est, à bien des égards, le visage de la stabilité dans une période où Oligui Nguema qui s’apprête à nommer une nouvelle administration est assiégé par les adeptes des atalakou, salamalek, kounabeli, griots, maîtres chanteurs et autres.
Suite et pas fin de cette mini-série d’articles sur la recomposition du paysage politico-administratif après la transition.
Daniel Etienne
