Aurèlie Ntoutoume, Secrétaire générale du ministère des Transports, de l’Equipement, des Infrastructures et de l’Habitat interpellée le 12 janvier dernier, gardée à vue au B2 durant 9 jours, a finalement été placé sous mandat de dépôt ce mardi à la prison centrale de Libreville pour un marché de 200 millions de FCFA obtenu il y a 10 ans mais pas intégralement exécuté, selon le ministère public.
« Je l’ai accompagné à la prison centrale de Libreville en présence des éléments du B2. Il était entre 17 et 17 h 30 », a confié à Gabonactu.com son avocat Albert Bikalou.
« On lui a fait passer comme une véritable prédatrice des deniers publics. Nous avons lu dans la presse qu’elle a détourné jusqu’à 8 milliards de FCFA. Cela nous a étonné », s’est indigné l’avocat.
Selon Me Bikalou sa cliente a obtenu un marché à Lastourville de 200 millions de FCFA. L’enveloppe devait permettre de réaliser des plateaux sportifs dans le lycée public de cette ville.
Aurélie Ntoutoume a affirmé s’être rendue dans la ville de Wongo pour exécuter son marché. Alors que le chantier était exécuté à 40%, selon l’avocat, Aurélie Ntoutoume est malheureusement rappelée d’urgence à Libreville par le ministère de l’Enseignement supérieur de l’époque. Séraphin Moundounga qui lui avait confié ce marché l’a rappelé à Libreville pour un nouveau marché. Il s’agissait de construire les dos-d ’ânes devant l’UOB suite au décès spectaculaire d’un étudiant fauché par un automobiliste.
Outre les dos d’ânes, Aurélie Ntoutoume s’était vue attribuer le marché de construction de la barrière de l’UOB tombée vers l’ambassade du Liban. Un ordre « verbal » lui avait été donné d’exécuter les travaux avec l’avance obtenue sur le marché de Lastourville.
A la fin des travaux, le responsable du patrimoine de l’UOB de l’époque lui avait délivré un certificat de livraison du marché.
Les enquêteurs se sont rendus compte que ce certificat est un faux car il a été établi sur la base d’un marché qui n’a rien à voir avec le marché initial.
La troisième et dernière accusation consignée dans le dossier d’Aurélie Ntoutoume, est le détournement d’un bien public. Selon Me Bikalou, le bien en question est une voiture 607 de fonction ayant appartenu à l’ancien ministre Séraphin Moundounga . Ce dernier aurait abandonné son véhicule dans la concession de Mme Ntoutoume qui l’a déposé à son tour dans un garage. Le véhicule amorti ne lui aurait jamais servi, plaide l’avocat.
« Toutes ces accusations n’ont rien à voir avec toute la littérature déversée dans la presse ces derniers jours. Ma cliente a d’abord été accusé d’avoir détourné 8 milliards de FCFA, ensuite cette somme a été ramené à 4,5 milliards et aujourd’hui finalement 200 millions de FCFA », constate Me Bikalou qui estime que rien ne justifie aujourd’hui la détention préventive de sa cliente.
« Rien ne justifie qu’elle soit placée sous-main de justice. Finalement ce n’est pas elle qu’on recherche. Apparemment c’est celui qui lui a donné le marché que l’on cherche », suppose l’avocat. Aurélie Ntoutoume aurait obtenu tous ces marchés à l’époque où Séraphin Moundounga était l’un des hommes forts du premier septennat du président Ali Bongo Ondimba. Ancien Vice-Premier ministre, Séraphin Moundounga qui a cumulé plusieurs hautes fonctions sous Ali Bongo a basculé dans l’opposition à l’issue de l’élection présidentielle de 2016 après avoir contesté la victoire de son ancien « patron ». Il vit en exil à Bruxelles où il est devenu l’un des pourfendeurs du pouvoir en place à Libreville.
Aurélie Ntoutoume est mère de 4 enfants. Son dernier fils est âgé de 5 ans. « Elle passera ce soir sa première nuit à la prison de Libreville le cœur serein et surtout soulagée d’être sortie d’un mauvais film dont la production s’est servie d’elle pour atteindre des objectifs qui ne la concerne pas en réalité », a soupiré Me Bikalou.
Daniel Etienne