Affaire BLA : la juge française ne peut-elle pas venir au Gabon ? (Tribune Libreville par Brice Ndinga)

Mercredi, la convocation en France du Conseiller du président de la République et porte- parole de la présidence de la République gabonaise, Jessye Ella Ekogha a fait le tour des réseaux sociaux. J’ai cru que c’était une fake news. Mais au fil des publications, j’ai réalisé que c’était vrai. Jessye Ella Ekogha a bien été entendu en France le 7 février dernier comme témoin par la juge d’instruction Elodie Meryanne. Depuis lors, ma tête tourne et je m’interroge.

Je ne suis pas juriste. Je ne suis pas expert en relations internationales. Je ne suis pas expert en communication. Je me pose bêtement trop de questions et je n’en trouve pas des réponses.

Un juge d’instruction gabonais peut-il convoqué au Gabon le Porte-Parole de la présidence de la République française comme témoin suite à l’incarcération en France d’un gabonais ayant la double nationalité ? Si par extraordinaire cela était possible. Je me demande si le Porte-parole de la présidence de la République française aurait pris un billet d’avion pour venir au Gabon afin d’être entendu par un juge gabonais ? Si cela était encore possible quelle serait la réaction de la classe politique française ?

Mes interrogations ne sont pas finies. Jessye Ella Ekogha n’est-il pas détenteur d’un passeport diplomatique ? Je connais que ce document confère à son porteur plusieurs privilèges et une certaine protection. Pourquoi Jessye Ella Ekogha, un collaborateur de premier plan du président de la République gabonaise de surcroit un digne représentant de la haute administration gabonaise occupant des fonctions stratégiques s’est-il présenté à cette convocation comme un élève chez son maître ? La République gabonaise n’a-t-elle pas été humiliée ?

Brice Laccruche Alihanga, alias BLA est poursuivi pour un détournement des biens publics, faux et usage de faux. Ces crimes auraient été commis au Gabon au détriment du Gabon qui garde en prison le prévenu. La loi sur les binationaux ne dit-elle pas qu’en cas de poursuite c’est la loi du pays de résidence du citoyen qui est applicable ? N’est-ce pas sur la base de ce principe que les USA ont quasi abandonné Bertrand Zibi dans la même prison surpeuplée et insalubre de Libreville ?

Je me demande par ailleurs si le procureur de la République du Gabon, André Patrick Roponnat peut légitimement convoquer le procureur de la République de France et espérer que ce dernier honore cette convocation ici au Gabon ?

Dernière série d’interrogations : pourquoi la juge française ne vient-elle pas au Gabon, pays de commission des faits, pays où le citoyen français est détenu, pays où se trouve la prison dans laquelle est enfermé Brice Laccruche Alihanga et son frère Grégory ? Pourquoi la juge française Elodie Meryanne ne viendrait-elle pas à Libreville pour visiter l’état de la prison pour savoir si BLA et son frère sont les seuls maltraités ? Pourquoi ne viendrait-elle pas à Libreville s’entretenir avec ses collègues gabonais au lieu de les convoquer en France comme des valets ?

Brice Ndinga, enseignant du premier degré

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