Jean Remy Yama, président de Dynamique unitaire (DU), la plus grande coalition des syndicats des fonctionnaires a été placé sous mandat de dépôt le 2 mars dernier pour abus de confiance, a été présenté mardi devant un juge d’instruction, a appris Gabonactu.com de sources syndicales.
Le syndicaliste a été entendu durant environ 6 heures. « Tout s’est bien passé« , selon son avocat. Plusieurs enseignants et leaders syndicaux ayant obtenu à temps cette information se sont rendus spontanément au palais de justice pour espérer voir de leurs propres yeux leur leader privé de liberté depuis plus d’un mois déjà. Avant de se disperser, ils ont organisé une marche improvisée.
La Convention nationale des syndicats de l’éducation nationale (CONASYSED) a lancé récemment un mot d’ordre d’une grève générale au Gabon le lundi 11 avril prochain pour exiger la libération immédiate de ce syndicaliste.
Jean Remy Yama a été arrêté le dimanche 27 mars alors qu’il s’apprêtait à se rendre au Sénégal pour des soins médicaux. Il souffre des problèmes cardiaques.
Après son arrestation, il a été conduit dans les locaux de la Direction Générale des Contre-Ingérences et de la Sécurité Militaire (DGCISM) plus connue sous l’appellation B2.
Selon son avocat Me Imbong Fadi, le syndicaliste est poursuivi dans l’affaire de la SCI Serpentin du nom d’une société immobilière créée par des universitaires dans le but de construire eux-mêmes des logements des enseignants sur un « ilot de 37 hectares » gracieusement offert aux universitaires à Angondjé (nord de Libreville) par l’ancien président gabonais, Omar Bongo Ondimba.
Une plainte avait été déposé contre lui par Thierry Blanchard Ekogho, enseignant à l’Université des sciences et techniques de Masuku (USTM).
Le plaignant réclame le remboursement de 40 millions de FCFA, une somme qu’il affirme avoir avancé en 2013, pour l’acquisition d’un duplex auprès de la SCI Serpentin.
Un procureur avait déjà placé cette affaire sans suite puis que la SCI Serpentin lui avait livré une maison inachevée d’une valeur estimée à 35 millions de FCFA.
Au moins deux autres enseignants avaient porté plainte contre Jean Remy Yama. Le classement sans suite du dossier par un procureur n’éteint pas l’affaire, selon une source judiciaire contactée par Gabonactu.com
Au lendemain de l’incarcération de son client à la prison centrale, Me Fadi Imbong sans dénoncer un acharnement s’interroge pourquoi Jean Remy Yama fait l’objet de ces poursuites ?
« La SCI Serpentin a deux gérants statutaires pourquoi s’en prendre à Yama qui n’a pas personnellement encaissé les sommes en réclamées ? Au surplus il ne peut pas y avoir un abus de confiance ou une escroquerie à lui reprocher dès lors qu’il existe une procédure devant le juge civil. Il est de principe que celui qui a saisi le juge civil ne peut plus saisir le juge pénal et le Procureur le sait. Il avait classé cette affaire sans suite renvoyant les parties devant le juge civil ! » avait expliqué Me Fadi Imbong.
C’est pour une seconde fois que Jean Remy Yama est jeté en prison sous Ali Bongo Ondimba. En 2016, il avait passé 89 jours à la prison centrale de Libreville pour avoir « jeté des cailloux » sur des policiers.
Antoine Relaxe