Libreville, 21 juin (Gabonactu.com) – Le magistrat sénégalais, Mamady Ba, fonctionnaire au bureau du Procureur de la CPI (Cour pénale internationale), chargé de la coopération internationale, a déclaré mercredi à Libreville au terme d’une rencontre avec quatre membres du gouvernement gabonais que la mission de la CPI arrivée mardi soir à Libreville pour une enquête préliminaire n’est pas venue pour pointer des responsabilités sur les présumés crimes commis dans le pays dans le cadre des violences post-électorales intervenues après l’annonce de la réélection du président Ali Bongo Ondimba le 31 août 2016
« Il ne s’agit pas d’une enquête. La CPI n’a pas ouvert une enquête », a insisté M. Ba au sortir d’un huis clos collectif avec quatre ministres influents du gouvernement d’Ali Bongo Ondimba.
Les envoyés spéciaux de Fatou Bensouda à Libreville ont notamment rencontré au ministère de la Communication le ministre de la Communication, porte parole du gouvernement, Alain Claude Bilie By Nze, le ministre de la Défense nationale, Etienne Massard Mackaga Kabinda, le ministre de l’Intérieur Noël Lambert Matha et le ministre de la Justice Alexis Boutamba Mbina.
« Madame le procureur a envoyé ces spécialistes de l’analyse pour voir chaque détail qui nous été envoyé », a expliqué le magistrat sénégalais dans une interview au terme de l’audience.
La mission se fondera sur la base de plusieurs interrogations. « La source est-elle une source fiable, l’information qui m’a été communiquée est-ce une information réelle ? Les crimes dont on parle étaient-ils vraiment commis, qui les a commis dans quelle circonstance ? » a esquissé M. Ba précisant que la mission mènera son travail « dans une démarche indépendante et impartiale ».
La mission durera 2 jours. Mais l’arrivée des experts au Gabon a été devancée au préalable « par une étude méthodique, par des analyses professionnelles de tout document reçu. Et nous avons reçu beaucoup des documents des deux côtés et d’ailleurs », a souligné M. Ba.
« On vient pour recouper ce que nous avons déjà su théoriquement par personne interposée. On n’est pas venu ici pour pointer des responsabilités par contre on est venu également dans le cadre préventif pour que les gabonaises et les gabonais continuent à se parler », a-t-il conclu avant d’insister que les experts présents au Gabon ne sont pas des juges électoraux.
Le ministre de la Justice, Alexis Boutamba Mbina a pour sa part rappelé que la CPI est arrivée au Gabon sur une saisine du gouvernement gabonais.
« Le Gabon est un Etat parti de la CPI par le traité de Rome. Nous avons saisi la CPI en prévention parce que vous avez entendu les discours haineux (…) les paroles que nos amis et frères de l’opposition ont tenu avant, pendant et après les élections », a-t-il indiqué.
Le ministre Boutamba Mbina a précisé que « nous avons envoyé des pièces à la CPI. La saisine était accompagnée des documents. Donc ici on a fait qu’approuver ce qu’on a déjà donné ».
La délégation de la CPI se rencontrera cet après midi le chef de l’opposition Jean Ping à 15 heures locale et la société civile à 16 heures.
Le pouvoir et l’opposition ainsi que la société civile ont tous fait appel à la CPI pour faire la lumière sur les violences qui se sont passées au Gabon après la réélection contestée d’Ali Bongo Ondimba en fin août 2016.
Tous les faits et gestes de la mission sont scrutés par les gabonais.
Martin Safou