Albert Bikalou, avocat d’Aurèlie Ntoutoume, Secrétaire générale du ministère des Transports, de l’Equipement, des Infrastructures et de l’Habitat interpellée le 12 janvier dernier et toujours gardée à vue au B2, a décidé de briser le silence. Bans une libre tribune, l’avocat est étonné par le tapage médiatique contre son client à qui la présomption d’innocence est quasiment ignorée pour des accusations de détournement présumé de fonds publics alors qu’à l’époque des faits, Mme Ntoutoume n’était pas fonctionnaire.
Voici l’intégralité du texte de Me Bikalou :
Depuis quelques temps, une certaine presse fustige, accuse et condamne madame Aurélie Ntoutoume sur la base d’éléments très contestés au mépris de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 consacrée par la constitution gabonaise qui dispose que : » toute personne suspectée ou poursuivie est présumée innocente tant que sa culpabilité n’est pas établie « .
Il ne s’agit donc pas des faits placés sous la houlette de l’opération « scorpion » qui concerne les détournements des deniers publics qui seraient commis pendant la période de convalescence du Chef de l’État.
Dans ces accusations mediatico- partisanes, il est parfois question d’impôts, de TVA, de détournement de deniers publics etc. Cet amalgame, volontairement entretenu avec perfidie est une honte pour les gabonais. Ce qui est vrai c’est que les faits reprochés à Aurélie Ntoutoume sont très anciens et datent de 2009 – 2010, époque durant laquelle, elle était gérante d’une société privée et travaillait pour son compte personnel.
S’il est juste et légitime que la justice gabonaise lutte contre la délinquance financière et économique, l’exploitation pernicieuse de cette lutte à des fins de règlement de comptes ou dans le seul but de porter atteinte à l’honneur est absolument indigne, inacceptable et mérite réprobation. Là, il convient de rester extrêmement attentif.
Il faut se méfier de l’écho médiatique des accusations orchestrées par des personnes invisibles, tapis dans l’ombre. Il faut s’en méfier parce que le jour où nous dérivons de notre cap et nous nous éloignons de l’Etat de droit où la justice est instrumentalisée à des fins inavoués, nous basculons dans le manque de confiance et dans l’insécurité de notre justice.
Dans ce dossier où des noms apparaissent de façon éparse, la présomption d’innocence et le contradictoire ne doivent pas être relégués au rang d’accessoire.
L’œuvre de la justice doit seulement essayer d’éviter que ces accusations ne soient pas prononcées trop vite ou avec trop de légèreté.
A ce stade de la procédure, la détention provisoire n’est possible que si elle constitue l’unique moyen de conserver les preuves ou les indices matériels ou d’empêcher soit une pression sur les témoins, soit une concertation frauduleuse avec les complices, ou lorsqu’elle est l’unique moyen de garantir le maintien à la disposition de la justice, ou de mettre fin à un trouble exceptionnel à l’ordre public. Tel ne semble pas être le cas au vu des éléments objectifs de ces accusations.
C’est pourquoi, nous faisons confiance à la justice de notre pays pour distinguer le bon grain de l’ivraie pour que la vérité fasse rougir le diable, pour ne pas juger avant d’avoir entendu toutes les parties.
La justice rend la justice et non pas des services. C’est la justice que nous exigeons pour notre cliente et non un service. Pour l’heure, nous attendons la communication du dossier qui ne nous est toujours pas parvenu alors que notre client totalise ce lundi 8 jours de garde à vue dans un service militaire.
Albert Bikalou, avocat d’Aurelie Ntoutoume