Qui a réellement tué le jeune Ben Ngoma Ngoma le 03 juin 2020 ? S’est-il réellement donné la mort ? A-t-il joué à un jeu mortel ? Voici les quelques questions que s’est longuement posé l’avocat général le 15 juin 2022 lors de l’audience correctionnelle opposant le Ministère public et Ben Elohim Ngoma Ngoma représenté par Armelle Chaita Andeme Ondo contre Gildrice Fely Dassault Ngoma et Faissa Loriana Matsanga épouse Ngoma poursuivi pour le meurtre de leur enfant.
Il résulte des faits, que le 03 juin 2020 vers 18 heures, Faissa Loriana Matsanga épouse Ngoma (31 ans), a découvert dans la maison familiale le corps sans vie du jeune Ben Elohim Ngoma Ngoma (09 ans ), le fils unique de son mari qui fût pendu au lit superposé de sa chambre.
Alerté par les cris ahurissants de sa femme, le chef de famille sieur Gildrice Fely Dassault Ngoma (34 ans), accouru vers la pièce à coucher de son fils et fait également découverte macabre du corps de son enfant pendu à l’aide de la ceinture au sommier du lit superposé. De là, il le détacha, l’étala par terre avant d’essayer de le réanimer par des massages cardiaques. Mais en vain, car le petit venait d’être arraché à l’affection des siens.
Rapidement, avec le cadavre de son enfant en mains, lui et sa femme se sont rendu promptement à l’hôpital régional de N’tchéngué, où le décès du jeune Ben fut déclaré. Les examens médicaux approfondis qui furent faits sur le corps du garçonnet ne révélèrent aucun signe de pendaison. C’est alors que Armelle Chaita Andeme Ondo, la mère de la victime rédigea une plainte contre le jeune couple.
Auditionnée longuement, la femme du foyer déclara « qu’elle regardait la télévision ce jour-là. Constatant que le fils de son mari a mis du temps à la douche, elle décida d’y aller, c’est alors qu’elle a constaté avec regret le corps du gamin pendu au lit de la chambre ». Gildrice Fely Dassault Ngoma quant à lui, affirma « qu’il travaillait sur son ordinateur lorsqu’il entendit les cris de sa femme en provenance de la chambre de l’enfant. Il constata avec douleurs que son seul enfant était pendu du haut d’un lit retenu par une ceinture ». Ainsi, ils ont été déférés au parquet pour le motif d’homicide involontaire.
Des propos qu’ils réitérèrent à l’instruction. Le père de la victime lui également soutenait les propos de son épouse tout en clamant leur innocence dans cette affaire. Constitué partie civile, Armelle Chaita Andeme Ondo a sollicité pour les dommages et intérêts la somme de 10.000.000 FCFA pour le préjudice subi.
Le ministère public a requis la culpabilité des accusés sur le crime de meurtre. Ainsi, il a soumis à la Cour leur condamnation à 30 ans de réclusion criminelle mais également, la disqualification du crime de meurtre en celui d’homicide involontaire.
Me Chancel Guissiga commis à la défense des prévenus a à son tour, plaidé l’acquittement à titre principal au bénéfice du doute. Et subsidiairement l’acquittement pour absence d’éléments intentionnels, dans la mesure où il n’existait pas assez de preuves, faisant en sorte que les auteurs n’eurent pas été identifiés. En outre, les pièces jointes au dossier tel que le compte rendu post-mortem établi huit jours après par le Dr Blaise Mboumba indique qu’il n’y a pas de liaison osseuse pour parler d’une pendaison. Encore moins, des liaisons en rapport avec un traumatisme objectif émanant des radiologies.
En revanche, l’autopsie faite le même jour par le Dr Alain Ondo Ondo dit : « l’absence de sillon de pendaison, absence d’air dans l’estomac et des débuts alimentaires sur la bouche ». Il conclut en disant « on ne peut ni affirmer ni infirmer que l’enfant Ben Elohim Ngoma Ngoma est décédé par pendaison ». Malheureusement, on regrette le fait que le corps ait été déplacé du lieu de la pendaison avant qu’un médecin ne vint faire un constat. Mais surtout, qu’un tel cas ne put se retrouver avec des vomissures et que les yeux n’eurent pas une couleur rougeâtre. Mieux, on déplore surtout pour un sujet masculin, qu’il n’est pas été en érection lors de sa pendaison. Ce qui ne fût pas le cas dans cette affaire.
Or, il est possible selon le Dr Blaise Mboumba, d’obtenir une pendaison sans liaisons cervicales, quand l’intéressé n’eut pas à rester longtemps suspendu. Dans ce cas de figure on pourrait également avoir la présence de vomissures. Fort de ces contradictions, il fût difficile à la Cour d’établir un lien de cause à effets, mais surtout l’implication des accusés dans cette charge de crime. Dans ce cas, ils ont été reconnus tous les deux non coupables du crime de meurtre. C’est ainsi que leur acquittement a été prononcé au bénéfice du doute.
En bref, selon les articles 11 et 12 du code pénal sur l’action civile et que les prévenus furent acquittés, la sollicitation pour dommages et intérêts de partie civile a été reconnue irrecevable. En somme, le couple Ngoma aura passé en vain deux ans à la maison d’arrêt de Port-Gentil et a perdu un être cher à leurs yeux. Relaxés dans les prochains jours, ils pourront reprendre leur jeune activité d’entrepreneurs et de psychologue, mais en gardant en mémoire, l’image de cet enfant adorable, turbulent, jovial et intelligent féru des jeux vidéo.
Vincent Ranozinault