Dans une déclaration commune dont la rédaction de Gabonactu.com a obtenu une copie, le Réseau Africain des Personnes vivant avec le VIH Afrique Centrale (RAP + AC) et celui de l’Afrique de l’Ouest (RAP + AO) ont qualifié la rupture depuis 4 mois au Gabon des antirétroviraux (ARV) comme une privation d’un droit élémentaire pour les 24 000 personnes soumises quotidiennement à ces traitements au Gabon.
« Au Gabon, des milliers de personnes se retrouvent privées du droit élémentaire des personnes vivant avec le VIH dépistées : le droit au traitement ARV », déplorent les deux mouvements qui rappellent que cette privation intervient en 2022 soit 40 ans après le dépistage du premier cas de VIH dans le monde.
« Elles sont 24 000 personnes « sous traitement ARV » à se retrouver « hors traitement ARV » ou menacées de l’être », avertissent les auteurs de la déclaration qui rappelle que « les antirétroviraux sont vitaux au niveau individuel qu’au niveau collectif, pour empêcher la transmission ou l’acquisition du VIH ».
Le RAP + AC et le RAP +AO sont indignés d’apprendre que cette rupture intervient dans un pays à revenus intermédiaires donc ayant inscrit dans son budget national l’achat de ces ARV.
« La situation qui est celle du Gabon, devrait être notre priorité à toutes et à tous », urge la déclaration. Les auteurs sollicitent l’implication totale du gouvernement gabonais, des organisations internationales, des partenaires bilatéraux, des organisations de la société civile, etc.
Inégalités
« Nous ne pouvons pas accepter, la réponse consistant à renvoyer vers le Gouvernement, le respect de ses engagements », lance le texte en direction des partenaires du Gabon en poursuivant : « nous devons tous nous mobiliser pour faire face à l’urgence qui est celle de procurer des traitements maintenant et à tous les PVVIH sous traitement au Gabon ».
« C’est cela notre responsabilité ; C’est cela notre traduction de la lutte contre les inégalités qui est aujourd’hui au cœur de la stratégie mondiale de lutte contre le Sida », enfonce le texte qui milite en faveur d’une rencontre urgente entre les parties pour trouver une stratégie robuste et résiliente sur la question.
Le 6 avril dernier, le ministre de la Santé, Guy Patrick Obiang Ndong, a réuni dans son cabinet tous les responsables de la lutte et la prévention du SIDA en présence des associations des personnes vivant avec le VIH/SIDA.
Le ministre a sollicité un délai de 2 semaines pour la fourniture dans le pays des ARV en rupture. En attendant, cet ancien DGA de la prévention du SIDA a recommandé aux patients de consommer du bactrim pour éviter les infections opportunistes.
A en croire les propos du ministre, c’est ce 20 avril que les ARV en rupture inonderont les centres de distribution.
Une source proche du dossier a confié à la rédaction de Gabonactu.com que c’est le fournisseur indien qui refuse de livrer les ARV manquant au Gabon. Il exigerait une somme d’un milliard de FCFA avant de livrer ses médicaments.
Des tractations intenses seraient en cours entre le ministère du Budget et les autres administrations concernées pour disponibiliser la lourde enveloppe par ces temps de crise.
Autre grief contre le Gabon, selon une autre source, le pays achèterait toujours ses ARV en urgence. Ce qui alourdi inutilement la facture. Il se poserait un véritable problème de planification des stocks.
Le pays compte environ 52 000 personnes vivant avec le VIH. 24 000 sont sous traitement. Ils reçoivent gratuitement les ARV qui sont régulièrement en rupture dans le pays.
Carl Nsitou