La une du journal retiré des kiosques sur une décision de la HAC © Gabonactu.com
La Haute autorité de la communication (HAC) a inauguré vendredi une nouvelle arme de répression jusqu’à ce jour non encore expérimentée au Gabon contre la presse écrite.
Dans un communiqué publié vendredi, la HAC a décidé de retirer de tous les kiosques à journaux et de tous les centres agréés le N° 192 du journal Moutouki paru jeudi dernier.
L’hebdomadaire écope de cette punition pour avoir écrit un portrait de Noureddin Bongo Valentin, fils de l’actuel chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba promu le 5 décembre dernier aux fonctions de Coordonnateur général des affaires présidentielles.
Le portrait a été publié sous le titre « Noureddin Bongo Valentin : petit prince Consort ».
La HAC estime qu’il s’agit d’un article au « contenu mensonger ». Il regorge « des propos et insinuations malveillantes, suspicieuses et tendancieuses faisant l’acharnement, la calomnie et l’injure portant ainsi atteinte à l’honneur et à la dignité de Noureddin Bongo Valentin voire de toute la famille présidentielle », soutient la HAC.
Cette forme de punition semble être une grande première au Gabon. Depuis son entrée en fonction en 2018, l’organe de régulation de la communication au Gabon inflige généralement des punitions allant de l’interdiction d’exercer le journalisme à l’interdiction de paraître pour une durée allant de 1 mois à 6 mois.
La HAC n’a jamais ordonné le retrait d’un journal dans les kiosques. Dans le passé, ce sont généralement les personnes lésées qui rachetaient clandestinement tous les exemplaires du journal incriminé.
La HAC justifie son action contre Moutouki en application des articles 36 et 55 de l’ordonnance du 23 février 2018 lui autorisant de s’autosaisir en cas de besoin et d’urgence.
Le numéro du journal saisi est actuellement ventilé dans les réseaux sociaux en version PDF par les lecteurs qui l’ont obtenu avant son interdiction.
Lors du dialogue politique intensif avec le Gabon en décembre dernier, l’Union européenne s’est inquiétée de la régulation répressive de la presse au Gabon.
Carl Nsitou