Ecoles publiques et reconnues d’utilité publique : Une gratuité en trompe l’œil !

S’il n’est pas permis de douter de la bonne foi et de la détermination des autorités de la transition à rendre la scolarité gratuite, du moins dans le réseau des écoles du secteur public, la réalité quotidienne et les faits intriguent, interrogent, autant qu’ils interpellent la communauté éducative et l’ensemble des partenaires du système éducatif national.

Entre carence et insuffisance déconcertantes d’enseignants, dans les disciplines scientifiques notamment, et la persistance des pratiques déloyales dont se rendent coupables enseignants et chefs d’écoles, tout se passe comme si la gratuité annoncée consistait à donner de la main gauche (remise à plat des frais d’inscription, de réinscription et ‘’d’écolage’’ dans les écoles privées et confessionnelles reconnues d’utilité publique) et à tout reprendre de la main droite.

Des élèves dans une école de Libreville / Gabonactu.com
Des élèves dans la cour d’une école publique de Libreville © Gabonactu.com

Les parents d’élèves sont pressés comme des citrons et pressurisés au quotidien par les listes de fournitures scolaires fantaisistes et à rallonge depuis la rentrée des classes, comme si l’école était le seul poste de dépenses des maigres revenus au demeurant, sucés et hyper sollicités par un coup de la vie de plus en chère, se sont-ils plaints.

Adam G.B.N., la cinquantaine révolue, qui scolarise 3 enfants, respectivement aux Lycée Raymond Bouckat de Mindoubé, Léon Mba et au Lycée Nelson Mandela, témoigne. « Je dois débourser pas moins de 30 000 Francs CFA par trimestre pour payer les enseignants de maths, sciences physiques et de SVT qui serviront à payer les enseignants que les APE ont décidé de recruter pour assurer les cours de nos enfants, fautes d’enseignants dans ces différentes disciplines, régulièrement affectés dans les écoles de mes enfants par le ministère de l’éducation nationale. Et ce n’est tout. Je n’ai certes pas payer leur réinscription cette année, mais dites moi si réellement leur scolarité est cadeau ? », s’est-il interrogé dépité et l’air grave.   

« Moi, je voudrais ici dénoncer l’attitude de certains enseignants du Lycée National Léon Mba, où apprend mon filston, en classe de seconde, qui conditionnent l’admission en classes, à l’achat des livres et fascicules qu’ils vendent eux-mêmes, à des couts prohibitifs, au nez et à la barbe des responsables du Lycée ; alors même que ces pratiques avaient déjà été interdites. Je suis en droit de me demander si tous ces ouvrages figurent même au programme ? », fustige de son côté Charles Rodrigue A.  

Ne sachant pas, elle non plus à quel Saint se vouer, Charlotte R., la quarantaine, qui scolarise son enfant dans un Lycée de Libreville est à bout de souffle. « Monsieur le Journaliste, en plus de nous cotiser pour payer les professeurs que nous allons recruter nous-mêmes, l’APE de l’école de ma fille se résout désormais à réfectionner les toilettes du Lycée hors d’usage. Vous vous rendez compte que pour leurs besoins, nos enfants sont obligés de sortir de l’établissement avec tous les risques d’insécurité que cela comporte au quotidien. Après on va nous dire que l’école est gratuite au Gabon. Qu’est ce qui a réellement changer ? », s’est-elle exclamée, déboussolée.

Jean Justin T., la trentaine révolue, affirme lui être en colère. « Mon fils est en 1ère au Lycée National Léon Mba. A la rentrée, on nous a dit de payer 13 000 pour l’uniforme, ce que j’ai fait. Il y a quelques jours, le petit est revenu avec la même histoire de tenue, m’informant qu’il manquait le polo pour lequel je dois ajouter 5000, faute de quoi il n’aura pas accès en classe à partir de la semaine prochaine, parce le port du polo est obligatoire pour tous les élèves à partir de jeudi. Presque 20 000 pour l’uniforme, avec polo obligatoire, vous vous rendez-compte ? Je suis furax et j’ai même failli à l’instant gifler l’enfant pour rien », a-t-il fulminé.

Bonaventure Ismaël I., fonctionnaire retraité à dû, lui aussi, se saigner des quatre veines pour anticiper le paiement des frais d’inscription et d’écolage de son petit-fils, orienté dans un Lycée confessionnel. « Je n’avais pas le choix parce que l’exigence de l’école était telle que mon petit fils courait le risque de compromettre son année scolaire. Les hommes de Dieu ont dit ne plus faire confiance à l’Etat, mauvais payeur. J’espère que les remboursements arriveront suffisamment à temps, parce que là, je suis financièrement handicapé », a-t-il plaidé.

Autant de témoignages de parents d’élèves dont beaucoup nous ont prié de ne pas relayer nombre d’autres confidences des plus saisissants, allant du recrutement des agents de sécurité au payement des fournitures de bureau et autres équipements informatiques et didactiques par les parents d’élèves, devant la démission des pouvoirs publics. Les témoignages des uns et les autres convergents vers un seul constat, une seule réalité implacable, « l’école cadeau, ce ne sera pas pour si tôt au Gabon, en tout cas pas pour cette année ». Repassez plus tard !

Féeodora Madiba

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