Léandre Nzué, maire de Libreville © Facebook LN
Au cachot depuis vendredi, le Maire de Libreville, Léandre Nzué, 63 ans, entame une semaine décisive dès ce lundi. Ouvrira-t-il la porte de sa résidence où l’attend sa famille, celle de son cabinet pour poursuivre son mandat ou celle de la prison centrale ? les cœurs battent la chamade pour lui, ses parents, ses collaborateurs et ses fans.
Le meilleur pour celui qui préside le Conseil municipal de Libreville depuis février 2019, c’est le retour à la maison après ce week-end cauchemardesque. Haut cadre du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), Léandre Nzué a des états de services à faire valoir. Son activisme politique est plus que débordant. Ses proches soutiennent qu’il a servi ou sert le parti de masse avec zèle.
Né en 1957 à Libreville, Léandre Nzué est le 13ème édile de la capitale gabonaise. Son parcours en politique municipale est toutefois plus ancien. 4ème adjoint au maire de Libreville de 2008 à 2014, M. Nzué occupait la fonction de conseiller municipal du 2ème arrondissement lorsqu’il fut élu maire en février 2019.
Antérieurement à son implication en politique municipale, Léandre Nzué a détenu plusieurs fonctions publiques, dont celle de conseiller technique et de directeur général adjoint de la Réforme administrative au Ministère de la fonction publique entre 1992 et 1997. Il a également travaillé comme conseiller technique du Directeur général de Gabon Télécom de 2002 à 2007. Entre ses mandats comme adjoint au maire et comme conseiller municipal, M. Nzué a agi comme conseiller politique du Président de la République gabonaise de 2014 à 2016, selon le site https://observatoirevivreensemble.org/.
Jurisprudence
Malgré ce parcours, le destin politique immédiat de Léandre Nzué n’est pas forcément reluisant. Très peu de soutiens se pressent à son secours. Depuis sa convocation puis sa garde à vue dans les locaux de la Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire (DGCISM), aussi appelée B2, Léandre Nzué est un homme seul. Seul dans le silence. Seul devant son destin.
Le silence officiel sur les chefs d’accusation semble être un message assourdissant. Très peu de personnes savent ce qui lui est reproché même si l’on parle de détournement de fonds publics et de mauvaise gestion. Silence des élus de la capitale.
Léandre Nzué semble plus proche de la prison que de sa résidence encore moins de son cabinet de travail. Les exemples du passé font école.
Brice Laccruche Alihanga, ancien puissant Directeur de cabinet du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba a suivi le même cheminement. Idem pour la trentaine de ses proches aujourd’hui en détention préventive à la prison centrale de Libreville. Parmi eux, Grégory Laccruche Alihanga, conseiller municipal et président du Conseil municipal d’Akanda, au moment de son arrestation. Le cas Grégory Laccruche Alihanga fait jurisprudence.
Une incarcération de Léandre Nzue après un bref détour, cette semaine, par le Tribunal de Libreville ne sera plus une grande première judiciaire au Gabon.
« Quoi qu’il en soit, l’interpellation du maire de Libreville, par ailleurs président jusqu’en 2021 de l’Association des cités et gouvernements locaux unis d’Afrique, qui intervient dix mois après celle d’une trentaine de hauts responsables publics dans le cadre de l’enquête anti-corruption Scorpion qui a notamment coûté son poste à l’ex-directeur de cabinet, Brice Laccruche Alihanga, est le signe qu’au Gabon, quel que soit son poste ou son statut, il n’y a plus d’impunité pour celles et ceux qui se livrent à des détournements de fonds publics », a écrit le site d’informations La Libreville.com
Les prochaines heures s’annoncent cruciales pour le « sphinx » de Nkembo, son fief politique.
Camille Boussoughou