quelques experts sur un site en production de pépinière pour les palmiers à huile d’Olam à Mandji @ Image d’archives Gabonactu.com
Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Les populations du village Bemboudié, dans le département de Ndolou à Mandji, province de la Ngounié (sud), accusent le groupe singapourien agro-industriel Olam Palme Gabon d’exploiter abusivement leurs terres en violant les clauses contenues dans le contrat social liant l’entreprise avec les localités impactées par les plantations des palmiers à huile, aménagées, la deforestation débalourderait les limites consignées.
Les populations ont manifesté leur mécontentement au début du mois de février avec plusieurs correspondances adressées à l’ensemble des autorités administratives du département de Ndolou puis au Gouverneur de la province de la Ngounié ainsi qu’à la Direction d’Olam à Mouila
Pour faire face à l’administration et à Olam, un collectif a été mis en place au lendemain de l’alerte donné en fin janvier par quelques fils du village annonçant la présence des engins et la déforestation d’une partie de leur forêt par Olam.
Installé à la tête dudit collectif, Alban Guibouanga Tsambi soutenu par les auxiliaires de commandement du village avec à leur tête le chef de regroupement, Célestin Dibambou a entrepris d’interpeler à travers les différentes correspondances toutes les parties prenantes pour une solution à l’amiable peut-on lire dans les correspondances.
Dans ces correspondances, le collectif reproche à Olam d’avoir « franchi la ligne rouge », c’est-à-dire traversé la rivière Dissouva, considérée comme la limite naturelle établit de commun accord lors des études d’impact environnementales et sociales.
Selon les membres du collectif, dans un constat qu’ils qualifient d’amer, ce sont onze anciens villages qui ont été rasé, des cimetières introuvables et détruits ainsi que de nombreux dégâts environnementaux notamment, les arbres fruitiers dévastés, les étangs fermés et l’abattage de plusieurs essences de bois enfoui et d’autres qui auraient été vendus par Olam sans que les populations n’en tirent profit.
Pour le collectif, Olam fait preuve de mépris à leur égard en exploitant sans leur accord leurs terres. Les fils de Bemboudiés font part de leur indignation devant cette volonté de nuire manifestée par Olam qui aurait décidé de faire disparaitre toute l’histoire de leurs ancêtres.
Tout en gardant leur sérénité, le collectif souhaite qu’un compromis soit trouvé et surtout que réparation soit faite par Olam avant d’être obligé de passer à d’autres mesures conclu le Président du collectif, principal signataire de la lettre adressée à la Direction d’Olam à Mouila.
Pour les responsables d’Olam à travers sa direction environnementale, l’attitude des populations de Bemboudié est d’autant surprenante qu’une étude d’impact complète a bien été réalisée avec la collaboration de toutes les populations sur la base du Consentement Libre Informé et Préalable (CLIP). Une cartographie participative avait été également faite avec des équipes d’Olam et des consultants indépendants a-t-on appris du Directeur environnement d’Olam, Quentin Meunier.
Cependant, le responsable d’Olam dit n’avoir pas trouvé d’anciens villages dans la zone indiquée par le collectif. Toutefois, si cela avait été le cas, a-t-il ajouté, « on aurait de facto mis cela en conservation même dans une zone de plantation validée ».
Selon Meunier, la zone revendiquée, qui fait partie du finage de Bougounga (village voisin de Bemboudié), favorable au projet était massivement exploitée, illégalement, avant l’arrivée d’Olam dans cette zone. Pour lui, « La destruction/disparition d’anciens villages aurait pu avoir lieu à cette époque, compte-tenu des nombreux parcs à bois trouvés et les très nombreuses routes de débardage dans la zone ».
Le bois observé dans les deux camions d’Olam et dont les photos et vidéos ont été publiés sur les réseaux sociaux par les membres du collectif, sont des madriers à destinations des plantations, utilisés pour faire des ponts piétons et favoriser l’évacuation des régimes conformément à la convention bois signé avec le gouvernement, a précisé Quentin Meunier qui s’est dit prêt à dialoguer avec les ressortissants de Bemboudié. Cela pour mieux comprendre leur problème et trouver des solutions, dit-on.
En parlant de solution, le Directeur provincial des Eaux et Forêts de la Ngounié, Thomas Mvou Biyogo s’est rendu récemment à la demande du Gouverneur à Bemboudié pour un échange avec les populations. Malheureusement cette nouvelle rencontre au cours de laquelle Olam a continué de manifester sa volonté de trouver une solution à l’amiable s’est soldée par une fin de non recevoir de la part des membres du collectif qui exigent un « mea culpa » de la part d’Olam avant le début de toute négociation.
Devant cette attitude qui exaspère toutes les autres parties, la question est maintenant de savoir que veulent exactement les populations de Bemboudié et particulièrement les membres du collectif qui semblent avoir des objectifs inavoués. Surtout que le Président de ce collectif, Alban Guibouanga Tsambi refuse catégoriquement la médiation proposée par les responsables de l’ONG locale Muyissi Environnement, contactés il y a deux semaines par les populations dudit village lors de l’une de leur campagne de sensibilisation à Bemboudié sur l’exploitation forestière illégale.
Soulignons que la partie de forêt revendiquée par les habitants de Bemboudié fait partie intégrante du permis d’Olam dans le cadre de ce qui constitue le lot 2 de Mandji concernant le projet des plantations de palmiers à huile. Pour le patron des Eaux et Forêts dans la Ngounié, le « collectif a tout intérêt à négocier clairement avec Olam au risque de tout perdre ».
Las Desi