Ali Bongo Ondimba, chef de l’Etat gabonais, a accordé à l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique sa toute première interview depuis son AVC en octobre 2018 dans laquelle il s’exprime volontiers sur plusieurs sujets dont le cas de son fils Noureddin Bongo Valentin, la Première ministre Rose Christiane Ossouka Raponda, l’opposition gabonaise et les relations entre la France et le Gabon.
Voici les réponses du président Ali Bongo sur ces questions.
Vous avez nommé votre fils aîné, Noureddin Bongo Valentin, coordinateur général des affaires présidentielles. Quelle mission lui avez-vous réellement confiée ? Certains disent que vous le préparez à vous succéder, en 2023 par exemple…
C’est moi qui lui ai demandé de venir travailler au service des Gabonaises et des Gabonais. Il a alors, sans hésiter, quitté un travail qu’il aimait et dans lequel il réussissait.
Noureddin, en qui j’ai évidemment toute confiance, est extrêmement compétent. Il m’assiste au quotidien, veille à ce que mes directives soient bien exécutées et en assure le suivi. Il occupe une fonction très technique. Il a également une vision très affirmée du développement du Gabon à long terme, un regard très actuel et une sensibilité particulière sur une série de sujets tels que la formation professionnelle, la lutte contre les inégalités, la protection de l’environnement.
Enfin, j’apprécie tout particulièrement sa franchise. Chose très rare dans ce milieu, il n’hésite pas à me dire ce qu’il pense et à tirer la sonnette d’alarme quand il estime que la voie empruntée n’est pas la bonne. Pour le reste, je ne commente ni les spéculations ni les fantasmes.
Sa nomination est intervenue après la chute, puis l’arrestation pour détournement de fonds publics, de Brice Laccruche Alihanga, votre directeur de cabinet. La disgrâce de cet homme, naguère tout-puissant, a suscité l’incompréhension. Que s’est-il réellement passé ?
Vous comprendrez que, dans ma position et en vertu de la séparation des pouvoirs, je ne commenterai pas une procédure judiciaire en cours. Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai une entière confiance dans la justice de mon pays. Si des fautes ont été commises, elles devront être sanctionnées, et cela c’est à la justice de le déterminer. Les pressions extérieures, d’où qu’elles viennent et sous quelque forme que ce soit, n’y changeront rien. La justice gabonaise est indépendante.
Êtes-vous satisfait de votre Première ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda, et de son équipe ?
Je la connais bien, depuis sa première nomination au gouvernement. Elle avait notamment fait un passage remarqué et remarquable au ministère de la Défense nationale. Comme leurs prédécesseurs, elle et son gouvernement seront jugés, le moment venu, sur leur bilan. J’attends de leur part des résultats significatifs. Le quotidien des Gabonais doit être amélioré ; l’avenir du pays, mieux préparé. Ce que je peux dire à ce stade, c’est que la Première ministre a toute ma confiance.
Face à vous, une opposition éclatée. Qui sont vos principaux adversaires ? Jean Ping, Guy Nzouba-Ndama, Alexandre Barro-Chambrier ?
Il ne m’appartient pas de faire un commentaire sur tel ou tel, en particulier en dehors de ma famille politique. Toutefois, rappelons-nous que certains, qui donnent aujourd’hui des leçons à tout propos, ont été longuement aux affaires et ont occupé de très hautes fonctions. La critique est aisée, l’art est difficile, comme on dit. La démocratie gabonaise gagnerait à avoir une opposition structurée et constructive, qui ne se contente pas de critiquer sans jamais faire de contre-propositions. La politique n’est pas qu’un jeu de pouvoir. C’est avoir entre ses mains le destin de centaines de milliers de femmes et d’hommes. Il faut donc être responsable et savoir faire passer les intérêts de son pays avant tout.
Pierre Claver Maganga Moussavou, l’ex-vice-président, n’a toujours pas de successeur. Envisagez-vous de le remplacer ?
La question sera réglée dans les plus brefs délais. J’ai actuellement à l’étude plusieurs profils.
Comment ont évolué les relations avec la France sous la présidence d’Emmanuel Macron ?
La période Hollande, entre 2012 et 2017, avait été particulièrement délicate… Sous François Hollande, les relations entre le Gabon et la France n’ont pas toujours été très fluides. Il y a eu des incompréhensions. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, elles se sont très nettement améliorées. Nous partageons la même volonté d’avoir des relations bilatérales nourries, apaisées et, je dirais, modernisées.
Source : Jeune Afrique