Le conseil de l’ordre des avocats du Gabon a finalement réussi à rendre un émouvant hommage à son membre, Fabien Méré malgré l’opposition des autorités.
La mémorable cérémonie d’adieu à celui que ses confrères ont qualifié « d’avocat émérite » a eu lieu au siège de la « Maison de l’Avocat » en lieu et place du palais de justice. Le ministère de l’Intérieur a refusé que la dépouille de Fabien Méré soit exposée dans la salle des pas perdus du palais de justice de Libreville où se tiennent habituellement ce genre de cérémonies.
Le Procureur général a également dit « Niet » à la demande du barreau.
Le cortège funéraire parti de Casepga à Oloumi dans le 5ème arrondissement de Libreville a même été bloqué sur le chemin par la police, a affirmé le média en ligne Gabon Média Time.
Finalement, le cortège a poursuivi son chemin jusqu’à la maison de l’avocat derrière le palais de justice.
Le Secrétaire général du ministère de la Justice, François Mangari a représenté le ministère de tutelle durant cette cérémonie où quasiment aucune référence sur le dernier engagement politique de Fabien Méré n’a été évoqué.
François Mangari a déposé une gerbe de fleures et signé sur le livre d’or ouvert à cet effet.
La cérémonie qui s’est déroulée dans une rigueur et un ordre quasi millimétré s’est achevée par la remise de la Robe noire de Fabien Méré à son fils.
Me Lubin Ntoutoume, le bâtonnier des avocats du Gabon a souhaité fortement que la fille de Fabien Méré qui suit une formation en droit puisse porter un jour dans une audience la robe de son père.
Le conseil de l’ordre a tout de même souhaité que cette robe lui soit donné afin qu’elle soit rangée dans le musée des avocats brillants du Gabon.
Me Fabien Méré est décédé en France le 27 janvier dernier à l’âge de 62 ans. Ancien ministre sous Omar Bongo, ce brillant avocat formé par Pierre Louis Agondjo Okawé, premier avocat gabonais, était la figure de proue en France de la contestation du régime de l’actuel chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba. Il avait pris le chemin de l’exil en 2016 et s’est établie en France où il contestait en compagnie d’autres gabonais la réélection en 2016 du président Ali Bongo. Ses diatribes contre le système en place au Gabon étaient sans concession décrivant une dictature absolue.
A l’arrivée comme au départ de sa dépouille de la Maison de l’avocat, Fabien Méré a été longuement ovationné par ses collègues, tristes mais heureux enfin de lui rendre ce vibrant hommage.
Carl Nsitou