Les élèves du CES Georges Oyembo, situé dans le district de Mpaga dans le département de Bendjé (Ogooué-Maritime), ne savent plus à quel saint se vouer. Et pour cause ; aucun professeur de biologie, de sciences physiques, d’histoire-géographie, d’anglais ne dispensent les cours à cet établissement inscrit dans le bassin pédagogique de l’Ogooué-Maritime.
La situation perdure depuis des années dans le district de Mpaga. Avec un effectif de 49 élèves répartis ainsi qu’il suit ; 20 élèves en classe de 6ème, 10 en 5ème , 9 en classe de 4ème et enfin 10 élèves en 3ème , les deux professeurs (française et sport), mis à la disposition de cet établissement, sont obligés de dispenser les cours classe par classe.
Malgré ce manque d’enseignants, l’établissement ne baisse pas les bras dans la mesure où à chaque année, il arrive à faire un 100% au BEPC.
« Quand les élèves ont français, ils viendront suivre le cours avec leur professeur ; il y va de même pour le cours de sport. Pour ce qui est des autres matières, beuh ils n’ont pas cours et restent à la maison et ils font 100% au BEPC. La DAP trouve toujours un moyen pour remédier à ce problème en envoyant un mois avant l’examen, quelques profs pour la 3ème », explique un membre du corps pédagogique qui a tenu à garder l’anonymat.
La cloche sonne chaque matin, les élèves trémoussent d’impatience. Pourvu qu’il ne vienne pas. Un quart d’heure passe, c’est officiel, le prof est absent. Le problème est que ces absences se répètent, faisant craindre, un véritable abroutissement des élèves.
Ce qui est à regretter, c’est que l’établissement manque également de manuels didactiques afin de mieux dispenser leurs cours.
« Moi je pense que c’est génocidaire de ne pas apporter de l’aide aux élèves ; ici on dispose de quelques documents pour le suivi des cours. Beaucoup d’élèves n’ont pas d’œuvres, et là pour que tout soit au même niveau, il faut faire des copies. Mais il n y’a pas ! Il est nécessaire qu’ils soient enseignés dans les mêmes conditions que ceux de la ville, dans les matières scientifiques. Que les enseignants viennent ! », espère un parent d’élève.
La situation crée des lacunes énormes auprès des enfants laissés pour compte. Une fois dans le mois, les enseignants sont obligés de prendre une, voire deux semaines pour se rendre sur Port-Gentil afin de percevoir leur salaire. Une situation qui participe fortement aussi, au manque de connaissance de l’élite de demain.
Les mauvaises de travail de quelques rares enseignants favoritisme cette situation de précarité. Les logements d’astreinte réservés uniquement aux enseignants du CES, sont situés dans la pleine, très loin du village. Là-bas aucun panneau solaire n’a été implanté pour que l’unique sillon broussailleux leur servant de passage, soit éclairé. Egalement, après l’allumage du groupe électrogène de 18 à 20 heures, tout le village est plongé dans le noir.
« Dans la préparation des cours, nous travaillons la nuit et il nous faut le courant pour ça. On ne peut pas produire un cours objectif si on nous coupe le courant à 21h, que l’État nous donne le minimum », propose le membre du staff.
« Moi je suis ici depuis la 6ème et je n’ai jamais eu un prof de maths, d’anglais et autres si c’est pas le français. Nous sommes en retard dans tout ici en Mpaga. Pour aller sur Port-Gentil nous sommes obligés de naviguer la nuit sans éclairage. C’est terrible ! », regrette Grace une élève du CES Georges Oyembo.
Vincent Ranozinault