Contre toute attente, le groupe français Eramet via sa filiale COMILOG a cédé à l’Etat gabonais ses parts du très gros gisement poly-métallurgique de Maboumine situé dans les encablures de Lambaréné (province du Moyen Ogooué).
Officiellement, le groupe français a cédé ces parts à l’Etat gabonais à un franc symbolique donc sans contrepartie financière. Dans le dossier remis au Gabon, il y a toutes les études réalisées par les français sur ce grand projet. On se souvient que COMILOG avait créé des sociétés en France, aux USA et en Chine pour étudier les meilleurs procédés d’exploitation de ce gisement trop complexe à cause de la présence au même endroit des métaux très dangereux sinon trop inflammables. Il s’agit du niobium (2ème gisement connu au monde), des terres rares, du tantale, du scandium, des phosphates et des faibles quantités d’uranium.
Le groupe français a investi plusieurs milliards de FCFA dans ce vaste projet pour les études et le montage d’une usine pilote.
POURQUOI LE GROUPE FRANCAIS A-T-IL CEDE ?
Selon des fables non vérifiables, les fameuses accords conclus à la veille de l’indépendance du Gabon, disposeraient que la France a une primauté sur les richesses du sous-sol du Gabon. C’est seulement quand la France n’est plus intéressée que le pays peut trouver un autre partenaire pour exploiter un minerai important.
« Simples affabulations », ricane une source consultée par la rédaction de Gabonactu.com
Juste après avoir signé le document vendredi, Loïse Tamalgo, Délégué général d’Eramet au Gabon a expliqué qu’il s’agit pour son groupe d’une nouvelle réorientation visant à focaliser ses actions dans les métiers dont il a une parfaite maitrise.
Une autre source proche d’Eramet a clairement expliqué à Gabonactu.com que le groupe français a opéré un recentrage de sa vision depuis l’arrivée à la tête du groupe de Christel Bories. Le groupe a décidé de se recentrer uniquement sur deux piliers. Le premier concerne les métaux pour le développement économique mondial. Les métaux de ce pilier sont le manganèse, le Nikel et le sable minéralisé.
Le second piler porte sur la transition énergétique. Ce pilier table sur le lithium, les sels de nickel/cobalt et black mass issue du recyclage des batteries.
En application de cette nouvelle vision, Eramet a décidé de se désengager de certains actifs pour se concentrer sur ses deux piliers afin de devenir un véritable acteur minier et métallurgique. Conséquences : le groupe s’est déjà séparé des entreprises comme Aubert et Duval ainsi que Sandouville qui ont été vendues. Erasteel est en cours de vente.
Grâce à ces opérations, le groupe se restructure pour éliminer toutes ses dettes et se concentrer sur ce qu’il sait faire le mieux et les actifs les plus porteurs.
Les fruits de la vente de ces entreprises ont permis au groupe d’accroitre ses capacités d’investissement tout en réduisant son têt d’endettement. A ce jour, Eramet construit actuellement une usine de lithium en Argentine. D’autres investissements sont en cours dans un projet de Nikel en Indonésie. Il développe également le sable minéralisé au Cameroun et au Sénégal.
Ceci explique pourquoi le groupe ne veut plus investir dans les métaux qui ne sont plus dans sa stratégie de développement et de croissance comme le niobium et les Terres rares.
UN NOUVEL ELAN MINIER AU GABON
La cession de Maboumine ne signifie pas que le groupe se désintéresse du Gabon. Bien au contraire, Eramet investi énormément dans le pays. En 2022, le groupe a investi 131,4 milliards de FCFA au niveau de COMILOG (spécialisé dans la production de manganèse) et une autre forte somme dans la SETRAG (chemin de fer Transgabonais).
La source avoue que Maboumine est un « grand gisement » qui à terme doit générer beaucoup d’emplois. Il évoque au moins un milliers d’emplois directs. Le niobium et les Terres rares qu’il renferme sont très demandés aujourd’hui sur le marché international
Maboumine est un gisement qui peut permettre à l’Etat gabonais de relancer véritablement son secteur minier, estime l’expert.
« Eramet a cédé tout. Il a cédé les actifs immatériels, les actifs matériels, les parts sociales … le tout à un franc symbolique », a affirmé l’expert.
Aujourd’hui, l’Etat gabonais peut librement chercher un ou des nouveaux partenaires pour exploiter ce gisement. A la vente, le pays peut encaisser un cashflow pour financer ses projets de développement et même ses projets électoraux dans la perspective de la présidentielle de 2023. A terme, Maboumine contribuera à la prospérité de la province du Moyen Ogooué et du Gabon.
Carl Nsitou