Les femmes de la communauté royale Orungu, natives de la province de l’Ogooué-Maritime, réunies autour d’ ‹‹ Antô Dondo ››, qui est une association communautaire, ont organisé la 1ère édition de la « Foire exposition Antô Dondo » pour promouvoir leur savoir-faire traditionnel.
C’est le siège administratif de la chefferie traditionnelle Orungu, située à Mbativenda au quartier Sud, dans le troisième arrondissement de Port-Gentil qui a servi de cadre à cette grande rencontre du donner et du recevoir. Et pour couronner cette organisation, le dépositaire de l’autorité traditionnelle Orungu Mbongo Ntchuga, Og’Ôrungu qui veut dire dans la langue de Molière, le Roi des Orungu, est lui-même venu couper le ruban symbolique marquant l’ouverture officielle de cet événement.
« Pour nous, la présence du roi a une grande portée. On ne pouvait pas commencer s’il ne venait pas bénir cette organisation, déjà que c’est la première fois. Donc, c’est une présence pleine de symboles », a expliqué Pierrette Michelle Owanga, trésorerie générale de la chefferie Orungu.
Il était question au cours de cette foire Expo, de présenter à la population du chef-lieu de la province de l’Ogooué-Maritime en cette célébration de la fête des mamans, des produits du terroir confectionnés à la force des mains. Il y’avait par exemple du Mpèmba, un mot Omyéné qui voudrait dire le kaolin en français. C’est une patte argileuse que l’on trouve dans des rivières d’eau douce. Une fois recueillie, on la dilue dans de l’eau pour la transvaser à plusieurs reprises dans un récipient.
Passez cette étape, il faut l’ensoleiller pendant un mois tout en la modelant pour obtenir au finish, sa forme cylindrique, c’est selon. On y trouvait également Issèmô. C’est une poudre que les initiés utilisent lors des cérémonies traditionnelles comme Agombé, Mboumba Yano, le bwiti et bien d’autres. Il est très souvent aspergé aux profanes par les Ngangas( maîtres spirituels), afin de les purifier et d’être en parfaite adéquation avec le monde des esprits.
« Le kaolin il faut beaucoup de patience et de courage pour l’obtenir. Issèmô lui c’est un bois qu’on appelle Obamba et il faut juste le piler dans un mortier pendant même une semaine c’est tout », a précisé Sidonie, standiste.
Parmi ces articles culturels, il y’avait également des supers plats comme l’Odika. Un met très convoité lors des grandes manifestations, Aloçi, appelé culinairement piment citron. Mais bien évidemment Nkima Gôwè, qui est un des plats préférés des Orungu. Il est préparé à base de banane semi-mûre, agrémenté d’arachide grillée légèrement pilée. Un des plus prisés par les membres du royaume Orungu, et bien d’autres. Elles n’ont manqué de montrer ostensiblement des tenues traditionnelles comme des rideaux, des foulards, des nattes,… qu’elles ont fait à base de raphia.
Face à la cherté de la vie actuellement au Gabon et à Port-Gentil en particulier fragilisée par la morosité économique depuis des années, les prix ont longuement été étudiés afin de permettre à toutes les couches de la société, de tirer profit de cette manifestation. En somme, les femmes de la chefferie traditionnelle Orungu espèrent pour la prochaine édition, associer toutes les femmes des autres communautés dans un espace plus grand comme la foire municipale de Port-Gentil où la place de la concorde, pour qu’ensemble, elles réunissent leurs compétences pour une meilleure organisation, histoire d’échanger et de partager autour de la fête des mères.
« À partir de cet événement on verra ce qui n’a pas marché pour que nous essayions d’évoluer la prochaine fois », a conclue Pierrette Michelle Owanga.
Camille Boussoughou