Affaire Orabank : le gouvernement tape fort sur la police

 
Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Le gouvernement a décidé vendredi de suspendre de leurs fonctions le Directeur de la Sécurité publique de la Préfecture de police de Libreville, le commandant de compagnie et le Chef des opérations suite aux violences perpétrés par des policiers lors d’une descente musclée dans une agence de la banque Orabank pour exécuter une décision de justice, a annoncé vendredi à Libreville le ministre de la Communication, Alain Claude Bilie By Nze.
 
Tous les policiers ayant effectué cette opération doivent être mis aux arrêts, selon la même décision.
 
La police est donc la première victime du conflit qui oppose Orabank à son client SOGAD BTP. L’opérateur économique poursuit sa banque en justice pour préjudice subi dans un montage financier qui lui aurait fait perdre beaucoup d’argent.
 
En première instance, le Tribunal judiciaire de Libreville a condamné Orabank à verser 7 milliards de FCFA à SOGAD BTP pour dommages et intérêts. La banque s’est pourvue en cassation.
Orabank affirme avoir refusé d’accorder le prêt sollicité par SOGAD BTP dans l’esprit de la règlementation prudentielle communautaire pour refuser la demande de financement, conformément à ses procédures internes et suivant la libre appréciation de ses organes de gouvernance.
 
SOGAD BTP pour sa part explique qu’elle a requis les services d’un huissier de justice pour opérer des saisis auprès de la banque le 3 et 14 mars dernier suite au non application d’un accord de règlement amiable conclu avec la banque. La société accuse la banque de mauvaise foi. C’est à ce titre qu’elle a décidé de faire appliquer la décision de justice.
 
Orabank a dans un communiqué a exprimé « sa profonde indignation face aux multiples violences exercées sur ses collaborateurs et aux désagréments infligés à ses clients ».

Une vue du siège d’Orabank lors de l’opération du 14 mars 2017 @ DR

Le gouvernement s’est pour sa part saisi du dossier. Dans un communiqué, le ministère de la justice a insisté sur la gravité des faits. « Ces actes tombent sur le coup des dispositions de l’article 139 du Code Pénal ». A cause de ces faits, le ministère a décidé d’ouvrir une enquête et estime que  l’huissier concerné est coupable d’une « faute disciplinaire au sens des articles 16 et 17 de la loi n°11/70 du 17 décembre 1970 portant statut des Huissiers de justice».
 
Pour sa part, le ministère de l’Intérieur a estimé que « l’exécution de cette réquisition de la force publique a fait apparaître des irrégularités notamment l’interpellation du responsable d’une agence Orabank, toutes choses inacceptables dans un Etat de droit ».
 
« Condamnant ce type d’acte, une enquête vient d’être ordonnée afin de faire toute la lumière sur ces événements. Dans l’attente des conclusions de l’enquête, des mesures conservatoires ont été prises à l’encontre du Directeur de la Sécurité Publique et de l’ensemble des éléments ayant participé à cette opération », précise le communiqué du ministère de l’Intérieur.
 
On rappelle qu’Orabank est une filiale d’Oragroup présent dans 12 pays de l’Afrique de l’Ouest et Centrale (Bénin, Burkina, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée Conakry, Guinée Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad, Togo) et dans quatre zones monétaires (UEMOA, CEMAC, Guinée Conakry, Mauritanie).
 
Au Gabon, Orabank compte une centaine de collaborateurs, 6 agences et plus de 9 000 clients (particuliers, entreprises et puissance publique). Elle table sur l’ouverture de deux nouvelles agences.

Martin Safou

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