Marché du PK12 à Libreville © Gabonactu.com
Les pharmacies font le plein des clients tous les jours. L’automédication est devenue la règle. Les gabonais ne se pressent plus d’aller à l’hôpital depuis le déclenchement de la pandémie du Covid-19. Tous craignent d’être testés positifs et d’être « injustement » placés en isolement dans une chambre d’hôpital, soutiennent ils.
« La fièvre est le premier signe du paludisme. C’est aussi l’un des signes du coronavirus. Si je vais à l’hôpital, ils vont dire que j’ai le corona. Donc, je préfère aller acheter mes médicaments à la pharmacie et les boire tranquillement à la maison », déclare un piéton interrogé au centre-ville de Libreville.
« Le Coartem et le doliprane c’est le traitement efficace contre le paludisme. Pourquoi aller faire la queue à l’hôpital tant qu’il n’y a pas de complications », renchéri une dame à la sortie d’une banque.
« J’ai la toux. Je n’irai pas à l’hôpital sinon je serai confondu à un malade du corona », soutient une vendeuse au PK12.
Le Covid-19 a ravi la vedette au paludisme
Au Gabon, le paludisme est une maladie endémique. C’est la première source de consultation et d’hospitalisation. 7% des décès sont liés au paludisme. 15% des enfants de moins de 5 ans meurent de paludisme, selon le Programme national de lutte contre le paludisme dirigé par le Dr Abdou Razack Safiou.
Ce samedi 25 avril, la communauté internationale célèbre la journée mondiale contre le paludisme. Le Gabon a choisi le thème : « Zéro palu je m’engage ! »
Aucune manifestation n’aura malheureusement lieu pour cause de confinement.
Le Abdou Razack constate avec regret que le Covid-19 a monopolisé tous les moyens et toute la logistique du système sanitaire au Gabon. 2 CHU sur 4 à Libreville ont été réquisitionné pour le Coronavirus. Une bonne partie du personnel médical également.
La très forte médiatisation du Covid-19 dont certains symptômes sont proches du paludisme fait peur à la population qui se tourne dorénavant vers la médecine traditionnelle ou l’automédication.
« Ils faut que les malades retournent à l’hôpital pour un meilleur suivi afin que tous les cas de paludisme ne nécessitent pas une assistance respiratoire à cause des complications », urge le docteur Adbou Razack dans un entretien avec Gabonactu.com
« Nous avons déjà accompli un excellent travail dans la lutte contre le paludisme. Nos efforts ne doivent pas être sapés par cette nouvelle maladie », s’inquiète-t-il.
Au Gabon le paludisme est la première cause de morbidité, d’hospitalisation et d’absentéisme à l’école ou au travail.
Betines Makosso