Dans une prise de parole lundi devant la presse, au quartier dit ‘’Louis’’, dans le 1er arrondissement de Libreville, le président de la plateforme ‘’Ensemble Pour le Gabon’’ (EPG), Alain-Claude Bilie By Nzé, croit déceler une certaine collusion entre des donneurs d’ordres tapis dans l’ombre du Comité pour la transition et la restauration des institution (CTRI) et des hordes de citoyens chauffés contre sa délégation, lors de ces dernières sorties à Oyem et Mitzic, province du Woleu-Ntem (nord). Le dernier premier ministre d’Ali Bongo Ondimba dénonce ces agissements qu’il qualifie de retour à l’ordre ancien.
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Selon Alain-Claude Bilie By Nzé, le Comité pour la transition et la restauration des institutions, bien que se présentant comme une autorité de transition, reproduirait les mêmes pratiques que les régimes précédents : corruption, répression des opposants et instrumentalisation des institutions pour museler toute contestation.
« Rien n’a changé, le CTRI c’est le PDG en treillis », a regretté le président de la plateforme ‘’Ensemble Pour le Gabon’’, faisant notamment allusion d’incidents graves survenus à Mitzic et Oyem, où des entraves et obstacles ont été déployés pour empêcher la tenue de ses causeries politiques dans le cadre de sa pré-campagne intitulée ‘’ACBBN Gabon Tour’’.
L’ancien premier ministre et député du Canton Ntang Louli, à Makokou (nord-est) évoque des actes de sabotage, des intimidations et même une agression brutale contre son cortège. « Manifestement, il y a eu un bouillage avec les militaires pour que les gens ne puissent pas venir à la causerie », a-t-il fait savoir.
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Dans la foulée, il a accusé les médias publics d’être utilisés à des fins de manipulation de l’opinion et dénonce l’implication des autorités militaires, administratives et judiciaires dans la répression et la confiscation des libertés depuis la prise du pouvoir par le CTRI à la suite du coup d’état du 30 août 2023.
« Nous vivons les mêmes phénomènes d’appropriation de l’État, de déloyauté de cet État au profit de corpuscules qui en usent et en abusent », a déploré Alain-Claude Bilie By Nzé, qui met en garde contre « les dérives du pouvoir en place ».
Pour autant, l’ancien Chef du gouvernement exhorte les gabonais à ne pas céder à la peur, à défendre la liberté d’expression et à se dresser contre le tribalisme, qu’il considère comme un danger pour la cohésion nationale. « Le Gabon ne peut pas être fragmenté en ethnies, en départements, en provinces, en régions. Le Gabon doit être un et indivisible », a-t-il plaidé.
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Les citoyens de Mitzic et Oyem ont tenu des propos antipatriotiques contre l’ex premier ministre, l’invitant à aller tenir des causeries politiques « chez lui à Makokou », comme si le Woleu-Ntem n’appartenait pas à tous les gabonais. Le Gabon entre en campagne électorale du 29 mars au 11 avril dans le cadre de la présidentielle, dont le premier tour est fixé au 12 avril 2025.
Bilie By Nzé n’est pas encore officiellement candidat, même si sa candidature ne fait plus l’ombre d’aucun doute dans l’esprit de beaucoup d’analystes, éditorialistes et observateurs de la scène politique gabonaise. Il a d’ailleurs entamé par l’Ogooué-Ivindo (nord-est), une pré-campagne sous le thème : « Tout se dire » Bilie By Nzé profite de ces rencontres pour ‘’tacler’’ les militaires et se projeter vers l’avenir.
M.-O. Mignonne et Frida Dodo
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